Plus de trois cents œuvres d’art, photographies, objets, gravures, dessins, textes inédits, vidéos… sont réunis au Mucem pour illustrer l’histoire de la consommation de Café in dans le monde. Et une kyrielle d’événements programmés dans la ville pendant toute la durée de l’exposition.
Jean-Michel Djian, commissaire de cette nouvelle exposition du Mucem – Café in – aime à révéler les similitudes entre l’homme et la plante. Tous deux ont leurs origines en Éthiopie, tous deux ont besoin de neuf mois pour se reproduire. Pour le Mucem, il a cherché alors à restituer cette « histoire sous la forme d’un récit avec, pour continuum, les grandes figures addict au café, comme Balzac qui en consommait jusqu’à cinquante par jour et servit alors de figure publicitaire ». Et voici le visiteur embarqué avec cette « cerise » ou petit grain pour traverser les mers et les terres au fil des salles de l’exposition. Douze loges suggèrent sinueusement les douze cités de ce périple : Aden, Le Caire, La Mecque, Constantinople, Venise, Marseille, Vienne, Paris, Londres, Sao Paulo, New-York et La Havane. À chacune de ces étapes, divers documents éclairent cette histoire d’amour, peu connue mais qui dure depuis tant de siècles, entre l’homme et le café. Ici, la cafetière de campagne de Napoléon Bonaparte, là, des petites tasses sans anses du Yémen. Ici, le portrait du capitaine Gabriel de Clieu, dont la légende rapporte qu’il partagea sa ration d’eau, lors d’une périlleuse traversée entre Saint-Malo et La Martinique, pour sauver l’unique plant destiné à être cultivé pour la première fois aux Antilles, là, les pétitions de 1674 des Dames anglaises contre la présence des hommes aux cafés… Des clins d’œil qu’on aurait souhaités un peu plus fournis.
Puis, passés une extraordinaire cafédrale, réalisée avec deux cent cinquante cafetières italiennes en métal, récupérées dans les poubelles de La Havane par l’artiste cubain Roberto Fabelo, les visiteurs découvrent une collection de plants de la fondation Malongo : un herbier superbement exposé entre des verres de plexiglas grand format auquel répondent des photographies de plantation de Reza ou de Sebastião Salgado et quelques torréfacteurs en tôle du début du XXe siècle. Les plus curieux chercheront à sentir la fleur de caféier, proche du jasmin, qui se fane en quelques heures et restituée olfactivement par la société allaudienne Technicoflor.
Mais le café, c’est aujourd’hui un marché dérivé sur lequel on spécule, à Londres pour l’Arabica, à New York pour le Robusta. Les bourses s’affichent en direct, dans une ellipse qui plonge les visiteurs dans le noir, et les chiffres défilent comptabilisant les quelque 2,6 milliards de tasses bues quotidiennement dans le monde. Et c’est la Finlande qui détient la pool position !
Puis, en dernière partie de l’exposition, est reconstitué le célèbre café L’Ami Butte du Paris ds années 1910-1930, à partir de quelques pièces de mobilier désormais classé objet de patrimoine conservé par le Mucem. Le café comme lieu de convivialité, de rencontres amoureuses, investi par les artistes contemporains Sophie Calle, Richard Baquié … jusqu’aux dessins réalisés en exclusivité pour le Mucem par Geluck.
Alors, après tant d’évocations, il ne restera plus qu’à aller en déguster un parmi des crus exceptionnels au Comptoir des raretés, créé pour l’occasion au Mucem, ou dans l’un des douze cafés partenaires repérables par les vitrophanies photographiques Garçon(s) ! de Margot Lançon.
Pendant toute la durée de l’exposition Café in, le public est invité à découvrir une large programmation dans Marseille. À titre d’exemple, l’université populaire du café, première du genre, donnera rendez-vous chaque semaine, jusqu’à la fin de l’exposition, au public pour une série de conférences dont la première aura pour thème « L‘épopée des cafés littéraires du XIXe siècle à nos jours » par Gérard-Georges Lemaire, suivie de « L’origine des cafés philosophiques » par le philosophe Marc Rosmini, avec des lectures par la romancière Zoé Valdés, qui a travaillé dans sa jeunesse dans les plantations de cafés cubaines, et le comédien Jacques Bonnaffé.
Amusante, la renaissance de la course des garçons de café, ouverte également aux filles, renouant ainsi avec une tradition des années 60, sur la Canebière. Ce samedi 29 octobre, les concurrents devront parcourir un aller-retour de 3,5 km, entre le Mucem et l’ombrière du Vieux-Port, sans courir (!) et sans renverser le contenu de leur plateau. Au programme également, masterclass aux Grandes Tables avec le chef étoilé Pierre Gagnaire avec la participation de Philipe Geluck et Jean-Pierre Darroussin, Café des minots pour que les 4-12 ans vivent une expérience comme les grands… il y en aura pour tous les goûts. A suivre sur Go Met’.
Exposition jusqu’au 23 janvier 2017
Tous les jours sauf le mardi – de 11h à 19h (octobre) puis jusqu’à 18h
Tarif plein 9,5 € / tarif réduit 5 € / gratuit pour les moins de 18 ans
Temps forts du week-end d’inauguration
> Lancement de l’université populaire du café
Vendredi 28 octobre à 18h30 – Auditorium du Mucem – Entrée libre
> Course des garçons de cafés
Samedi 29 octobre à 15h – Départ de l’esplanade du Mucem – Gratuit
> Visite portes ouvertes de l’exposition
Samedi 29 octobre de 17h à 22h – Entrée libre
> Cinéma Garçon ! de Claude Sautet suivi de Coffee and cigarettes de Jim Jarmush
Samedi 29 octobre à 20h à 22h – Auditorium du Mucem – Tarifs : 4 et 6 €
> Café Show : lecture, masterclass, débat
Dimanche 30 octobre de 16h à 19h – Grandes Tables, Friche Belle de Mai – Entrée libre
> Café des Minots
Jusqu’au mercredi 2 novembre – Forum du Mucem – Tarif : 4 €
> Informations complémentaires
T. 04.84.35.13.13