Face aux géants comme Medtronic, Stryker ou encore Zimmer, Euros fait figure de toute petite entreprise familiale mais elle ne manque pas d’ambitions pour autant. Sur le marché hyper concurrentiel des implants chirurgicaux, la PME de La Ciotat a vu son chiffre d’affaires augmenter de 20% entre 2015 et 2016 pour atteindre les 10 millions d’euros. Une goutte d’eau à comparer aux milliards de dollars des multinationales concurrentes mais grâce à son positionnement multiproduits et ses innovations, Euros compte bien gagner de nouvelles parts de marchés à l’étranger.
Le Japon et le Brésil cette année, les Etats-Unis dans cinq ans
Actuellement, l’entreprise réalise la moitié de son activité à l’international. Elle travaille évidemment en France où elle dispose d’un bon réseau de plus d’une centaine de chirurgiens : « On collabore notamment avec les hôpitaux marseillais, l’hôpital Necker à Paris ou encore Bordeaux », précise Loïc Piclet, le P-dg et fondateur de la société. En Europe, Euros vend ses prothèses en Italie et en Espagne et elle profite de son implantation méditerranéenne pour séduire les pays du Maghreb. Son terrain de jeu va plus loin encore avec le Moyen-Orient, la Bielorussie et surtout l’Asie. La Chine représente plus de 10% de son chiffre. L’entreprise a également trouvé un distributeur pour attaquer le Japon « qui devrait nous apporter une très bonne nouvelle d’ici la fin de l’année », glisse le dirigeant refusant d’en dire plus. Euros dispose d’une filiale en Australie, un marché très réglementé pour les dispositifs médicaux mais c’est vers l’Amérique que se porte désormais son regard. Très prochainement, Euros va tenter sa chance sur le marché brésilien : « Il peut apporter un million d’euros dès le démarrage et avec ses deux cents millions d’habitants, le potentiel est gigantesque », affirme Loïc Piclet. Enfin, il lui restera les États-Unis. Le marché américain est très bien couvert par ses concurrents et Euros devra se différencier techniquement pour espérer grignoter des parts de marché. Le groupe se donne cinq ans pour préparer son offensive et il réfléchit déjà à une potentielle levée de fonds pour se donner les moyens d’y parvenir. « D’ici là, il faudra déjà qu’on ait multiplié notre activité par deux afin d’atteindre une taille suffisante », prévient le patron.
L’innovation comme arme de conquête
Contrairement à la plupart de ces concurrents, Euros n’a pas voulu se positionner sur un seul type d’implant chirurgical. L’entreprise propose des prothèses de hanche, de genou, d’épaule ou encore du rachis (colonne vertébrale). Elle dispose de plus de 1 200 références produits et vend également aux chirurgiens plus de 10 000 instruments différents pour les accompagner lors de l’opération. « Cela implique une gestion des stocks particulièrement complexe avec près de 4 millions d’euros de produits finis stockés en permanence afin de pouvoir répondre très rapidement à la demande du client », explique Loïc Piclet. Euros fabrique elle-même la quasi-totalité de ses produits dans son usine de La Ciotat et 98 % de ses fournisseurs sont français. Ce savoir-faire industriel allié à une forte politique de recherche et développement lui permet de couvrir l’ensemble de la conception des implants. La société investit chaque année 10 % de son chiffre d’affaires dans la R&D et publie de nombreuses études cliniques chaque année. Elle travaille actuellement sur un gros projet avec le service d’orthopédie et traumatologie de l’hôpital Necker. Il s’agit d’inventer une technique et un dispositif permettant d’installer une prothèse du rachis sans fusion des vertèbres : « Cela donnerait la possibilité aux enfants, notamment atteints de myopathie, d’être appareillés sans bloquer leur croissance », explique Loïc Piclet. Euros devrait publier de nouveaux résultats d’ici le début de l’année prochaine. Cette avancée technique lui donne un véritable avantage concurrentiel : « Les grosses multinationales ont arrêté d’innover. Elles laissent faire les petits et les rachètent. Nous avons des propositions tous les mois mais ce n’est pas dans ma philosophie de céder mon entreprise pour faire du cash », insiste le patron.
Euros cherche désespérément un nouveau terrain pour grandir
Fondée à Marseille il y a 28 ans, Euros s’est rapidement installée sur la zone Athélia de La Ciotat. Aujourd’hui, elle accueille 70 salariés dans ses locaux de 1 500 mètres carrés et se trouve un peu à l’étroit. Ses ateliers et ses stocks sont notamment très contraints par le manque d’espace. Sur un terrain voisin du sien, elle a acheté un bâtiment de taille équivalente à ses locaux existants mais ne peut malheureusement pas l’aménager car elle n’a pas le nombre de place de parkings requis. Une barrière réglementaire qui bloque l’expansion de l’entreprise. De toute façon, Euros semble plutôt lorgner sur un terrain plus conséquent de 12 000 à 14 000 mètres carrés sur la zone Athelia V en cours de réalisation. Mais ici aussi, il y a un os. Un grand groupe a réservé cette parcelle depuis plusieurs années. Euros espère avoir une réponse favorable de la Métropole, aménageur du site, très rapidement car elle en a un besoin urgent pour son expansion.