L’après-midi s’était pourtant bien déroulée, dans la bonne humeur et dans l’excitation des veilles de grands événements. On entendait à Marseille parler anglais ou russe plus qu’à l’accoutumée. La Fan zone était inaugurée le matin, et la “fan walk” brillait avec force oriflammes et pochoirs “Vivez Marseille” déposés tout au long du parcours. Et dans l’après-midi, dans les pubs du centre-ville, il n’y avait plus de doutes. les supporters étaient bien arrivés en masse dans la ville, à la veille de l’ouverture de l’Euro 2016 et 48 heures avant un match sensible entre l’Angleterre et la Russie au stade Vélodrome.
Mais en fin de soirée, aux alentours de 23 heures quatre tirs de grenade lacrymogène sur le quai de Rive Neuve, tout neuf, ont rappelé à tous, et en particulier aux autorités, que malgré les précautions prises, l’ampleur de l’événement va nécessiter des moyens exceptionnels de surveillance et de prévention, en particulier les premiers jours. Quelque 70 000 Anglais sont attendus dans la ville ces prochains jours parmi lesquels 50 000 ont acheté des billets.
Un afflux considérable qu’il va falloir gérer avec beaucoup de précaution. Jeudi soir 9 juin, sur le Vieux-Port, la tension était palpable entre supporteurs anglais et visiteurs russes, mais aussi avec des groupes de jeunes Marseillais motivées par des questions de défense de territoire et de revanche (souvenir de 1998) face à des Anglais très envahissants mais pas forcément agressifs. Voilà le niveau. Au total, plusieurs heures d’interdiction de circulation sur le Vieux-Port côté Rive Neuve ont été nécessaires pour ramener le calme. Quleques blessés sont à déplorer à l’issue de rixes dont l’origine n’était pas toujours établie.
«Ce n’est qu’un début »
Finalement, pas sûr que la fan zone ultra surveillée soit le point sensible du dispositif de sécurité déployé à Marseille. Le centre-ville, spécialement le Vieux-Port, avec son entrelacs de ruelles et de placettes peut devenir rapidement un terrain idéal pour les hooligans et leurs équivalents locaux… On espère déjà ne plus revoir ce que l’on a vu ce soir. Mais sans y croire. Un supporter anglais maitrisant bien le français semblait en effet convaincu… « Ce n’est qu’un début. » tandis que son hôte français acquiescait jugeant pourtant l’intervention des forces de l’ordre démesurée. Mobilisation toute !