Robe fleurie, blaser rouge, talons hauts. Annie Genevard est en mission reconquête. La secrétaire générale de Les Républicains, a décidé d’aller « en personne » dans les plus grosses fédérations de France. C’est par celle des Bouches-du-Rhône, pour laquelle elle « a un certain attachement », qu’elle a débuté « cette opération déploiement à travers les territoires », le 24 mai. « Une fédération qui tient le cap, qui a résisté à beaucoup de choses et qui continue de faire passer nos messages et nos valeurs », se félicite, à ses côtés, Martine Vassal, secrétaire départementale du parti. C’est une nouvelle page qui s’ouvre pour Les Républicains. Après l’échec de la présidentielle, suivi du camouflet aux législatives, la reconstruction du parti ne passera pas uniquement par un travail mené au sommet de l’immeuble la rue de Vaugirard. « Le parti a beaucoup souffert mais je suis convaincue que la reconquête passera par l’écoute et la présence dans les territoires », assure Annie Genevard. Frappée par l’attente des adhérents, militants et sympathisants, de renouer avec le « dynamisme » du mouvement, le parti se sent investi d’une « responsabilité particulière » depuis la victoire d’Emmanuel Macron.
Annie Genevard : « Nous réapprenons le sens du débat »
Au travers des ateliers de la refondation, en septembre dernier, au cours desquels ont été enregistrés 40 000 contributions, puis de l’élection de Laurent Wauquiez, par 100 000 votants, « nous avons démontré que le parti était bien vivant ». Annie Genevard l’avoue, « la tâche est à la fois ingrate et indispensable, et prend du temps ». Avec la centaine de députés, la majorité au Sénat et surtout un ancrage territorial important, le parti résiste, et n’admet pas que le président de la République « prenne pour adversaire unique la France insoumise comme s’il pouvait zapper les Républicains, or nous sommes la première force d’opposition et la première force militante de France ». Une formation qui rassemble différentes sensibilités, (centristes, libéraux, gaullistes…) qui, de l’aveu, d’Annie Genevard, « apprennent à retravailler ensemble, à débattre, à dialoguer. Nous réapprenons le sens du débat. Le débat ne veut pas dire être divisé ».
Pourtant, au sein même de la famille politique LR, les prises de positions de Laurent Wauquiez, sur la castration chimique des violeurs, la rétention administrative des fichiers S ou encore la réforme ferroviaire (pour laquelle 24 députés LR ont préféré s’abstenir) ne font pas l’unanimité. Des positions jugées proches du Front national. Pour la secrétaire générale, c’est une manière de susciter le débat. « Laurent parle haut et fort. Ses formules font mouche, mais ce qu’il dit en réalité est plus nuancé » plaide-t-elle, avant d’ajouter. « La gauche a voulu pendant trop longtemps culpabiliser la droite en lui interdisant certains sujets. Il n’y a pas de raison que nous ne parlions pas des sujets qui préoccupent les Français. Il ne faut pas se laisser enfermer dans ce débat dont on connaît l’issue politique. Je regrette que parfois ces paroles viennent des nôtres ». Jean-Claude Gaudin, pourtant pas dans la philosophie de Wauquiez, se dit fatigué d’entendre « toutes sortes d’observations politiques, d’élus ou autres » sur ce sujet. Ce sont les idées de la droite républicaine, martèle-t-il. Il n’y a pas de près ou de loin, d’approche avec le FN, c’est clair, net et précis ! »
La ligne LR européenne fixée le 30 juin
Le 30 juin, à l’occasion d’un conseil national qui se tiendra à Menton, le parti affirmera d’ailleurs sa position sur l’Europe « loin de l’euro-scepticisme du FN et de l’angélisme européen d’Emmanuel Macron », indique Annie Genevard. Un conseil délocalisé en territoire qui ouvrira officiellement la réflexion sur la question européenne. « Nous ne travaillons pas seul dans notre coin, nous sommes connectés à la droite européenne. Ce sont les Républicains qui tiendront la ligne la plus intéressante, simplement parce que les autres points de vue sont très monolithiques. Les Républicains, eux, sont dans une ligne, qui sera la plus féconde. » L’occasion aussi de mettre en pratique l’ambition de « rassembler », réconcilier et retrouver, si les électeurs le veulent bien, la dimension d’antan.
Lire demain notre second volet :
Les Républicains préparent la « riposte » face au projet de réforme institutionnelle du gouvernement (2/2)