« Faites que votre tableau soit toujours ouvert sur le monde », c’est sur cette citation de Léonard de Vinci que le président d’Aix Marseille Université, Yvon Berland, a ouvert, mardi 2 octobre 2018, son traditionnel discours de rentrée. Une séance exceptionnelle puisque les personnalités -, enseignants et autres invités étaient cette fois réunis au centre des congrès du Pharo. Un déplacement de quelques mètres qui a permis une mise en scène (prestation de l’orchestre symphonique Osamu) et un accueil confortable du public.
Après quelques notes de musique et une citation, Yvon Berland, pour la 7e rentrée de l’université unique du territoire métropolitain (77 000 étudiants, 8000 personnels), a évoqué à la fois le bilan de la dernière année et tracé les perspectives pour les suivantes. Plusieurs axes ont été évoqués (voir l’intégralité du discours plus bas) mais c’est l’ambition internationale et euro-méditerranéenne de l’université provençale qui retient d’abord l’attention.
En présence des présidents des universités « avec qui [nous] partageons (…), le même profond engagement européen » et de Philippe Busquin, Ministre d’Etat Belge et ancien commissaire européen, Amu via son président a déclaré sa flamme à l’Europe. « Je veux placer cette année universitaire pour Amu sous le sceau de l’engagement, de l’avenir et de l’Europe de la connaissance. »
Candidature à la création d’une université européenne
« Si Amu est l’université de son territoire, son territoire c’est aussi l’Europe et son territoire c’est aussi le monde. » Yvon Berland insiste particulièrement « sur la place d’Amu comme université de référence dans le monde méditerranéen et sur son engagement d’université euro-méditerranéenne. Amu a ainsi intégré le projet d’université franco-tunisienne. Et aujourd’hui, avec la perspective de l’appel à projet européen sur les « universités européennes », dont l’initiative est celle d’Emmanuel Macron avec le discours de la Sorbonne il y a un an, Yvon Berland annonce qu’Amu travaille en lien avec l’université d’Athènes, l’université libre de Bruxelles, l’université autonome de Madrid, l’université de Rome La Sapienza, l’université de Tübingen, l’université de Stockholm, à un projet de création d’une université européenne dont un axe majeur sera résolument consacré au thème de la Méditerranée. « Cet appel à projets s’annonce d’ores et déjà très concurrentiel, cependant nous sommes convaincus de proposer un projet pertinent, en adéquation avec les attendus de la commission européenne. »
Le choix de la Méditerranée est forcément lié à la géographique mais aussi aux opportunités de recherche ouvertes par l’actualité. Pêle mêle, M. Berland évoque « un enjeu géostratégique pour l’Europe, au cœur des défis de l’Europe actuelle : migration, croissance urbaine, santé, environnement, réchauffement climatique, énergie… Autant de domaines où la production de connaissances et la formation de la jeunesse apporteront une contribution au développement de cette vaste région dont la crise systémique impacte au-delà des populations et territoires considérées, le continent européen dans son ensemble… » Et de poursuivre justement sur l’Europe alors que 2019 sera marquée par des élections annoncées comme une étape importante : elle « est devenue, non sans mal, un continent de paix et de prospérité, elle est actuellement confrontée à de nombreuses interrogations, à de nombreux défis quant à son avenir, à l’heure où nos partenaires britanniques ont fait le choix de se retirer et où beaucoup de citoyens s’interrogent sur la pertinence de notre modèle dans un cadre mondial globalisé. C’est donc une nouvelle Europe qu’il faut inventer…. Une Europe du savoir, de la recherche, des innovations : parce que le savoir garantit l’équilibre des sociétés, parce que la Recherche garantit une société de progrès, parce que l’Innovation garantit le champ de tous les possibles. L’Europe de demain ne doit pas être et ne pourra pas être du seul ressort des Etats, elle sera aussi celles des acteurs socio-économiques, académiques et de la jeunesse. Les Universités doivent prendre toute leur place, s’exprimer pleinement et apporter leur contribution en matière d’enseignement, de recherche et de mobilité. »
Un devoir : « relayer les valeurs fondamentales et humanistes du projet européen »
Yvon Berland, poursuit et martèle sa conviction comme le premier européen du territoire : « Alors oui, les Universités ont une place de premier rang à occuper. Plus qu’une responsabilité, c’est un devoir. Le devoir de permettre à nos communautés de penser, de relayer les valeurs fondamentales et humanistes du projet européen au profit des jeunes générations. C’est pour répondre à ce devoir qu’Amu. Pour le président d’Amu, ce nouvel établissement transnational doit permettre « d’affirmer une Europe du savoir et de la mobilité, de renforcer les valeurs européennes au sein de la jeunesse, de contribuer à forger une nouvelle génération citoyenne, de développer une Europe rayonnante, compétitive et attractive ! »
Plusieurs autres actions à l’international
Yvon Berland a évoqué dans son discours plusieurs actions menées à l’international parmi lesquelles :
> Mise en œuvre du board international de l’Initiative d’Excellence pour accompagner et conseiller dans les orientations à prendre.
> Accord du ministère de l’éducation chinois pour l’implantation d’un institut de formation Amu à Wuhan.
> Construction d’un plan langues, pour renforcer les compétences linguistiques de tous ses étudiants. Ce plan sera complété par un plan en faveur de la mobilité étudiante et des personnels.
> Politique ciblée de coopérations internationales. Une stratégie a été définie avec le choix de partenariats renforcés sur les différents continents.
Après l’international, l’autre priorité est l’innovation. « En matière de recherche, l’ambition est d’insuffler et de généraliser une culture de l’innovation en lien avec le monde socio-économique autour de nos 5 grands axes de recherche : « l’Énergie », « l’Environnement », « les Humanités », « la Santé et Sciences de la Vie », et « les Sciences et Technologies Avancées ». Pour soutenir cet axe, Amu dispose désormais d’une carte maîtresse : la Cité de l’Innovation et des Savoirs d’Aix-Marseille qui a ouvert ses portes au Castel et qui devrait être inaugurée officiellement le 5 décembre prochain. « Cette Cité est l’occasion unique d’amorcer une approche intégrée et ouverte de l’innovation puisqu’elle rassemblera au sein d’un lieu totem, l’ensemble des acteurs qui créent l’innovation et la valorisent. » L’innovation se veut aussi « comme fil rouge » du projet d’université et « s’applique aussi à la formation et à la pédagogie en plaçant l’étudiant au cœur du projet. »
Outre l’innovation et l’international, Yvon Berland intègre deux autres axes majeurs de développement pour les cinq ans à venir : le renforcement du lien-recherche-formation et renforcement de la démarche qualité. Une stratégie déployée à travers les valeurs et les slogans qui s’affichent depuis plusieurs années par Amu. « Un engagement : celui de transmettre, un défi : celui du meilleur pour tous, une ouverture : le monde, avec une force : l’audace. » On ajoutera l’ambition et… la générosité.