Après l’annulation du partenariat public privé (PPP) pour la rénovation des écoles par le tribunal administratif, la mairie de Marseille ne désarme pas et dénonce, par l’intermédiaire d’Yves Moraine, le président du groupe de la majorité au conseil municipal, un « procès politique mené par l’opposition de gauche, appuyé par les députés LREM et relayé par les représentants de l’Etat »
L’Académie demande l’avis des directeurs d’écoles pour évaluer la situation
Le 15 février dernier, la députée marseillaise, Cathy Racon-Bouzon (LREM) a fait voter un amendement à l’Assemblée nationale pour mener un audit de l’ensemble des écoles marseillaises d’ici la rentrée prochaine. Deux semaines plus tard, le recteur d’académie a fait parvenir aux directeurs d’écoles un questionnaire pour évaluer les travaux nécessaires dans les établissements. « Alors même que le texte n’a pas encore été adopté par le Sénat, on demande aux directeurs de s’exprimer sur des sujets qui ne sont pas de leurs compétences », dénonce Yves Moraine. Et Danièle Casanova, l’adjointe au maire en charge de l’éducation, de rajouter : « Je reçois tous les jours des appels de directeurs inquiets car ils ne savent pas comment évaluer leurs installations électriques ou l’isolation thermique ». Au conseil municipal du lundi 1er avril, la mairie lancera sa propre enquête d’expertise sur les 444 écoles marseillaises.
Un marché public à 6 millions d’euros pour lancer un audit en juillet
Cette fois, la municipalité veut s’appuyer sur une entreprise indépendante pour réaliser ce diagnostic technique des bâtiments. « Quand c’est la mairie qui dit qu’il y a un problème, on nous croit pas », se justifie Danièle Casanova. Un marché public sera lancé dans la foulée de la délibération municipale pour choisir l’entreprise. Le budget consacré à l’opération est estimé à 6 millions d’euros. « Il s’agit d’une évaluation grossière », prévient le directeur général de la Ville, Jean-Claude Gondard. La mairie a voulu aller vite en donnant ce montant pour demander une aide de 3 millions d’euros à l’Etat « puisqu’il se sont mis en pointe dans cette affaire », poursuit-il. Le diagnostic de la mairie se basera d’ailleurs sur les critères exigés par le préfet : chauffage, présence de nuisibles, étanchéité… La démarche est même saluée par les élus de l’opposition de gauche : « Il n’est jamais trop tard pour bien faire », déclarent-ils dans un communiqué. Enfin, ils appuient également « la demande de la Mairie quant au soutien financier du gouvernement, d’autant plus après la position affichée récemment par un amendement à la controversée loi éducation. Là aussi, les actes doivent désormais suivre les annonces », ajoutent-ils.
La question est désormais de savoir si l’Etat va poursuivre sa propre enquête en parallèle de celle engagée par la Ville. « Ça dépend du vote de l’amendement dont on ne connaît pas l’avenir. En attendant, ils ne peuvent pas lancer d’étude alors nous, on accélère. On ira toujours plus vite que l’adoption définitif du texte au parlement », assure Yves Moraine.
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Annulation du PPP : plus que dix jours pour faire appel
La mairie avait annoncé début février son intention de faire appel de la décision du tribunal administratif d’annuler le PPP des écoles. Près d’un mois plus tard, toujours rien mais Jean-Claude Gondard se veut rassurant : « Il reste encore 10 jours pour déposer le mémoire. On travaille dessus », assure le directeur général des services. La mairie semble bien décider à bétonner son dossier pour cette nouvelle manche judiciaire. « Quand on perd devant une juridiction, surtout quand on pense avoir raison, c’est peut-être qu’on a mal expliqué », avoue Yves Moraine en bon avocat. La municipalité maintient son idée de démolition et de reconstruction des établissements qu’elle oppose à la rénovation des bâtiments existants proposée par le syndicat des architectes. « Ils affirment qu’avec 700 millions, on peut faire mieux que notre plan à 1 milliard mais ils oublient plein de choses, notamment sur le plan financier. En PPP, la collectivité ne supporte pas le risque par exemple. Ça réduit la facture », avance Jean-Claude Gondard. Les élus de la majorité espère ainsi obtenir gain de cause avant la fin de l’année « pour laisser au prochain maire toutes les possibilités », annonce Yves Moraine. A la future mandature donc de porter la responsabilité d’engager le chantier tant attendu par les familles et les écoliers de Marseille et de choisir la formule la plus adaptée.