Pour entrer dans le cercle très fermé des meilleurs clubs européens, être performant sportivement et commercialement, il fallait impérativement à l’Olympique de Marseille (OM) récupérer la gestion du stade Orange-Vélodrome. « Une étape importante », affirmait Jacques-Henri Eyraud, à l’occasion de la signature du protocole d’accord entre Arema, la société gestionnaire et le club marseillais, le 12 juillet, à l’hôtel de ville de Marseille.. « Maîtriser son outil de production est un enjeu totalement stratégique », lorsque l’on sait que les championnats à forte valeur sont ceux où les clubs possèdent ou exploitent leurs stades.
En Espagne, les revenus moyens un jour de match avoisinent les 21 M€, les droits TV annuels s’élèvent à 1,5 milliard d’euros, quant à la part des clubs qui possèdent leur enceinte ou en sont locataires 365 jours par an, elle, est de 95%. La France peine avec 25% des parts, 8M€ de recettes un jour de rencontre et seulement 828 millions d’euros de droits TV annuels. Même si un nouveau cycle de droits télévisés devrait être plus favorable dans l’Hexagone en 2020, ça ne suffit pas, surtout si l’on se penche sur l’indice UEFA, soit les quinze meilleurs clubs de football en Europe. La quasi-totalité est soit propriétaire, soit gestionnaire à titre exclusif de leur enceinte. Quant à la concurrence plus directe : le Paris-Saint-Germain (PSG), l’Olympique lyonnais (OL) et l’AS Monaco, ils disposent d’une enceinte fortement marquée par les codes identitaires du club. Le PSG avec le Parc des Princes en est un bon exemple. Le PSG, unique gestionnaire du stade, a d’ailleurs prolongé son bail emphytéotique jusqu’en 2044. Un projet d’extension de 48 000 à 60 000 places est à l’étude, ainsi qu’un investissement pour augmenter les capacités en hospitalités et réhabiliter des espaces VIP, afin de générer à la fin de la saison des « recettes en hospitalités et en billetterie extrêmement importantes », souligne Jacques-Henri Eyraud, à l’occasion d’un exposé très complet sur la stratégie de l’OM, organisé à l’issue de la signature du 12 juillet.
L’OL, lui, est le seul club français à détenir son stade. Un investissement de 450 M€ qui a permis de travailler sur la technologie, (stade connecté) sur les espaces d’hospitalités, sur des points de contacts très nombreux avec ses supporters à travers des espaces VIP, boutique, musée, restaurants, espaces conventions… L’impact financier ne s’est pas fait attendre puisque le stade a enregistré 50% de visiteurs en plus et les recettes en billetterie les jours de match ont doublé. « Un avantage concurrentiel réel ». Le dernier projet en date est celui du FC Nantes qui va bâtir son propre stade de 40 000 places d’ici à 2022 avec un investissement par fonds privés estimés à 200 millions d’euros. La nouvelle enceinte promet d’être moderne, avec toit rétractable, écran LED 360°, boutiques, musée, stade connecté… Un développement de revenus complémentaires qui intègre également un programme immobilier, une clinique du sport et des événements (concerts). Pour Jacques-Henri Eyraud, « il y a d’abord une réalité au niveau européen du marché qui montre à quel point la maîtrise de l’enceinte sportive est un outil essentiel pour assurer sa compétitivité et il y a la situation nationale qui fait qu’aujourd’hui Marseille est face à des concurrents qui avancent, qui vont vite et qui maîtrisent aujourd’hui totalement leur expérience sportive, et au-delà la gestion de leur enceinte 365 jours par an ».
Avec la reprise du stade et ses projets, l’OM entend devenir lui aussi, un sérieux concurrent, pas seulement sur le terrain. Jusqu’à présent, la situation du club marseillais se caractérisait par des lourdeurs logistiques et opérationnelles. « Plusieurs heures de constats d’huissier pour vérifier que certains équipements étaient dans des états partiellement dégradés, et on faisait ça également au match suivant, l’impossibilité d’investir dans des améliorations du stade. Pourquoi investir si nous n’étions pas les premiers à en bénéficier ? Pas seulement à travers les matchs de Ligue 1, mais sur l’ensemble des manifestations et des événements que nous aurions pu organiser, tout au long de l’année, et qui auraient davantage de succès avec ces investissements réalisés ? »
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