Allan Mauduit n’en est pas à son premier coup d’essai. Co-réalisateur du film Vilaine et de la série Kaboul Kitchen, il a travaillé, cette fois, en solo et a choisi trois actrices que le public apprécie tout particulièrement : Cécile de France, Yolande Moreau et Audrey Lamy. Bonne pioche puisque Rebelles a déjà reçu le prix Globe de crystal de la presse au Festival de comédie de l’Alpe d’Huez. Nous l’avons rencontré, accompagné de la comédienne Audrey Lamy, lors de la présentation du film à la presse, au cinéma Le Cézanne à Aix-en-Provence.
Quand Sandra (Cécile de France) affublée comme une “cagole” revient s’installer dans le mobil-home de sa mère (Béatrice Agenin), à Boulogne-sur-mer après 15 ans passés sur la Côte d’Azur, pas question pour elle d’y rester toute sa vie. Et pour dire vrai, l’ex-Miss Pas-de-Calais a des ambitions plus élevées. Seulement voilà, elle est au chômage et sans diplôme ; la seule possibilité qui s’offre à elle est d’accepter un emploi dans une conserverie de harengs. Hélas ! son chef lui fait des avances et Sandra le tue accidentellement. Témoins de la scène, Nadine (Yolande Moreau) et Marilyn (Audrey Lamy), deux autres ouvrières, vont l’aider à dissimuler le corps. Et c’est là que leurs ennuis vont commencer …
Commençant comme une chronique sociale teintée d’humour noir, Rebelles laisse très vite la place au polar de sérieB, à commencer par la découverte d’un sac plein de billets dans le casier du mort, en passant par les mafieux minables , les flics ripoux jusqu’au règlement de compte final. La tension dramatique du film nourrit de références au cinéma britannique et même au western-spaghetti n’échapperont pas aux amateurs du genre dont Allan Mauduit fait partie : « Je trouve qu’on a un cinéma français très riche, mais avec un petit bémol, car je trouve que la working class, les cols bleus, les prolos sont très souvent montrés dans les films dits “très sociaux”. Ce n’est pas le cas chez les anglos-saxons, où on prend un personnage de prolétaire et l’on emmène dans une comédie, comme The Full Monty ou The Snapper pour en faire un personnage comme un autre. Je suis très heureux de voir qu’entre Le Grand Bain et Les Invisibles, on peut parler de la vie des prolos sans que soit forcément triste ! » explique Allan Mauduit.
De “véritables tueuses”
Au cours de l’aventure les trois ouvrières au tempérament bien trempé vont prendre leur destin en main et se révéler être de “véritables tueuses”. Sandra (Cécile de France), au départ personnage superficiel, va se libérer des diktats de la beauté et réglera ses comptes avec un père violent. À ses côtés Nadine (Yolande Moreau), mère de famille plutôt sobre, donnera un coup de fouet dans son couple. Et Marilyn (Audrey Lamy), mère célibataire tendance punk surexcitée va mûrir au fur et à mesure des événements. « Ce qui m’a plu, c’est que le personnage de Marilyn sortait de ce que j’avais fait auparavant. Et puis il y avait dans le scénario une sorte de folie que j’adore ! » explique la pétillante Audrey Lamy.
La comédienne métamorphosée avec sa frange brune avoue s’être battue auprès du réalisateur pour imposer son look : « J’avais envie de changer de tête après avoir été blonde pendant 10 ans à la télé ! (NDLR : en référence à la série Scènes de Ménages). J’aime bien aussi voir des acteurs changer , je trouve cela hyper attirant. Mais cela a été un combat, car Allan voulait que je sois blonde car cela correspondait plus au personnage d’une punk anglaise ! » poursuit-elle. « J’ai dit un jour dans une interview que je rêverai de tourner avec Quentin Tarentino et bien là, je suis la copine d’une Uma Thurman » conclut-elle, avec son regard plein de malice.