Les variations du parcours du fleuve selon les époques sont figurées par la scénographie de l’exposition… les vitrines et objets sont répartis de part et d’autre des méandres. Rive gauche les aspects géographiques, sur la droite les fruits de deux décennies de fouilles locales. Le tout reconstitue le paysage du delta, dans sa mouvance même.
Un territoire en effet qui ne cesse de bouger au cours des siècles, le Rhône s’éparpillant en de multiples bras, avant de se jeter en mer. Sur une centaine de sites possibles, trois secteurs livrent ici quelques vestiges. Le village de la Capelière, qui existait, grâce aux Grecs, cinq siècles avant notre ère. La ferme du grand Parc, pour la période gallo-romaine.
Moines d’Ulmet
Et le port d’Ulmet, du nom de ce bras du Rhône aujourd’hui disparu ! A la fin du XIIème siècle, vers 1175, des moines cisterciens s’installent sur ce rivage. L’archevêque d’Arles, un certain Hugues, les seigneurs des Baux et la riche abbaye de saint Césaire favorisent cette implantation, par donation de terres et d’étangs. Pour ces élites du moment, l’exploitation du sel et l’hospitalité à offrir aux pèlerins justifiaient cette présence, qui permettait aussi de surveiller l’embouchure. Une église abbatiale fut donc érigée en sud-Camargue, où circulent toutes sortes de marchandises venant de la mer , pour gagner Arles, puis la vallée rhodanienne. Métaux, blé, laine, peaux et draps… Et aussi en sens inverse, pour l’export !
Capitale et carrefour
A l’aube du Moyen Âge, Arles reste un grand port, une capitale politique et le siège d’une des églises les plus vénérables de Gaule. L’empereur Honorius écrit : « C’est là que le riche Orient, l’odorante Arabie, l’élégante Assyrie, la fertile Afrique, la belle Espagne et la valeureuse Gaule apportent leurs plus précieux trésors… Ajoutons que le Rhône coule sous ses murs et que la Méditerranée baigne ses rivages !»
En 1230, les deux abbayes d’Ulmet et de Sylvéréal se réunissent à celle de Valmagne. En 1538, l’archevêque d’Arles ne peut que déplorer la ruine totale du site d’Ulmet, délaissé également du fleuve nourricier. De nos jours encore, la Camargue ne cesse d’évoluer. Le petit Rhône, dernier bras mineur côté Languedoc ne reçoit plus qu’à peine 10% des eaux du fleuve venu des Alpes.
Lien utile :
www.arles-antique.cg13.fr
Le musée départemental Arles antique accueille l’exposition camarguaise jusqu’au 5 juin 2016.
Fermé le mardi, ouvert tous les autres jours de 10 à 18h; tarif de 5 à 8 €.
Gratuit le premier dimanche de chaque mois.
(Illustration : © Fouille Ulmet 2014 Lionel ROUX MDAa/cd13)