Le bâtiment, les rails, les quais tout neufs… En entrant dans la station Capitaine Gèze qui doit prolonger la ligne 2 du métro après Bougainville, « on a l’impression que le métro va arriver. C’est râlant », avoue Jean-Pierre Serrus, le vice-président délégué aux transport de la Métropole. Pourtant, celui qui promettait en mars dernier une ouverture d’ici la fin de l’année, s’est trouvé bien ennuyé vendredi 25 mai quand il a réuni la presse pour annoncer un nouveau report à septembre 2019. La tant attendue station n’en est pas à son premier retard. Lors de sa première présentation sous MPM dirigée alors par Eugène Caselli, le projet était prévue pour 2015, puis Guy Teissier, nouveau président de MPM annonçait l’ouverture en 2016… Il ne s’agissait alors que d’une formalité à entendre les équipes de l’époque car les 900 mètres de voies étaient déjà existants. Pourtant ce petit kilomètre a connu un premier retard avec les fouilles archéologiques qui ont repoussé l’échéance à 2016. Finalement, récupéré par la Métropole, le chantier est une nouvelle fois reporté en 2017 à cause de « problèmes techniques ». Une année supplémentaire n’aura apparemment pas suffi à les résoudre.
Une signalisation défaillante dans un local trop vieux et trop petit
Le 30 mars dernier, la premier métro a effectué un test entre Bougainville et Capitaine Gèze. Si la rame a bien roulé, au niveau signalisation, c’est la panique : « On a enregistré près de 30 000 anomalies sur les 400 000 points de connexions que compte le système signalisation. C’est beaucoup trop pour assurer les conditions de sécurité », explique Bruno Baumgarten, chef de projet chez Systra, l’entreprise en charge du système de signalisation. La faute à qui ? Au poste technique Zoccola apparemment trop vieux et trop exigu. Dans ce local d’une quarantaine de mètres carrés, les entreprises ont dû rajouter 9 armoires électroniques aux 19 châssis existants qui fonctionnent sur une technologie vieille de quarante ans : « On aurait dû créer un poste tout neuf dès le départ. On pensait que ça fonctionnerait comme ça, ce n’est pas le cas », avoue Bertrand Robin, le directeur du service métro-tram à la Métropole.
Un choix peut-être dicté à l’origine par un souci d’économie mais qui finalement engendre un surcoût de plusieurs centaines de milliers d’euros et surtout l’exaspération des habitants des quartiers Nord qui désespèrent de voir un jour arriver le métro près de chez eux. Pire ! A cause des nouveaux tests effectués chaque nuit, la RTM a supprimé la circulation entre Joliette et Bougainville à partir de 20h30 depuis plus de deux mois. Mais les entreprises en charge du chantier promettent que les choses vont s’améliorer : « Nous allons pouvoir bientôt travailler plus vite et permettre au métro de circuler au moins jusqu’à 21h15 », promet Laurent Herbulot, responsable du projet pour Colas Rail. Par contre, l’interruption de circulation le soir risque de se prolonger jusqu’à la fin de l’année.
Pas de « faute » mais des « erreurs d’appréciations »
Le nouveau planning annonce une reprise de la phase de test en décembre prochain et si tout va bien, la station pourrait être mise en service en septembre 2019, cinq ans après la date initialement prévue. « C’est tout à fait normal pour ce type d’extension pour laquelle il faut compter entre cinq et dix ans habituellement. Il est particulièrement complexe car il a fallu faire traverser les voies du vieux dépôt Zoccola », avance Soumeya Dravet, chef de projet à la RTM. De son côté, Jean-Pierre Serrus refuse de rejeter la faute sur qui que ce soit et préfère parler « d’erreurs d’appréciation. On a pas voulu dépenser plus pour un nouveau poste et aujourd’hui, c’est 2 % du budget qui représente 90 % des ennuis » regrette-t-il.