Supplément d’âme
A lire le supplément du Point de la semaine du 3 au 10 décembre consacré à Marseille, on se dit que si le président Hollande avait bénéficié d’autant de mansuétude dans cet hebdomadaire depuis qu’il est élu, il frôlerait aujourd’hui les 80% dans les sondages. On se félicitera ainsi d’apprendre que la ville est en passe de devenir Hollywood, grâce à quelques-uns de ses géniaux techniciens des effets spéciaux. Comme on sera épaté par l’enthousiasme du professeur Didier Raoult qui estime que « Marseille est la ville la plus moderne de France, vivante, désordonnée, active, sale, joyeuse, bruyante. Elle a un équivalent dans le nouveau Monde : New-York ». Il veut parler de Manhattan, Brooklyn… ou du Bronx ?
Les chevaux de Troie
C’est à Sciences Po Aix que sont intervenus cette semaine des militants de l’Action Française, leur aboyeur en chef étant dissimulé par une casquette à la manière des cailleras (notre vidéo exclusive). Ils protestaient contre la tenue d’un débat organisé par les jeunes socialistes sur le thème de l’extrême droite. Il y a un an un professeur d’Histoire du même IEP d’Aix, dénonçait la présence dans l’amphi Etienne, d’une étudiante portant le voile. Il voyait en cette jeune fille « le cheval de Troie du salafisme ! ». Désormais ce sont les croisés royalistes qui prennent d’assaut cette vénérable maison. On n’est pas loin de la guerre de religions.
L’avenir sur les rails
Les deux grandes villes universitaires du Sud sont incontestablement Marseille (près de 80 000 étudiants) et Toulouse (Plus de 100.000). Cela ne parait pas du tout évident lorsqu’on se déplace à pied dans l’une et l’autre surtout en soirée. La différence tient aux moyens de transports. A Toulouse le métro dessert les Sciences Humaines, au sud et la Médecine et les Sciences, à l’est. A Marseille il est très compliqué pour les étudiants de s’extraire de Luminy, St Jérôme ou Château Gombert. D’où une impression de movida permanente au centre de la capitale languedocienne et de couvre-feu autour du Vieux Port.
Une belle résistance
Si les commerces du centre-ville traversent une passe compliquée avec l’émergence de nouveaux pôles de chalandises comme les Terrasses et port, les Docks, les Halles un centre commercial offre une belle résistance : le centre bourse. Les travaux de rénovations devraient être achevés en juin prochain et de nouvelles enseignes – comme La Fayette Gourmet et sa restauration rapide de qualité – sont une vraie réussite. On attend avec intérêt le nouveau look de la galerie marchande où de nouvelles boutiques devraient fleurir. La mixité sociale y est aussi une réalité. A méditer pour les étudiants en sociologie.
On tourne en rond
Le rond-point du Prado est en cours d’achèvement. Une bonne chose pour les très nombreux automobilistes qui sont amenés à l’emprunter tous les jours. Les premier et second Prado sont depuis quelques jours très accessibles comme le boulevard Rabatau. En revanche, ça se complique lorsqu’il s’agit de rejoindre Michelet. Confluent là quatre à cinq voies, qui débouchent sur un goulot d’étranglement d’une voie. Les concepteurs ont dû imaginer que le tunnel qui aboutit là auss, en provenance de l’entrée-est de la ville, serait suffisant pour éviter la thrombose. C’était sans compter sur son tarif visiblement dissuasif pour beaucoup de Marseillais. Peut mieux faire.
La Canebière voie sans issue ?
Sabine Bernasconi, maire des 1er et 7ème arrondissements, vice-présidente déléguée à la Culture au Conseil départemental, souffre de la mauvaise image de la Canebière. Il y a trente ans quelques rares brasseries, un hôtel, un cinéma, survivaient encore sur « la plus belle avenue du monde ». Plus tard on a cru même que l’Institut de Formation des Maîtres et la faculté de droit apporteraient l’oxygène de la jeunesse qui redonnerait son éclat à cette colonne vertébrale urbaine. On a plus tard espéré que l’Institut de la Mode et le tramway seraient des atouts supplémentaires. Las, et n’en déplaise à cette élue pleine d’énergie, la Canebière symbolise toujours cette frontière entre le nord paupérisé et le sud qui l’est moins. Christian Nicol a du reste remis au printemps dernier, un rapport sur l’habitat et il y a fort à parier que nombre des 100.000 personnes vivant dans des conditions d’insalubrité et d’insécurité, sont justement sur la rive nord de la Canebière. Seul un plan Marshall de l’habitat permettrait d’y remédier et les salutaires initiatives qui poussent ici et là des projets ponctuels (cinéma ou hôtel), seront nécessaires mais insuffisantes.