Ce vendredi 7 juillet avait lieu en grande pompe la pose de la première pierre du prestigieux projet de La Calanque. Pensé par l’Atelier Jean Nouvel, le grand bâtiment bleu devrait accueillir ses premiers propriétaires lors du 2e trimestre 2020. En attendant, l’architecte français star nous a confié quelques mots en vidéo.
Bienvenue à la nature, l’eau et la couleur. Les futurs habitants pourront dans quelques mois déambuler autour d’un petit cours d’eau, se poser à l’ombre de pins et profiter de la quiétude des lieux. La couleur envahira aussi les murs avec un bleu électrique ou marseillais pour être plus précis, en concordance avec le code couleur du quartier Saint-Just, mais surtout celle du vaisseau-amiral du quartier imaginé par William Asolp, et qui accueille dorénavant le conseil départemental des Bouches-du-Rhône.
Jean Nouvel en a profité pour lui rendre hommage : « Je connaissais ce secteur, car je suis ami avec William Alsop. Il a créé un beau bâtiment, avec une belle architecture high-tech, mais comme tous les projets avec un peu de niaque, je dirais, elles sont toujours polémiques. » Face à un tel édifice, son répondant ne pouvait être que du même acabit, avec du caractère et de l’innovation. Mais le dessin de La Calanque répond surtout « à une succession d’événements urbains… pour employer un euphémisme légèrement incohérent. »
Après le paquebot HLM, la calanque sociale
Marseille, avec ses petits villages devenus au fil des années des arrondissements, une sociologie atypique, et un paysage immobilier en plein bouleversement, accueille dans la même semaine, deux des plus grands architectes nationaux, venus ici lancer les travaux de logements sociaux hors-normes. L’un rappelant la grande attractivité du port de croisière de la ville, Rudy Riciotti, et l’autre, Jean Nouvel, ses lieux touristiques que sont les calanques.
Toutefois, tout n’est pas rose, ou bleu comme on dit à Saint-Just. Situé à seulement une poignée de mètres de l’avenue Alexandre-Flemming, l’architecte a dû composer avec quelques contraintes. « Il y a un peu de bruit, un peu de circulation, dit-il un peu pince sans rire. Puis si on regarde notre projet, on voit mal le point commun entre lui et le quartier, donc la première chose que l’on a dû faire, c’est qu’il trouve sa place. Trouver un sens à ce lieu et renverser les contraintes, pour arriver à inventer un lieu protégé. » Et pour répondre à cette problématique, il n’y avait qu’une réponse possible, au cœur d’une architecture végétalisée : les calanques.
À la fois dans la ville, mais en périphérie, intégrées mais enclavées, les calanques sont ici exceptionnelles et populaires. Une bonne métaphore de l’oeuvre de Jean Nouvel qui se définit lui-même comme « un architecte conceptuel, voilà pourquoi mes bâtiments ne se ressemblent pas. Je cherche toujours à construire quelque chose que je ne pourrais pas construire ailleurs. »
Autour du jardin central, une multitude de terrasses et des façades recouvertes de rochers, rappelant les falaises, et des arbres perchés symbolisant les pins penchés au-dessus de la Méditerranée. Concernant la circulation intensive sur l’avenue bordant le futur bâtiment, les décideurs ont misé sur les aménagement réalisés par la Ville, que ce soit la rocade L2 ou la requalification du boulevard Sakakini, pour voir le nombre d’automobiles baisser sur cet axe. Les premiers éléments de réponse seront apportés en 2020, lors de la cession des clés aux premiers propriétaires.
Un budget de 70 millions
Une fois le projet détaillé, voici venu le temps du concret, de l’argent, des chiffres. À projet exceptionnel, budget exceptionnel, car la résidence devrait rassembler un investissement global de 70 millions d’euros, avec une priorité donnée aux entreprises locales, essentiellement situées dans les Bouches-du-Rhône.
Cela débouchera sur 546 logements, dont 134 appartements seront dédiés à un hôtel à vocation social, 156 résidences locatives aidées, 37 appartements en accession sociale à la propriété et le reste étant réservé aux jeunes actifs et à l’accession libre.
Avec une seule volonté : avoir un prix de vente maîtrisé « L’objectif n’est pas de faire des appartements pour investisseurs, mais quasi exclusivement dédiés à l’accession. Le prix moyen du mètre carré a été fixé à 2 850 euros TTC hors parking » selon l’un des responsables du programme. Nettement plus que les tarifs en vigueur dans un quartier populaire, où le mètre carré est cédé en moyenne à 1989 euros (meilleurtaux.com). Mais comme toute révolution technologique, cela a un coût.
À Marseille le social veut se réinventer, peut prendre des allures incroyables, mais jusqu’à quel prix ?