L’association Aides organisait une nouvelle édition des grandes braderies de la mode les 13 et 14 décembre 2018 à Marseille. L’événement, en collaboration avec la Maison Mode Méditerranée (MMM), a investi les locaux de l’ancien magasin Mango rue de la République (2e) fourni par le groupe Constructa.
Des vêtements, chaussures et accessoires Dior, American Vintage, Sessún, Kenzo, Maje… allant jusqu’à -70% étaient proposés à l’achat pour une somme entièrement reversée à la lutte contre le sida. « C’est un moment de collecte de fonds privés importante sachant que la moitié de notre budget au niveau national sont des fonds privés », explique Stéphane Montigny, président d’Aides Paca. « Les deux braderies – décembre et juin – nous rapportent environ 60 000€ par an. Dans un budget d’association c’est beaucoup. L’argent sert à financer des actions qui ne sont pas financées par des pouvoirs publics ». Il s’agit de payer des dépistages rapides, de « produire de la transformation sociale, d’influencer les décideurs financiers ou les politiques » ou de réaliser des projets innovants, à l’image du Spot Longchamp, un centre de dépistage ouvert il y a deux ans pour les populations homosexuelles, transsexuelles et les travailleurs et travailleuses du sexe.
Un engagement de longue date pour Maryline Bellieud-Vigouroux
Cette braderie, est la seule organisée en dehors de Paris, dans la deuxième région de France métropolitaine en termes de découverte de séropositivité avec 85 personnes pour un million en 2016 selon le CRIPS (Centre régional d’information et de prévention du sida), est le fruit d’un travail de 20 ans avec la MMM et du soutien de sa fondatrice, Maryline Bellieud-Vigouroux. « Dès que je me suis intéressée à la mode, je me suis aperçue que beaucoup de personnalités de ce monde étaient touchées par cette maladie ou s’étaient engagées », déclare-t-elle.
Son engagement auprès de la lutte contre le sida va bien au-delà de la MMM. « La première fois que j’ai rencontré des malades c’était en 1987, en tant qu’épouse du maire de Marseille (Robert Vigouroux). Une association m’avait demandé de trouver un logement pour donner du bonheur à quelques malades atteints du sida. On avait trouvé un appartement au Vallon des Auffes, je suis allée les accueillir. Je connaissais la maladie j’en avais entendu parler mais je n’avais jamais rencontré de malades atteints du virus. On a déjeuné ensemble, on a beaucoup parlé », raconte Maryline Bellieud-Vigouroux. « Un malade m’a dit « Est-ce que vous avez peur du sida ? » Je lui ai répondu non, que je ne connaissais pas la maladie mais que je n’avais pas peur du sida parce que je savais comment il se transmettait. Il m’a demandé si j’acceptais de boire dans son verre. Il y avait un pastis, j’ai dit : « Trinquons avec un pastis ! ». Et depuis ce moment-là, je n’ai jamais quitté cette association ».
Parallèlement, Maryline Bellieud-Vigouroux supporte également le soin culturel mode qu’elle a initié avec Marcel Ruffo à la Maison de Solenn pour les adolescents anorexiques et suicidaires ainsi qu’un dispositif de soins esthétiques gratuits à l’institut Paoli-Calmettes à Marseille. « Ce n’est pas vraiment de la mode mais c’est tout ce que la mode peut apporter dans le cosmétique, dans le vêtement, pour reconstruire des identités de jeunes adolescents malades et, pour le sida, faire en sorte que la braderie démocratise et ouvre l’esprit à bon nombre de personnes ».