Des séjours « fast and curious », pour animer les talents, la curiosité et la créativité des ados, et leur faire vivre une expérience collective au cœur d’un lieu qui explore le futur. Inspirés des bivouacs et des camps d’été américains, les Bivy Camps proposent à trois groupes de 18 jeunes de 14 à 17 ans de s’interroger sur la place des nouvelles technologies pour relever les défis écologiques, économiques, sociaux d’aujourd’hui et demain. Une expérience “co-designée” par les jeunes, les animateurs et les acteurs engagés du projet. « Notre credo, c’est l’empowerment, raconte Stéphanie Ampart, responsable du programme à thecamp. Les Bivy Camps créent le chemin le plus court et le plus impactant pour permettre aux jeunes de trouver leur motivation, acquérir des outils et révéler leur pouvoir d’agir. »
Le bailleur social Treize habitat, qui gère 34 000 logements dans la région, ainsi que l’association Synergie Family, spécialisée dans la conception, la gestion et la mise en œuvre de projets socioculturels, sportifs ou socio-éducatifs, ont financé la participation de 10 jeunes à ces colos 2.0. Résultat : une mixité sociale et une parité parfaite. « Le rôle d’un bailleur social, c’est aussi de repenser l’ingénierie sociale, affirme Lionel Royer-Perreaut, président de Treize Habitat et maire des 9ème et 10ème arrondissements de Marseille lors de sa visite mercredi 25 juillet. Il doit aller au-delà de sa fonction de pourvoyeur de gîte et s’appuyer sur les centres sociaux et les associations d’animation sociale pour réarmer l’estime de soi des jeunes de nos cités et changer leurs perspectives. Les élus doivent aider à révéler leur potentiel. » Selon lui, les bailleurs sociaux, efficaces dans la prise en charge des tout-petits et des personnes âgées, ont oublié les adolescents. « Cette prise de conscience aurait dû avoir lieu il y a 15 ans mais les institutions sont restées dans leur zone de confort. A présent, il s’agit de penser le centre social 2.0. »
Favoriser les frictions
Le programme s’appuie sur de nombreux ateliers, animés par des dizaines d’interlocuteurs. Le but : « favoriser les frictions », selon Stéphanie Ampart. « thecamp est le lieu idéal pour faire rencontrer à ces jeunes des entrepreneurs, des coachs, des ingénieurs, toutes ces personnes qui ont l’innovation à cœur et qui vont les pousser à croire en eux, à avoir confiance en leurs idées et à faire naître des projets. » Le lundi par exemple, pour briser la glace entre ces 18 ados, a lieu la journée médias, sur des thèmes variés : fake news, techniques journalistiques et l’après-midi, des débats. Virginie Testemale est coach en transformation et vient tout droit de Miami pour booster l’ego des ados. Son atelier est basé sur l’intelligence émotionnelle, la connaissance de soi et le processus créatif. « Je veux qu’ils comprennent qu’ils ont tous quelque chose d’unique à apporter et que cette semaine ouvre pour eux le champ des possibles. »
Sur les murs de la salle qu’ils occupent, des affiches : « Construire un grand parc d’attraction », « Nettoyer la ville », « Construire des terrains multi-sports », « Repeindre avec de jolies couleurs », « Ouvrir des restaurants gratuits ». « Ce sont leurs réponses à la question qu’on leur a posée hier, précise Stéphanie Ampart. Si on vous donnait un milliard, que changeriez-vous dans la ville ? » Dans la lignée de la ville du futur, chaque semaine, un défi est lancé aux jeunes sur la base du « creative problem solving ». Celui de la troisième et dernière session, du 22 au 29 juillet, c’est Lionel Royer-Perreaut qui leur lance : « Comment améliorer mon quartier ? » Ils devront y répondre collectivement, en lançant des idées, en mettant au point des scénarios et en aboutissant à un prototypage. A l’instar des jeunes de la deuxième semaine, qui ont planché sur le thème de la connexion dans la ville entre les citoyens désirant aider et les personnes dans le besoin. Ils ont présenté à la fin de la semaine un livre numérique exposant leur projet : une application gouvernementale qui met en relation ces deux types de publics.
Lors de sa visite, le maire en profite pour connaître le ressenti des ados sur le Bivy Camp. Les mains se lèvent. « On nous a donné une autre vision du travail, témoigne un jeune. Où on peut allier passion et métier, et pas forcément devenir ouvrier si on est fils d’ouvrier. » Les réponses fusent : « On a pu rencontrer d’autres personnes », « Ca m’a donné confiance en moi et en mes rêves », expliquent les ados, dont certains viennent d’Alsace et de Paris. Abdel, Elabib et Nathan viennent de la cité Benza dans le Xe arrondissement de Marseille. Les deux premiers veulent être infirmiers pour « aider les gens ». « Je suis pas très bon en maths, avoue Abdel, mais faut croire en ses rêves. » « Il faut travailler », renchérit Elabib. Nathan, lui, veut être technicien d’usinage. « Ici, j’ai appris à voir la vie différemment. La nature par exemple, je connaissais pas vraiment, je sais maintenant comment la respecter. »