« Il faut accompagner les volontés locales et ne rien imposer ». Tels ont été les mots de la ministre Jacqueline Gourault, rapportés par Jean-Marc Zulesi, à Gomet’, à l’issue de leur rencontre, mercredi 3 mars, au ministère de l’Intérieur. Il n’est pas le seul à avoir pris bonne note de ses propos puisque le député de la 8e circonscription était accompagné de l’ensemble des parlementaires LREM et Modem des Bouches-du-Rhône. Ils y étaient tous, pour la première fois, pour parler d’une seule et même voix du destin de la Métropole Aix-Marseille Provence. Le sujet a été abordé à Matignon, dans la matinée, dès 8h30, en présence du conseiller des affaires intérieures, Eric Jalon, du conseiller technique transports, Jimmy Brun ainsi que du pôle parlementaire. Au programme de cette réunion qui a duré plus d’une heure trente : la construction de la Métropole, la fusion avec le Département, et dans ce cadre, la question des compétences, du périmètre, « de la fiscalité et des recettes éventuelles a aussi été soulevée », nous confie Anne-Laurence Petel, députée de la 14e circonscription. En phase sur la manière dont ils envisagent l’évolution de l’institution, sur la fusion et sur la volonté de basculer sur un scrutin de liste, les députés se sont également fait les porte-paroles des maires et insisté sur un enjeu majeur : la mobilité.
La carte Jean-Pierre Serrus
« Pas d’annonces fracassantes », note le jeune député de Salon-de-Provence, Jean-Marc Zulesi, « cela démontre que le gouvernement reste attentif. Toutes les équipes au ministère, qui sont déjà bien au fait de la situation, ont été très à l’écoute des enjeux et de la nécessité de faire réussir cette métropole. » Pour lui, quelle que soit la forme future de l’institution, il « est important de ne plus reproduire les erreurs du passé. Nous avons insisté sur les enjeux liés à son développement économique et durable, et bien sûr sur les transports, c’est un aspect qui fait consensus au sein des députés. » Si ces derniers ont reçu l’assurance d’une aide financière de l’Etat pour soutenir l’agenda de la mobilité métropolitaine, l’enveloppe et le calendrier n’ont quant à eux, pas été dévoilés. Les relations étroites entre Jean-Pierre Serrus, vice-président d’Aix Marseille Provence, en charge de la mobilité, (qui a rejoint La République en marche en début d’année) et Jean-Marc Zulesi, avec lequel il échange beaucoup, contribuent à faire remonter les informations. La position de M. Serrus au sein de la Métropole le place au rang d’interlocuteur et médiateur privilégié pour faciliter les échanges entre les parlementaires, le président de la Métropole et la présidente du Département des Bouches-du-Rhône. Dans cette optique, des rendez-vous devraient être pris pour réfléchir à un projet territorial. « Jean-Claude Gaudin a très envie de faire fonctionner cette Métropole, tout comme Martine Vassal, nous sommes-là pour construire ensemble », ajoute Cathy-Racon Bouzon.
Anne-Laurence Petel : « Rendre la proximité aux communes »
Pour la députée de la 5e circonscription, la rencontre à Matignon puis avec Jacqueline Gourault a permis de confirmer la volonté du « gouvernement de ne pas passer en force. Aujourd’hui, notre objectif est de partager une vision commune, de construire et de nourrir cette réflexion sur la métropole. On ne s’était pas tous vraiment posés sur le sujet. L’objectif de ces échanges-là est de mettre en œuvre un plan d’action pour porter un projet territorial cohérent. Mais c’est un travail de longue haleine. Le plus compliqué reste à convaincre les réfractaires, et il va falloir lutter contre le métropole-bashing, parfois injustifié ».
Parmi les anti-métropole historiques, la Ville d’Aix-en-Provence, qui souhaite sortir de l’institution. « Ce n’est pas envisageable », affirme, quant à elle, Anne-Laurence Petel. Si la parlementaire croise régulièrement Maryse Joissains sur des événements, la députée n’exclut pas « d’aller lui parler » du sujet métropolitain, précisant au passage qu’il « y a d’ailleurs des maires du pays d’Aix qui ne sont pas contre la Métropole, des maires qui s’expriment peu mais qui sont favorables pour avancer ». C’est d’ailleurs sur les compétences communales que les députés se sont aussi exprimés : « Si une loi vient acter la fusion, il est évident que cela va rebattre les cartes. Il faut une Métropole avec des compétences stratégiques, les transferts de certaines sont une ineptie, et conserver certaines compétences communales ».
Vers une concertation citoyenne sur la métropole
La situation du pays d’Arles et des 29 communes des Bouches-du-Rhône non intégrées à Aix Marseille Provence, n’a pas été omise. Des scenarii ont été avancés parmi lesquelles la création d’un EPCI (établissement public de coopération intercommunale), excluant le fait d’en faire un « département proprement dit », ajoute la députée, ou encore son entrée dans la Métropole par étape.
Pour Anne-Laurence Petel, la Métropole ne pourra fonctionner « que si elle est partagée par les citoyens. Beaucoup entendent se qui se dit autour des guerres politiques, et ont des difficultés à comprendre ce qu’elle est. (…) On va imaginer la manière de le faire, c’est dans les tuyaux chez nous. Nous sommes beaucoup dans le dialogue, les débats toujours dans un esprit de construction ». Une large concertation citoyenne autour du thème de la Métropole Aix-Marseille Provence est évoquée sur le modèle participatif qui a lancé le mouvement En Marche.
Les députés qualifient la journée du 4 avril de « constructive » et « encourageante » pour la suite. Selon eux le gouvernement démontre qu’il reste sur la position affichée par Edouard Philippe lors de la conférence nationale des territoires, le 25 juillet dernier au cours de laquelle un « pacte girondin » avait été proposé aux territoires. La réforme constitutionnelle annoncée mercredi vient conforter cette posture selon eux. Le Premier Ministre a réaffirmé l’engagement du gouvernement d’offrir un droit à l’expérimentation aux collectivités territoriales : « Le projet de loi constitutionnelle marquera également notre confiance dans la capacité des collectivités d’adapter elles-mêmes les règles qui régissent leurs domaines de compétence à la réalité de leur territoire ». Dont acte.