Le député LREM de la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône Jean-Marc Zulesi a convié vendredi 1er mars, élus locaux et associations pro-vélo à la salle des fêtes de Grans, pour échanger et sensibiliser autour du Plan Vélo annoncé en septembre dernier et l’appel à projets « Fonds mobilités actives – Continuités cyclables », présenté par la Dreal Paca (Direction Régionale de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement) et annoncé depuis décembre par la Ministre des Transports Élisabeth Borne. 350 millions d’euros d’aides sont prévues sur 7 ans, soit 50 millions chaque année pour toute la France, et une aide plafonnée à 5 millions d’euros par porteur de projet. L’objectif est clair : établir des continuités d’itinéraires cyclables pour la mobilité du quotidien, et parvenir à faire passer de 3% à 9% la part modale du vélo d’ici à 2024 en France.
Le député souhaite que les différentes collectivités réunies cet après-midi « se saisissent de cet appel à projets » car le vélo est « un vrai sujet pour notre territoire » notamment vis-à-vis de son attractivité. Et si certaines grandes villes comme Bordeaux, Strasbourg ou Lyon sont bonnes élèves en matière d’aménagements cyclables, Marseille et Aix-en-Provence figuraient parmi les plus mauvaises selon le Baromètre des villes cyclables établi par la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) en 2017.
Un appel à projets qui vise la mobilité du quotidien
Développement des aménagements cyclables de qualité, amélioration de la sécurité routière, mise en place d’un cadre incitatif adapté, et développement de la culture vélo sont autant d’objectifs affichés à travers l’appel à projets. Le Fonds Mobilités actives vise plus précisément la mobilité du quotidien, puisqu’il permettra d’appuyer la réalisation de projets dont le but est de « restaurer ou établir des continuités d’itinéraires cyclables en vue de rendre crédibles des trajets quotidiens à vélo, ou en articulation avec les autres modes de transports notamment collectifs (train, bus, cars…) », et de « relier dans de bonnes conditions des zones d’emploi, d’habitat, notamment social, et d’éducation et de mieux desservir les pôles d’échanges multimodaux ».
Tous les maîtres d’ouvrage publics peuvent y participer (collectivités locales, groupements de collectivités, autorités organisatrices de la mobilité et établissements publics de coopération intercommunale, et même départements) quelle que soit leur taille et leur groupement. Le projet doit s’inscrire dans une politique territoriale de mobilité et un schéma préalablement défini, ou en cours de réalisation. Il devra voir le jour dans les quatre années suivant son lancement. Néanmoins, pour être présenté le projet devra mettre en avant des études préliminaires, de même un diagnostic sera nécessaire pour justifier le projet et son utilité.
La Région Paca à la traîne
Pour Pierre Franc, adjoint au chef du service Transports Infrastructures et Mobilités de la Dreal Paca, les mauvais résultats actuels de la région en termes d’aménagements cyclables ne peuvent qu’encourager de nouveaux projets de mobilité, rappelant également que la région est en concurrence avec le reste de la France pour ce fonds d’aide. Certains projets sont d’ores et déjà en cours dans la région, ou plus localement, sont notamment évoqués les travaux actuellement soutenus par le Département pour relier Salon et Miramas par une piste cyclable.
Des projets qui démarrent ou sont en cours, certes, mais qui soulèvent une première interrogation pour les élus réunis qui voient à travers le Fonds Mobilités actives un dispositif d’aide décidé trop tard pour ces projets déjà engagés, et à l’échéance trop rapide pour en proposer de nouveaux (premier dépôt de projets le 15 avril prochain, deuxième en juin). Autres problème soulevé par l’assemblée : la maîtrise foncière. Quid des routes départementales sur lesquelles les communes ne peuvent intervenir, par exemple ? Pour Jean-Yves Petit, président de l’association métropolitaine Ramdam, « le véritable enjeu est de savoir ce que la Métropole et le Département peuvent proposer en termes de schéma, que les communes viendraient ensuite compléter ». Un avis soutenu par Jean-Louis Biscarrat, conseiller régional venu représenter Renaud Muselier ce jour : « Il y a des enjeux très importants pour la Région, mais pour cela il faut s’organiser. Il faut qu’il y ait une volonté partagée par tous, notamment avec l’aide des associations déjà très actives. »
Mais si la première échéance de l’appel à projets a peut-être refroidi plus d’un élu, de même que l’inertie de certaines institutions publiques pour faire avancer ces projets selon certains, l’appel à projets Continuités cyclables est une réelle opportunité pour Olivier Schneider, président de la Fub, « de prendre le temps de repérer ces faiblesses et doutes pour la loi d’orientation sur les mobilités à venir et d’en améliorer la réglementation en faisant remonter les problèmes. Si chacun le fait de son côté, ça ne fonctionnera pas. » Reste à voir si des projets dans la région pourront s’établir à temps pour être présentés dès le 15 avril prochain, et s’ils acteront les prémices d’une entente globale souhaitée finalement par tous.
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