« Quand on partait de bon matin, quand on partait sur les chemins, à bicyclette », Yves Montand chantait les mérites d’une jolie promenade à vélo. Les Provençaux ne sont pourtant pas séduits par le deux-roues non motorisé puisque 1,3% des actifs seulement rejoignait chaque jour son lieu de travail à vélo, en 2015. C’est moins que la moyenne nationale (1,9%) : après la Corse et la Normandie, notre région fait figure de mauvais élève.
Mais ce n’est pas par fainéantise que les Provençaux boudent le vélo puisque ils sont 7,6% à faire le trajet à pieds. Les faibles distances sont cependant préférées pour les transports doux, vélo et marche. Pour des trajets inférieurs à 5 km, 17,4% se déplacent en vélo ou à pieds. Les marcheurs étant toujours six fois plus nombreux que les cyclistes. La pratique du vélo pour se rendre au travail est un phénomène essentiellement urbain, mais même dans les villes-centres, elle est moins répandue en Paca qu’ailleurs : 2,1% contre 4% au niveau national.
La région en chiffres
Ces statistiques interviennent dans le cadre de la diffusion des résultats du recensement de la population réalisé en 2015. La région compte donc très précisément 4 983 438 habitants et tous les ans, environ 18 900 personnes s’y installent encore, séduits par le mode de vie et le climat. La particularité de la région est sa concentration puisque les 25 communes les plus peuplées accueillent à elles seules la moitié des habitants de Paca.
Pour cette nouvelle année, l’Insee s’apprête à lancer, le 19 janvier, sa 14e campagne de recensement annuel. 277 communes recensées et plus de 600 000 personnes interrogées. « Il s’agit d’une opération de grande ampleur et à fort enjeu, explique Patrick Redor, directeur régional de l’Insee. Grâce à notre étude sur le vélo, ou à notre recensement de la population, nous livrons des informations nécessaires aux décideurs publics, qui leur permettent de connaître et anticiper les besoins de la population. Ces données les aident par exemple à prendre une décision concernant l’implantation d’un lycée ou d’un terrain de sport. » La collecte prendra fin le 18 février pour les communes de moins de 10 000 habitants, le 25 pour les villes plus peuplées. Les premiers résultats interviendront en décembre.
ENCADRE Jean-Yves Petit, président de l’association Ramdam, Rassemblement d’associations pour les modes de déplacements alternatifs dans la métropole, n’a pas été surpris par l’enquête de l’Insee sur le faible nombre d’utilisateurs du vélo comme mode de déplacement quotidien. « L’absence d’une volonté politique en faveur des modes actifs et la faiblesse du nombre d’infrastructures dédiées et sécurisées dans les principales agglomérations en sont les principales raisons. »
Le président de Ramdam préconise la création de réseaux de voies express pour les vélos, mais aussi la création de liaisons interurbaines reliant les agglomérations et l’utilisation des couloirs de bus. « Il faudrait également mettre en service des parkings sécurisés, généraliser des zones apaisées à 20 et 30 km/h, favoriser l’accessibilité des gares. L’indemnité kilométrique dans les entreprises privées et publiques pourraient favoriser l’utilisation de la bicyclette. Alors comme dans d’autres grandes villes, le vélo sera utilisé au détriment de la voiture pour le plus grand bien de la qualité de l’air. »