Indignation générale lundi 19 mars au conseil de territoire du pays d’Aubagne et de l’Étoile. Le vice-président délégué à la mobilité de la Métropole, Jean-Pierre Serrus, est venu présenter son projet alternatif au Val’tram qui devait relier Aubagne à la Bouilladisse. Le projet de tramway semble définitivement enterré, jugé trop cher. Il sera remplacé par le fameux « métro express », des lignes de bus entre Aubagne et Aix. « On nous a vendu une pseudo-solution qui n’a plus du tout le même intérêt pour nos communes », s’emporte Sylvia Barthélémy, la présidente du conseil de territoire du Pays d’Aubagne et de l’Étoile. Même déception pour l’ensemble des maires du territoire concerné qui affirment que la desserte du réseau de cars proposée ne répond pas aux besoins des populations locales.
Des bus express qui resteront sur l’autoroute
Alors que le Val’tram prévoyait de rentrer dans les communes, le métro express propose des lignes de bus qui resteront sur l’autoroute. Yannick Tondut, le directeur général adjoint à la mobilité, a présenté le tracé du car qui reliera Aubagne et Aix-en-Provence. Ce transport à haut niveau de service desservira outre ses terminus : Aubagne Camp de Sarlier, Pont de l’étoile, Pont de Joux, Baume-Marron et La Barque. Le calendrier prévoit un mise en service dans trois ans. Pour rejoindre les arrêts, la Métropole a prévu la création de parc relais à proximité pour y laisser son véhicule. Des passerelles enjamberont l’autoroute pour créer un accès piéton vers les stations desservies : « Imaginez les usagers dans le froid, la nuit, prendre ses passerelles et je parle même pas des accès handicapés… », se désole Sylvia Barthélémy qui oppose cette solution au Val’tram qui « allait chercher les gens quasiment au pied de leur immeuble », assure-t-elle.
Le temps de parcours sera le même que pour le Val’tram, soit 23 minutes entre Aubagne et la Bouilladisse et moins de 50 minutes pour atteindre Aix, promet la Métropole. Elle prévoit une fréquence d’un bus toutes les 10 minutes en heure de pointe. La flotte de dix cars roulera au biogaz. Coût estimé du projet : 25 millions d’euros, soit bien en dessous-de la facture annoncée de 130 millions du Val’tram. « Bien sûr, il y aura peu d’aménagement à faire sur les autoroutes car la portion entre Aubagne et Aix est l’une des plus fluides de la région, les bus n’auront même pas besoin de voies réservées pour circuler. Ce parcours ne résout en rien les embouteillages pour nos administrés. Ils se trompent de problème », affirme Sylvia Barthélémy.
Un « considérable gaspillage d’argent public »
L’élue pointe du doigt le « considérable gaspillage d’argent public qu’engendre l’abandon du Val’tram ». Lors de la réalisation de la ligne de tramway à Aubagne, ce sont huit rames qui ont été achetées alors que la ville n’en utilise que trois et le centre de maintenance apparaît comme surdimensionné pour le plus petit réseau de France. « Nous avons dépensé 20 millions d’euros pour ces équipements et la Métropole continue de payer les emprunts. La chambre régionale des comptes avaient déjà pointé du doigt ses dépenses disproportionnées mais nous leurs avions opposé l’arrivée du Val’tram qui prévoyait de réutiliser les rames en plus », raconte-t-elle. Sans compter le coût des études engagées depuis plusieurs années estimé à près de 10 millions d’euros. La voie ferrée de Valdonne, acquise au prix de 1,6 million d’euros à la SNCF, devrait finalement être transformée en voie verte pour les promeneurs et les vélos.
Cependant, la Métropole inclût dans son projet une future prolongation du tramway aubagnais vers la Penne-sur-Huveaune avec cinq stations supplémentaires pour un tracé de 2,5 km dont l’extension est envisagée à terme jusqu’à Marseille. A quel horizon ? Mystère… La zone d’activités de Napollon qui devait être desservie par le Val’tram serait également impactée par ce revirement. De nombreux projets d’extension du foncier économique et de construction de logement pourraient être remis en cause : « Beaucoup d’entreprises attendaient le Val’tram pour venir s’installer, c’est un coup dur pour l’économie locale », insiste la présidente du conseil de territoire.
Pour Jean-Pierre Serrus, pas question de transiger, le coût du Val’tram est « insoutenable » par la collectivité (lire l’interview de Jean-Pierre Serrus). De plus, il affirme que le métro express dessert davantage de communes que le Val’tram. Il s’est donc engagé à mettre très rapidement en place un comité de pilotage du projet auquel participeront toutes les communes pour répondre aux questions avant la fin du premier semestre de l’année. De son côté, le conseil de territoire du Pays d’Aubagne et de l’Étoile prévoit de lui opposer l’opinion publique. Un grande consultation par téléphone sera bientôt réalisée sur environ 30 000 foyers afin de connaître leur avis sur le métro express et les résultats seront rendus publics afin d’étayer l’opposition des maires au nouveau projet de la Métropole.
> Pour aller plus loin :
[Document source] Aubagne : les craintes d’abandon du projet de Val’ Tram
Pour 2018, Sylvia Barthélémy rappelle son territoire aux bons souvenirs de la Métropole