Après le Meet-up mobilité métropolitain du 1er juin dernier à l’aéroport Marseille-Provence, les acteurs économiques se sont une nouvelle fois mobilisés autour des transports, en parallèle de l’agenda métropolitain. Portés par la Maison de l’emploi de Marseille et en partenariat avec la Cité des entrepreneurs, la Métropole et la CCIMP, ils ont ainsi pris l’initiative de se réunir à Marseille et de dévoiler les principales actions retenues, moins d’un mois après le Meet-up. Avec toujours le même objectif : sensibiliser et guider les entreprises et salariés à la mobilité, pour faciliter l’accès et le maintien dans l’emploi des habitants du territoire.
Six personnes sur 10 ont refusé un emploi pour défaut de mobilité
Le 1er adjoint de la Ville de Marseille, Dominique Tian, prend son rôle de président de la Maison de l’emploi de Marseille très au sérieux, « l’un des instruments de la vie économique de la Ville », rappelle-t-il. « 60% des potentiels employés ont refusé un poste parce qu’ils refusaient de s’y rendre. Pourquoi ? Par rapport à la mobilité. Ça correspond à 2,5 points de chômage », ajoute celui qui vient de perdre son mandat de député. « La Métropole a un rôle à jouer. Elle a deux compétences en la matière : la politique de la mobilité et la recherche d’entreprises qui viendraient s’installer sur le territoire. Nous avons des quartiers excentrés, plus difficiles d’accès. Il faudrait par exemple discuter de l’allongement du métro jusqu’à Bonneveine. Il y a toute une réflexion à avoir », affirme-t-il.
Car le manque de mobilité peut être un frein très important au développement économique. Chacun des acteurs en a conscience. Dominique Tian en appelle au gouvernement : « Il faudra l’aide de l’État, qui doit prendre ses responsabilités d’aménageur, comme il a pu le faire à Paris ou à Lyon ces dernières années. À Lyon, ça marche vraiment bien. À Lille aussi. Il y a de nombreux terrains disponibles ». On le comprend, la problématique de la mobilité demeure fondamentale. Fabrice Alimi, vice-président de la CCIMP, martèle que « sans mobilité, il n’y a pas de capacité à se déplacer. Et donc, pas de capacité à pouvoir trouver un emploi ».
Des actions pilotes sur les zones d’activités
Pour cerner les différents problèmes et aboutir à des solutions, « on a tous travaillé ensemble » nous dit Fabrice Greffet, élu à la CCIMP. Stéphanie Chauvet, directrice de la Maison de l’emploi de Marseille (photo ci-dessus), appuie sur cet effort : « Depuis le 1er juin, à l’aéroport, nous avons mis tout le monde autour de la table. Les entreprises ont tout intérêt à encourager leurs salariés à utiliser d’autres modes de transport que la voiture et rien que la voiture. Cela entraînera une diminution de leurs dépenses. Et surtout, on diminuerait le risque des accidents. Il ne faut pas oublier qu’un quart des accidents de travail sont des accidents de trajet », rappelle Stéphanie Chauvet.
Anne-Laure Nardone, chargée de mission à la Maison de l’emploi, détaille les cinq grandes actions retenues à l’issue du Meet-up du jeudi 1er juin. « Il y a des attentes très fortes des acteurs économiques sur cet agenda métropolitain. Nous avons mis l’accent sur des actions qui pourraient être déployées sur l’ensemble des zones d’activité. Ces actions pilotes feront l’objet d’un choix final qui sera collégial », révèle-t-elle.
Cinq pistes pour tout changer
La question de l’information. Il existe de nombreuses solutions de mobilité sur le territoire. Anne-Laure Nardone a confirmé la volonté de faire un état des lieux de diffusion de l’offre de service de mobilité alternative sur l’ensemble du territoire de la Métropole. Cet état des lieux serait effectué en concertation avec l’ensemble des partenaires.
Des dessertes en transports en commun, adaptés à une zone d’activité. Le 1er juin, le groupe de travail avait notamment mis en avant la navette de transport micro-collectif publique Chrono Pro, propulsée par Transdev ; ou encore la navette Nord We Go, portée par Cap au Nord Entreprendre. « Le fameux dernier kilomètre peut être assuré avec ce système. La formule, privée ou publique, est à réfléchir », nous a glissé Anne-Laure Nardone.
Priorité au vélo. La solution deux roues est intégrée par les entreprises et les salariés. La banalisation du vélo comme mode transport passe par une meilleure sensibilisation aux pratiques d’intermobilité.
Le covoiturage. « Des projets sont en cours. Il existe le covoiturage dynamique, avec les moyens numériques. On a imaginé de faire une action pilote sur un axe porteur en termes de flux domicile-travail », nous confie la chargée de mission de la Maison de l’emploi.
La question de l’animation. Rappelons que les entreprises qui emploient au moins 100 salariés devront se conformer à la loi sur la transition énergétique à compter de janvier 2018, et ainsi proposer un plan de mobilité. Anne-Laure Nardone détaille les bienfaits d’une telle action : « On pourra maîtriser le risque routier. On veut faire autre chose que le tout voiture. Il serait intéressant d’imaginer une préfiguration de poste de conseil mobilité sur les bassins d’emploi qui ne sont pas pourvus. On n’a pas de réelle équité sur le territoire en terme d’animation aujourd’hui ».
Avant de mettre en œuvre ces pistes de travail, plusieurs comités de pilotage et réunions de concertation sont annoncées. Une mise en place rapide est évoquée : « On va se donner moins d’un an pour les réaliser. Certaines sont déjà dans les tuyaux. On sensibilise depuis six ans les professionnels de l’emploi, les salariés, les demandeurs d’emploi » souligne Stéphanie Chauvet.
En septembre, la semaine de la mobilité réunira tous les acteurs
Du 18 au 22 septembre 2017 aura lieu la semaine européenne de la mobilité. Cette dernière existe depuis 2002 et a pour objectif de sensibiliser à la mobilité durable les citoyens de l’Union européenne. L’événement se tiendra sur cinq jours, dans cinq lieux différents, et porté par sept acteurs : lundi 18 septembre à Marseille avec la Maison de l’emploi et la Cité des entrepreneurs, mardi 19 septembre aux Palud à Aubagne, avec Mobilidées, mercredi 20 septembre à La Ciotat, avec Wimooov, jeudi 21 septembre à Aix-en-Provence, avec Mobipôle et l’Automobile Club du Pays d’Aix et vendredi 22 septembre à Salon, avec TMS. Souhaitant faire de cette semaine un moment aussi informatif et pédagogique que ludique, de nombreux jeux (serious game notamment) et animations seront proposés au public. Des entreprises partenaires de poids seront de la partie, comme la SNCF ou La Poste. Totem et Citiz feront la promotion de l’autopartage. En 2016, la semaine avait accueilli plus de 600 personnes. Cette année, « plusieurs milliers de personnes » sont attendues, espère Anne-Laure Nardone. Le rendez-vous est pris.