Alors qu’un accord cadre avait été discuté en fin d’année dernière et mis en place en janvier pour rétablir la qualité des services rendus par la SNCF aux usagers des transports régionaux, le président de la Région Paca Christian Estrosi est forcé de constater que ce document n’a servi à rien. « La SNCF n’a respecté quasiment aucun de ses engagements » a déclaré M. Estrosi mercredi 5 octobre lors d’une conférence de presse. Et 86 jours de grève après, « un record en France, » il jette l’éponge et rompt toutes les négociations en cours. Il a annoncé sa décision en « tête à tête à Guillaume Pépy (le président de la SNCF) lundi. » Ce dernier lui aurait demandé encore du temps pour redresser la situation, ce que refuse désormais le président de la Région Paca qui estime que la situation est « intolérable. »
36 millions de remboursements demandés à la prochaine assemblée plénière
Christian Estrosi annonce travailler désormais sur plusieurs pistes pour trouver des alternatives : transport par bus, ouverture à la concurrence, groupement international, développement d’une régie… Le président de la Région veut en outre être remboursé de la prestation non effectuée par la SNCF. Une délibération demandera ainsi le 3 novembre prochain lors de la prochaine assemblée plénière de la Région le remboursement de 36 millions d’euros à la SNCF (sur un contrat annuel de près de 300 millions d’euros.) Le président Estrosi annonce également le lancement d’assises de la mobilité et une nouvelle carte transports pour les jeunes à la place de la carte Zou.
[Direct] @cestrosi : la collectivité @regionpaca paie depuis des années des jours de grève, des trains qui ne roulent pas à la @SNCF pic.twitter.com/Ek1BwYXMEs
— Gomet’ (@Gometmedia) 5 octobre 2016
Jean-Yves Petit (EELV) : « Estrosi ne maîtrise pas encore le dossier »
Des annonces et commentaires qui ont suscité une longue réaction (lire l’intégralité plus bas) de Jean-Yves Petit (EELV) vice-président aux transports lors de la dernière mandature de Michel Vauzelle. Il déclare notamment : « La posture de Christian Estrosi ressemble fortement à celle des tenants de la ligne de la Droite dure, à l’image de Laurent Wauquier. Va-t-elle se poursuivre jusqu’à l’ouverture officielle des TER à la concurrence, dans 3 ans ? » Et de lancer : « Si les usagers ne doivent jamais être pris en otage, ce qui semble très juste. Le raisonnement doit être le même pour les milliers de salariés de la SNCF, pris en otage dans le cadre de cette rupture… Le président de la Région Paca met en cause la précédente majorité et évoque des propositions. De toute évidence, il ne maitrise pas encore le dossier des transports régionaux. » Jean-Yves Petit ajoute que si la rupture de contrat entre la Région et la SNCF se confirme à l’échéance du 31 décembre 2016, « il convient d’assurer la continuité du service public dans les meilleures conditions et la plus grande qualité pour les usagers. Cela signifie qu’au minimum l’offre prévue pour l’année 2016 soit reconduite en 2017. »
Le communiqué de Jean-Yves Petit (EELV)
Solutions alternatives à la SNCF : les réponses de Jean-Yves Petit aux 5 pistes évoquées par Christian Estrosi.
> La création d’un groupement européen de coopération territoriale avec la Région Ligurie et Monaco « qui a déjà été crée pour l’ancienne majorité. »
> Des cars régionaux lors des travaux sur la ligne Cannes – Grasse, « c’est toujours ce qui a été fait dans ce cadre là … rien de neuf ! »
> Evaluer la pertinence de chaque mode de transport sur d’autres liaisons régionales, par la route et notamment les bus … « Il ne faut pas opposer les modes de transports entre eux. Au contraire, il faut mettre en place un plan de transport reposant sur l’intermodalité (train, car, bus, vélo, voiture, …). Cela est possible, le 1er janvier 2017, la Région sera l’unique autorité organisatrice des transports interurbains (ferroviaires et routiers). »
> La création d’une Régie pour organiser certaines lignes « (lesquelles ?). La Régie Régionale des transports Paca existe depuis 3 ans et exploite les Chemins de fer de Provence … Rien de neuf donc ! »
> Associer les acteurs de la mobilité à l’élaboration d’une stratégie régionale. « C’est bien ! Mais cela aurait été mieux avant la rupture avec la SNCF. De plus voir la taille, équivalente à un ou plusieurs départements, des nouveaux comités de ligne, qui doivent se réunir dans les semaines à venir, montre le peu d’intérêt pour la concertation. »
« Rétablissement de la réalité sous la majorité précédente. »« Pour les TER, durant la période 2002/2014 :
> L’offre a augmenté près de 38 %
> La fréquentation a augmenté près de 55% (plus que l’offre ! > Les recettes directes ont augmenté de 66%
> Le coût au train.kilomètre a augmenté de 48%
> La SNCF a toujours payé des pénalités, 7 millions d’euros en 2014La Région a fait plus qu’assurer son rôle d’autorité organisatrice avec de nombreux efforts financiers pour améliorer le quotidien des voyageurs :
> achat pour 300 millions d’euros de nouveaux trains, dont les derniers automoteurs bi-modes Regiolis (diesel / électrique) pour les lignes entre Marseille et Avignon et les automotrices à deux niveaux regio2N (1000 places assis/debout) pour la Côte d’Azur.
> financement pour plus de 40 millions de travaux d’adaptation et de modernisation des installations de maintenance de ces trains à Marseille-Blancarde, Cannes-la-Bocca et Avignon et des lieux de remisage (Les Arcs, Menton, Miramas, …)
> contribution à la rénovation de plusieurs gares importantes (Nice, Cannes, Antibes, Toulon, …), aux travaux de mise en accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, ainsi qu’en faveur de l’intermodalité avec les bus, les voitures et le vélo (parcs sécurisés)
> investissement, bien au-delà de son champ de compétences, dans la modernisation des voies ferrées pour les trains régionaux. La ligne Avignon – Carpentras a été ré-ouverte au trafic de voyageurs en avril 2015, des 3èmes voies ont été créées sur les sections les plus chargées (Marseille – Aubagne fin 2014, Antibes – Cagnes en 2013), d’autres travaux permettent de tripler le nombre de trains (Toulon – Hyères pour les voyageurs – novembre 2015
> Plus de 160 000 détenteurs d’une carte Zou !, dont 20 000 ont abandonné la voiture pour le transport public régional.
> En 2015, l’offre de TER a augmenté de 8% avec, notamment l’ouverture au service voyageurs d’Avignon/Carpentras. »