Cela fait des mois que les services de la Ville préparaient cet événement planétaire. Des mois que Richard Miron, l’adjoint aux Sports, attendait son étape, dans le but de donner le meilleur de Marseille aux 194 TV venues du monde entier, dans l’aspiration du peloton du Tour de France. Avec plus de trois milliards d’internautes et téléspectateurs attendus, pour ce qui s’annonçait être le règlement de comptes entre les cadors de la Grande Boucle, ce samedi 22 juillet représentait aussi une opportunité exceptionnelle d’envoyer une image positive et faire resplendir les merveilles de la capitale provençale
Le rendez-vous n’a pas déçu. Il s’est déroulé sans incident et le plus fort a gagné. Mais entre le stade Orange Vélodrome rempli au quart, et les socquettes terriblement lourdes d’un Romain Bardet à l’agonie, le spectacle sportif et populaire n’a pas vraiment eu lieu. Certes les images furent belles mais on aurait tant aimé voir un Vieux-Port plein à craquer et la Corniche remplie pour fêter les champions du vélo. Dommage mais la chaleur, suffocante, les restrictions d’accès, les contraintes de sécurité ont découragé bon nombre de spectateurs de se rendre sur le parcours.
Et pourtant lorsque Romain s’élança à 17h02 dans l’Orange Vélodrome, une clameur à faire frissonner jaillit des tribunes. Cela fait plus de trente ans que les amoureux de la petite reine attendent ce moment. Un Français sur la plus haute marche du podium à Paris, d’autant plus avec une couronnement à Marseille, le pied de nez aurait pu être terrible. Mais le leader d’AG2R était vide, les jambes ne tournaient pas, et l’ascension de la Bonne-Mère fut une souffrance sans nom. Il se dodelinait sur son vélo, comme un sac plastique battu au quatre vents. Quasiment arrêté dans la pente abrupte, les cris de la foule compacte ne changèrent rien, Romain n’avancerait pas. Il n’a jamais pu créer l’illusion.
On a beau être un magnifique champion et tout calculer, l’organisme parfois lâche. Les trois semaines d’effort, d’une intensité incroyable, ont été mal digérés, assimilés et tout héros qu’il est, Romain reste un humain. Et alors que la machine Froome pointait ses dents acérées dans le dos du Français, au milieu de la ligne droite du Prado. Le dauphin du britannique s’accrocha, comme un dernier bastion à conserver avant la défaite finale, il ne passera pas et Romain Bardet sauvera sa place sur podium pour une petite seconde. Une petite victoire, avant la grande dans quelques années. De bataille pour le maillot jaune, il n’y a pas eu, mais les Français ont su nous faire plaisir. À l’image du grand sourire d’un Warren Barguil victorieux, et à pois. La France possède une génération dorée, dommage que les Marseillais ne furent pas plus nombreux au rendez-vous et laissèrent une multitude de gradins vides pour l’adouber.