La division de Marseille de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) a présenté le 5 octobre le bilan de son action de contrôle en 2016. Si le niveau est jugé « globalement satisfaisant », des disparités existent entre les différents sites de Cadarache. Mais surtout, les usages dans le médical doivent être mieux encadrés pour assurer la protection des personnels comme des patients.
Si l’énergie nucléaire est aujourd’hui la source principale d’électricité en France, elle est également de plus en plus utilisée en médecine. Lors de la présentation de son bilan de contrôle le 5 octobre, l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) a pointé certains manquements aux règles de sécurité dans les établissements de soin. Dans le cas de la chirurgie radioguidée par exemple, « les dispositions réglementaires relatives à la radioprotection des travailleurs comme des patients restent peu appliquées », note Aubert Le Brozec, chef de la division de Marseille de l’ASN.
Attention au surdosage et à la gestion des déchets
La médecine nucléaire utilisée en imagerie demande également aux hôpitaux de se doter d’équipement assurant la sécurité des personnes. L’un des principaux point noir, « les plans de gestion des déchets restent incomplets », annonce l’ASN. L’évacuation des effluents radioactifs peut parfois mettre en danger le personnel. En 2014, La Timone a été obligée de fermer des bureaux suite à une fuite de canalisation et une suspicion d’irradiation des postes de travail. Le service a depuis été transféré à la Conception et des travaux sont en cours à la Timone pour une réouverture en 2020. En radiothérapie, l’ASN observe une poursuite des efforts pour la mise en œuvre d’un système de management de la qualité et de la sécurité des soins. Les services doivent avoir un certain nombre de physiciens chargé de vérifier les doses et si, sur le papier, les effectifs semblent suffisants, « nous restons vigilants quant aux réalités sur le terrain », prévient Aubert Le Brozec. L’an dernier, un incident a été déclaré à l’institut Saint-Catherine d’Avignon suite à un surdosage pour un patient dans le cadre de soins palliatifs.
Une traçabilité très incomplète des colis
Le transport des matières radioactives dans le domaine médical, en particulier dans les services de médecine nucléaire, reste également problématique. « Les enjeux demeurent insuffisamment pris en compte. Par exemple, lors de la réception des colis, les mesures de radioactivité sont parfois incomplètes. La traçabilité de ce qui entre et ce qui sort l’est aussi », alerte le gendarme du nucléaire. Ce sont plus de 30 000 colis de matières radioactives qui sont livrés chaque année en Paca, dont la grande majorité pour le médical ou l’industrie. Seuls 10 % sont destinés aux centrales mais leur niveau de radioactivité est très élevé. Sur le transport de ces colis exceptionnels, l’ASN considère que la réglementation est correctement appliquée même si deux incidents ont été signalés à cause d’un mauvais arrimage.
Deux mises en demeure pour le CEA Cadarache en 2016
L’an dernier, l’ASN a réalisé 41 inspections relatives aux installations nucléaires de base du centre CEA de Cadarache. Si le niveau de sûreté reste globalement satisfaisant, elle relève encore des disparités persistantes entre les installations. Par exemple, à la suite de lacunes dans la rigueur d’exploitation rencontrées sur les stations de traitement de déchets solides (STD) et de traitement des effluents liquides aqueux (STE), l’ASN a mis en demeure le CEA d’améliorer ces deux installations. Ainsi, le site a été séparé en deux installations distinctes et la station de traitement des effluents a finalement été arrêtée et est en voie de démantèlement. L’ASN a utilisé une seconde fois son pouvoir de coercition sur le CEA au sujet du non-respect d’une échéance prescrite pour la réalisation de travaux de rénovation sur l’installation STAR (station de traitement, d’assainissement et de reconditionnement). Le gendarme du nucléaire reste également très vigilant sur la reprise des opérations de conditionnement de déchets sur la parc d’entreposage. La nappe située en dessous fait l’objet d’une surveillance mensuelle et semestrielle.