Chaque dimanche, retrouvez “Soit dit en passant”. La chronique engagée d’Hervé Nedelec pour Gomet’. Et rien ne lui échappe !
Aix-Marseille état d’urgence
La nuit s’arrêtera désormais à Aix-en-Provence à 0h30. Ainsi en a décidé la municipalité qui a contraint les établissements du centre-ville à fermer boutique. A Marseille quartier de l’Opéra ce sont neuf établissements réputés « à filles » qui ont été définitivement clos, administrativement. Pour ceux qui osaient encore parler de movida dans les deux villes, il faudra rapidement remiser le dictionnaire français-espagnol. Désormais il faut aller à Nîmes, Montpellier ou Toulouse – en évitant le Béziers de Robert Ménard – pour trouver des correspondances ibériques. Dormez en paix, braves gens.
Un coup pas très franc
Stéphane Ravier maire de secteur Front National a cru bon de s’approprier, dans un montage photo lors de sa cérémonie des vœux, le mur de la corniche Kennedy où trônait naguère le roi Zidane. Ses thuriféraires ont dû concevoir cette communication sur un coup de tête. Rappelons à ceux qui l’ignorent encore qu’avant le beau portrait de Zizou, un certain Albert Cohen venait là, aux Flots Bleus, savourer la vue imprenable sur la rade. Les supporters de Ravier lisent sans doute une autre littérature et leur petit coup de pub n’était pas très franc.
Vous avez dit musée
D’aucuns s’interrogent : où en est le musée de l’OM ? La communauté muséale mondiale donne cette définition d’un musée : « un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. » C’est ambitieux. Mais créer un musée de l’OM qui, comme certains l’annoncent, donnerait notamment à consulter des articles de journaux rappelant la vie glorieuse mais aussi tourmentée du club, sera sans doute très compliqué. On imagine déjà les censeurs écartant ici le suicide d’un dirigeant, là l’incarcération d’un président, là encore les tribulations de quelques transférés… Bref, il serait prudent d’éviter le mot musée.
Le reflet de la solidarité
[pullquote]Le reflet dans le plafond miroir de l’ombrière était cruel de vérité.[/pullquote] Il y a eu une manifestation pour apporter un soutien sans faille au professeur juif attaqué à la machette alors qu’il se rendait dans son établissement scolaire. Pour nous y être associé, nous avons pu constater combien l’ombrière était un révélateur… de vérité. Malgré les appels des étudiants juifs, de l’Unef, de la Licra et de SOS racisme, organisations qui avaient délégué leurs représentants nationaux, il n’y avait qu’une petite centaine de manifestants dans le vent et le froid. Le reflet dans le plafond miroir de l’ombrière était cruel de vérité. Faut-il en tirer quelques leçons pour autant ? Marseille est-elle indifférente à l’antisémitisme qui a gagné si l’on se réfère aux statistiques du terrain ? Non, sans doute pas, mais il faut désormais s’interroger. A haute voix.
1515, Marignan, 1567, Marseille
Un dossier du Point dénonce les privilèges accordés ici et là en France aux employés territoriaux. On trouve bien évidemment, pointées du doigt, des municipalités de gauche, forcément favorables à un statut privilégié pour leurs salariés. On trouve aussi Marseille, a priori municipalité libérale – donc opposée aux 35 heures – où les municipaux travaillent 1567 heures par an, au lieu de 1607. Notre confrère évoque rapidement un alibi pour justifier ce privilège : le prix à payer à la paix sociale. En ces temps de guerre on ne va pas se plaindre de vivre en paix.
Hongrois Finkielkraut ou pas
A deux reprises (sur France Inter puis dans des Paroles et des Actes) le philosophe Alain Finkielkraut a relayé une citation de Viktor Orban, Premier ministre hongrois qui a comparé Marseille à un vaste camp de réfugiés. Le gauchiste repenti dans l’émission de Pujadas parle aussi des « pogromistes » qui rêvent de faire un sort aux juifs dans la cité deux fois millénaire. Finkielkraut va entrer à l’Académie Française. Tant mieux. Ca chauffe un peu moins sous la coupole. Jean d’Ormesson qui s’y connait pourra lui expliquer que comme le disait Sartre parfois « les mots sont des épées ». Et pas d’apparat comme celle des hommes en vert.
Notre maître d’école
[pullquote]Il dit surtout combien ces instituteurs sont de véritables passeurs de vie[/pullquote] Il faut se précipiter voir le documentaire d’Emilie Thérond « Mon maître d’école ». Pour de nombreuses raisons. Il raconte la derrière année de carrière d’un enseignant dans un village cévenol. Il dit surtout combien ces instituteurs sont de véritables passeurs de vie, de civisme, de citoyenneté. Apprendre à apprendre est leur rôle premier mais apprendre à vivre ensemble, à comprendre l’autre, à accepter les différences fait aussi partie de leur sacerdoce. On se dit que ce document extraordinaire de vérité sera un onguent absolu pour tous ces enseignants qui continuent à se battre pour que l’école de la République reste ce pour quoi elle a été bâtie : le carrefour de tous les possibles pour les enfants qu’on lui confie.