La Société du canal de Provence (SCP) vient de lancer un appel à projets pour créer un champ de panneaux photovoltaïques posés sur des flotteurs, sur le Vallon Dol, un bassin de 7 hectares qui alimente l’agglomération marseillaise.
C’est une première en France. Le concept de centrale photovoltaïque flottante n’existe pour le moment qu’en Asie, en Italie et en Angleterre. L’idée est d’utiliser un site déjà affecté à un autre usage, afin de pallier le manque de foncier. « Aujourd’hui, le Vallon Dol, situé au-dessus de la Batarelle dans le 13e arrondissement, est un bassin de stockage, à l’extrémité du canal de Provence, utilisé pour la sécurisation de l’alimentation en eau de l’agglomération marseillaise, explique Jean-François Cloarec, chef du département Énergies renouvelables à la SCP. Sa capacité de 3 millions de m³ correspond à deux fois celle du Vieux-Port. Utiliser cette surface pour implanter des panneaux photovoltaïques au lieu de les mettre en plein sol ou sur une surface réservée à l’agriculture par exemple permet de valoriser cet endroit. »
Mais la mise en œuvre de cette centrale d’une puissance de 10 mégawatts (l’équivalent de la consommation de 6 000 habitants) constitue un défi technique. « Le niveau de l’eau dans cette réserve est susceptible de varier. On peut même envisager d’ici 10 ou 20 ans que le bassin soit totalement vidé à des fins de maintenance et que les panneaux soient donc démontés puis remontés. L’installation doit donc être conçue de manière assez souple pour qu’elle s’adapte à la vie de la réserve. »
La SCP cherche ainsi actuellement un opérateur dans le domaine de l’énergie, spécialiste du photovoltaïque, pour l’accompagner dans le développement de ce projet. « D’ici la fin de l’année, nous aurons en main les propositions des candidats ayant répondu à notre appel à projets et nous pourrons sélectionner notre partenaire début 2018. Nous espérons une mise en service en 2021. » Pour le moment, la SCP estime les coûts relatifs à cette centrale à plusieurs millions d’euros. « Ce projet ne verra le jour que si le retour sur investissements convient à la SCP et ses actionnaires. Nous en saurons plus dans six mois », précise Jean-François Cloarec.
Le photovoltaïque, au cœur de l’innovation
Ce projet participe de la politique d’innovation de la SCP, notamment dans le domaine du photovoltaïque. « Nous cherchons en permanence à développer les énergies renouvelables, confirme Jean-François Cloarec. L’eau est déjà turbinée et les projets concernant le développement du photovoltaïque concerne la totalité de nos ouvrages. »
L’autre projet innovant de la SCP se nomme Canalsol et consiste à couvrir le canal de panneaux. Une première étape a été conduite en collaboration avec le CEA. Le canal étant à ciel ouvert, il s’agirait de créer une structure qui supporte les panneaux en s’appuyant sur les berges et de la mettre en œuvre sur toute la longueur sur laquelle il y aurait un potentiel. « Cela dépend de l’ombrage, de l’orientation et de la distance au point de raccordement au réseau électrique. Plusieurs dizaines de kilomètres seraient équipables. » L’intérêt du voisinage de l’eau dans cette installation comme dans celle de la centrale flottante est double : elle rafraichit les panneaux et augmente leur rendement.
Actuellement, la SCP cherche un modèle économique pertinent et s’apprête à tester un prototype sur quelques centaines de mètres. « Nous entrons dans une phase de développement semi-industriel. Si les résultats sont satisfaisants, la phase d’après sera celle de la commercialisation, d’ici, peut-être 2021. »
Liens utiles : Articles Gomet’ concernant la SCP