La déchéance de nationalité des Français binationaux coupables d’actes terroristes divise au sein-même du Parti socialiste. Et à Marseille, les parlementaires sont vent debout contre cette mesure qui fera partie de la révision constitutionnelle voulue par le président de la République, François Hollande. Alors qu’au niveau national, le PS s’est divisé, à Marseille l’unité prévaut.
Marie-Arlette Carlotti s’en explique sur son blog. Elle votera contre « parce que cette mesure touche à des valeurs fondamentales comme l’égalité, et à des principes intangibles comme le droit du sol ». Elle s’en prend ensuite au premier ministre, Manuel Valls qu’elle appelle à entendre « les multiples voix de gauche et républicaines qui s’élèvent contre cette réforme ». Sur Twitter, elle répond d’ailleurs de façon indirecte au discours du Premier ministre. Quand Manuel Valls déclarait qu’ « une partie de la gauche s’égare au nom de grande valeurs », l’ancienne ministre déléguée rétorque qu’ « on ne s’égare jamais lorsqu’on se cale sur ses valeurs ».
On ne s’égare jamais lorsqu’on se cale sur ses valeurs. Non à la #decheancedenationalite
— M-A Carlotti (@MACarlotti) 27 Décembre 2015
Pour Patrick Mennucci, député des Bouches-du-Rhône (circonscription des 1er, 2ème et 3ème arrondissements de la cité phocéenne), « constitutionnaliser la déchéance de nationalité pour les Français de naissance revient à toucher au principe de la déclaration universelle des droits de l’Homme et du citoyen qui instaure une égalité devant la loi ». La position de celui qui avait été également rapporteur de la commission d’enquête sur le djihadisme s’explique aussi de façon plus pragmatique. En effet, il juge dans son communiqué « inefficace voire dangereux de renvoyer un terroriste binational déchu de notre nationalité car il échappera ainsi à la surveillance de nos services et pourra recommencer ses funestes actions ».
Pourquoi je ne voterai pas le texte proposant l’inscription dans la constitution de la #decheancedenationalite pic.twitter.com/fTsV28ILz9
— Patrick Mennucci (@patrickmennucci) 28 Décembre 2015
Pour Henri Jibrayel, autre député socialiste (14ème, 15ème et 16ème arrondissements de Marseille) c’est aussi « Non à la déchéance de nationalité » car « combattre le terrorisme est une évidence mais ne perdons pas nos valeurs en divisant les Français. »
Combattre le terrorisme est une évidence mais ne perdons pas nos valeurs en divisant les Français. Non à la déchéance de nationalité
— Henri Jibrayel (@henrijibrayel) 28 Décembre 2015
La sénatrice-maire des 15ème et 16ème arrondissements, Samia Ghali, s’insurge également contre cette révision constitutionnelle qui « fracture la France et remet en question ses valeurs fondamentales. On ne peut pas prôner l’union nationale et fabriquer en même temps la désunion en créant des catégories ». L’élue des quartiers Nord redoute également qu’en « désignant les binationaux du doigt, on montre une cible. C’est dangereux parce qu’on commence par vouloir déchoir certains de leur nationalité, puis on passe à autre chose. Cela rappelle Vichy ».
Je voterai contre une loi qui fracture la France et remet en question ses valeurs fondamentales. https://t.co/GcrLyaDX0y
— Samia GHALI (@SamiaGhali) 28 Décembre 2015
Bon nombre d’élus socialistes marseillais, à l’instar de Benoît Payan, sont du même avis que les quatre parlementaires. Quant à Stéphane Mari, président du groupe PS au conseil municipal de Marseille, sa position détonne. Il propose la déchéance de nationalité pour les évadés fiscaux. En ce qui concerne les autres parlementaires PS des Bouches-du-Rhône, ils ne se sont pas prononcés sur le sujet.
Comme @henriemmanuelli je suis favorable à la déchéance de la nationalité pour les évadés fiscaux #decheancedenationalite
— Stéphane MARI (@stephanemari) 24 Décembre 2015