« L’Europe respire » résume le New York Times, et « la vieille France est morte » renchérit en Autriche le Kurier. Pour le Guardian, « Emmanuel Macron devra bouger très vite pour s’assurer une majorité à l’Assemblée nationale. S’il n’y parvient pas, il y a danger que la France soit politiquement paralysée. » Convergence du Wall Street Journal, en ces termes : « Le premier obstacle à franchir sera de s’assurer une majorité aux élections législatives. S’il échouait, il aurait à rechercher des alliances avec les partis d’opposition et pourrait même être contraint à une cohabitation. »
Selon Bloomberg, cette victoire « donne un coup d’arrêt aux mouvements populistes qui ont provoqué le Brexit et porté Donald Trump à la Maison Blanche ». Le Spiegel, en Allemagne, recommande au gagnant de « traduire ses mots en actes ». D’après Le soir de Bruxelles, il s’agit désormais pour les démocrates de « chercher et faire advenir un projet alternatif permettant d’envisager un renouveau des espérances européennes.»
Petit pays et grandes idées
Depuis le Portugal, un confrère évoque « le petit pays aux si grandes idées » qui sait se tenir à distance à la fois « du leadership américain et de l’influence russe. » A Madrid, El Pais soutient que « les démocrates du monde entier » ont retenu leur souffle avant cet heureux dénouement. L’hebdomadaire Courrier International constatait cette semaine que « de Johannesburg à Shanghai, la France continue de faire rêver », malgré beaucoup de « désillusions partagées ». Certes, écrivait l’italien Malaparte (en 1947), ce pays « produit moins de fonte que l’Amérique ou la Russie, ou l’Angleterre… Mais ce n’est pas la fonte qui fait la grandeur d’une nation. » Même la presse russe le reconnaît, « Marine le Pen n’a pas su se présenter en mère de la nation ». D’après le site TSA -Algérie, la fille de Jean Marie le Pen garde « les Algériens vivant en France dans son viseur. »
Contre la stupidité
Selon Die Zeit, si les Allemands avaient voté ce dimanche, ils auraient choisi Emmanuel Macron à 73%… Mieux encore, les grunen, (écologistes de ce pays ) l’auraient plébiscité à 95%. Aux yeux de l’historien polonais Michnik, preuve est faite « que la raison peut gagner contre la stupidité. » Il espère que « gouverner par le centre » peut apporter à la France « quelque chose de nouveau, qui peut fonctionner. » En Suisse, Le Temps décrit un véritable « séisme, la fin d’un cycle politique… Après sa foudroyante ascension, Macron transformera le pays par sa jeunesse et sa capacité à recomposer le paysage politique. »
Chef du gouvernement outre-Manche, Theresa May fut la première à complimenter le vainqueur. La chancelière Merkel , appelant le gagnant par téléphone, a tenu à saluer un succès analysé comme « une victoire pour l’Europe. » A Bombay, en Inde, le quotidien Miror constate que « les Français ont élu le plus jeune maharadjah de toute leur histoire. » El Mundo, en Espagne, rappelle que cet inspecteur des finances « est aussi pianiste, poète et philosophe… Le candidat de rêve, l’homme parfait ! » La plupart des dirigeants européens, à l’instar du président Juncker, se réjouissent de la réussite d’un véritable europhile qui ne masqua jamais les étoiles du drapeau continental, tout au long de sa campagne.
Nouvel empereur
A Francfort, le Frankfuter Allegemeine Zeitung dépeint le nouveau président comme « un golden boy qui lit Goethe. » À Toronto, au Canada, le Globe and Mail se demande « si l’avenir sera autre chose qu’une coquille vide propulsée au plus haut échelon par sa propre ambition débordante. » Le Spectator de Londres redoute que « le nouvel empereur de l’Europe » n’aille « droit à la catastrophe.» A Bucarest, le journal Adevarul compare l’ancien ministre à « Persée, qui a affronté une gorgone politicienne chevronnée crachant du feu et des flammes.» Enfin, selon Al Jazeera, cette « large victoire du centriste Emmanuel Macron sera un soulagement pour les alliés européens de Paris » , tandis que l’autrichien Standard le compare volontiers à deux charismatiques prédécesseurs : Kennedy et Tony Blair.