Si depuis la réforme de 2008, le port de Marseille-Fos n’est plus « autonome » ; la Cour des comptes trouve que l’État, premier co-financeur de l’établissement public, brille par son absence de contrôle. Le rapport pointe « un pilotage insuffisant par l’administration centrale du ministère chargé des ports ». Les projets lancés au niveau local ne semblent pas articulés avec une stratégie de l’État qui « n’a toujours pas signé de contrat pluriannuel, pourtant prévu par la loi ». Une critique que l’on retrouve dans les mêmes rapports rendus sur les ports du Havre et de Rouen.
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Une politique salariale inexistante
Plus loin, les magistrats continuent d’attaquer la lisibilité des relations entre le GPMM et l’Etat. Ce dernier n’est pas davantage intervenu dans les négociations salariales, nationales et locales, qui pèsent sur la situation financière de l’établissement public. « La masse salariale fait l’objet d’un cadrage par l’État alors que ce dernier est complètement absent des négociations conduisant à des dérives aussi bien au plan national que local. Le système antérieur à la réforme portuaire s’est donc aggravé », affirme le rapport. La Cour des comptes est impitoyable sur la gestion des ressources salariales : « L’établissement public ne réunit aucune des règles idéales de pilotage salarial : il n’évite pas les automaticités, ni les reports, il n’a pas de marge pour les mesures individuelles non automatiques ». Les syndicats, et notamment le plus important, la CGT, pèseraient toujours très lourd sur le fonctionnement du port. La Cour regrette que la réflexion sur l’organisation du travail n’ait pas été approfondie par le GPMM, en raison de l’opposition du syndicat majoritaire. De nombreuses dépenses de personnels semblent dater d’un autre temps mais perdurent toujours dans l’enceinte du port. Par exemple, la « prime de panier » perçue par tous les agents qu’ils déjeunent ou pas au réfectoire alors que certains d’entre eux bénéficient de la gratuité des repas…
Des financements communautaires insuffisants
Côté financement, la cour regrette le manque de recherche de fonds auprès de la communauté européenne. « Les financements communautaires sont faiblement mobilisés, se limitant à 0,2 %. Cette absence a été relevée également pour le projet stratégique 2014-2018. Avec l’objectif RTE-T, visant un corridor multimodal pour la période 2014-2020, le GPMM dispose encore d’une opportunité de financements communautaires, qui reste limitée dans les faits », regrette les magistrats. Les collectivités territoriales contribuent financièrement aux investissements du port à hauteur de 10 % globalement mais leur part varie selon les secteurs : d’environ 20 % pour les conteneurs logistiques à seulement 2 % pour le secteur roulier, passager et interface ville port. Les montants sont éparpillés parmi une quarantaine de projets. « Cette faiblesse des co-financements, se confirme pour le nouveau projet stratégique. Preuve de ces difficultés, le projet de contrat pluriannuel avait retenu parmi ses indicateurs la participation de l’État et des collectivités territoriales. En 2015, le programme de co-financements n’est pas atteint : 12,5 M€ contre 24,3 M€ prévus initialement », constate le rapport.
Un certain embarras pour la direction du port
Dans un courrier de réponse, Christine Cabau-Woehrel, la présidente du directoire, tempère le tableau dépeint par la Cour des comptes. Elle rappelle que la période observée, de 2009 à 2014, est « largement dominée par la mise en place de la réforme portuaire […] Nous avons donc depuis quelques années partagé pour la plus grande partie l’ensemble des constats posés par la Cour dans ce rapport […] Ainsi, sur la conclusion de ce relevé, je souhaite vous faire part d’un certain embarras, que nous pouvons ressentir à sa lecture, quant aux doutes que la Cour semble nourrir à l’égard de l’ambition de réussite pour le Port de Marseille-Fos ».