Alain Juppé était l’invité d’automne, mercredi 28 octobre, du réseau de femmes actives Altafemina à l’Hôtel Dieu à Marseille. L’occasion pour le maire de Bordeaux (également Président de Bordeaux Métropole et candidat aux primaires Républicaines pour l’élection présidentielle 2017) d’évoquer son actualité, notamment la sortie de plusieurs livres, mais aussi des thèmes tels que l’éducation, l’Europe, la réforme territoriale ou encore l’égalité homme/femme.
Alain Juppé a répondu présent, mercredi 28 octobre, à l’invitation du réseau citoyen de femmes actives Altafemina. Lancé en 2013, ce réseau professionnel et social est présent sur le territoire de la métropole d’Aix-Marseille-Provence et a pour ambition de porter des sujets comme l’entrepreneuriat au féminin, l’engagement des femmes au sein des instances et organes de gouvernance mais aussi de développer un réseau solide de femmes. Alors pourquoi, après Anne Lauvergeon en 2013 et Jacques Attali en 2014, choisir Alain Juppé pour invité d’automne ?
« Alain Juppé est une personnalité forte, importante. On pensait qu’il était intéressant d’inviter un homme ou une femme politique. Le simple fait d’accepter de venir dans un réseau féminin est extrêmement important pour nous » a expliqué Danièle Prieur, Présidente d’Altafemina à l’origine de cette invitation entre échanges et débats, en présence de nombreuses femmes dont Caroline Pozmentier, adjointe au Maire de Marseille déléguée à la Sécurité Publique et à la Prévention de la Délinquance. Pour Alain Juppé, répondre à cette invitation était l’occasion « d’écouter les remarques, les suggestions et les questions des personnes présentes. » C’est Danièle Prieur qui, accompagnée de Jean-Luc Monteil (président du Medef Paca), a posé des questions au maire de Bordeaux sur de nombreux thèmes, avant de laisser la parole à la salle.
L’éducation
Avant de commencer à répondre aux questions, Alain Juppé s’est exprimé longuement sur un thème qui lui tient à coeur, l’éducation. Il a d’ailleurs sorti, fin août, un livre sur le sujet : « Mes chemins pour l’école » (chez JC Lattès), le premier d’une série de trois. L’ancien Premier ministre a détaillé les grands changements qu’il souhaiterait opérer au niveau de l’éducation, afin que tous les élèves aient une chance de réussir à l’école. « Tout se joue à l’école et nous avons besoin de raisonner juste sur ce sujet a souligné Alain Juppé. Je me suis concentré sur l’école (primaire, collège, lycée) et avec des experts mais aussi grâce à des consultations de parents et de professeurs, nous avons mis en avant une série de leviers de changement à opérer. » Ces leviers, ce sont 5 grands axes dont « mettre le paquet dès les petites classes, créer un conseil éducatif d’établissement, revaloriser la condition enseignante, l’insertion des jeunes et enfin la création d’une agence indépendante d’évaluation »
L’Europe
Première question (très vaste) sur l’Europe de Jean-Luc Monteil. Réponse tout aussi vaste du maire de Bordeaux : « L’Europe est en danger. Les inégalités ne se réduisent pas, la zone Euro reste fragile et il y a ce spectacle navrant de la crise migratoire. Il y a ce sentiment de désamour de l’Europe qui se fait ressentir et cela se traduit dans les urnes, notamment récemment en Pologne, avec une monté des partis anti-européens. Je n’accepte pas cela. Alors je n’ai pas de réelles solutions mais quelques pistes. » Les pistes, les voici : « réinventer un rêve européen, actualiser les droits de l’Homme, des femmes et des peuples et surtout la démocratie. » Sur la question des migrants, Alain Juppé estime que l’Europe doit accueillir, oui, mais contrôler, « il faut une police des frontières européennes » explique t-il.
La réforme territoriale
Jean-Luc Monteil poursuit l’interrogatoire. Il fait référence à la réforme territoriale ou encore à la loi NOTRe, sensées simplifier les choses et qui les compliquent finalement. « Alors peut-on avoir confiance en la classe politique ? », demande le président du Medef Paca. La réponse d’Alain Juppé est claire, « il y a aujourd’hui cette défiance, cette coupure. » Il ajoute : « On dénonce depuis des années ce que l’on appelle le millefeuille, nous avons les villes, les départements, les régions, l’Etat et l’Europe ; il fallait simplifier, on a compliqué. Cette réforme est concrètement cafouilleuse ». Selon l’ancien Premier ministre, il n’y avait aucun besoin de faire ces « immenses régions ». La conséquence étant, selon lui, qu’il faudra, dans tous les cas, conserver les départements et que cette réforme génèrera certainement des surcoûts. Alain Juppé s’en prend également à l’Etat qui selon lui « coupe les vivres aux collectivités », en diminuant les subventions ou en exonérant totalement d’impôts de nombreux Français. Bilan, « les maires sont obligés d’augmenter les impôts locaux et c’est aux élus de porter le chapeau. »
Retrouvez l’intégralité de sa réponse :
Marseille
Que pensez-vous de Marseille ? demande Danièle Prieur à Alain Juppé. Le président de Bordeaux Métropole, qui aime sa ville trouve néanmoins que Marseille est un site magnifique, une ville superbe. Il espère d’ailleurs avoir 15 minutes pour pouvoir visiter rapidement le Mucem entre plusieurs rendez-vous. « Avec Bordeaux, Marseille a un point commun, la tolérance et le sens de l’accueil de l’autre souligne Alain Juppé qui ajoute Si je n’étais pas Bordelais peut-être que je m’installerai à Marseille, prenait cela comme une promesse pré-électorale ironise t-il. »
Egalité homme-femme
Enfin parmi les nombreuses questions du public, nous avons retenu celle qui était, le plus en adéquation avec cette rencontre puisqu’il s’agit d’un réseau de femmes actives. Une femme se lève, prend le micro et s’adresse à Alain Juppé : « Les femmes ont le droit de vote depuis 70 ans, c’est peu, certains progrès ont été faits au niveau du droit des femmes. Aujourd’hui certaines citoyennes sont inquiètes, car de façon visible, il semblerait que certains mouvements tentent de limiter ces droits. Qu’est ce qu’un Etat peut faire pour protéger ces citoyennes dans leur droit et leur égalité ? ». L’invité du jour semble d’accord avec ces observations. Selon lui, beaucoup de progrès ont été faits : « Nous avons été un peu lents, et ensuite il y a toute sorte d’évolutions sur la sexualité, la parité dans la vie publique mais nous ne sommes pas encore à l’objectif. Aujourd’hui il y a encore des différences de salaires à responsabilité égale. Il faut faire appliquer les lois de la République avec la plus stricte sévérité, ce n’est pas négociable. »
Les échanges se terminent à l’Hotel Dieu de Marseille. Alain Juppé tentera sûrement de se rendre au MuCEM avant d’installer, à Marseille, un comité du mouvement « Les Jeunes avec Juppé » dans la perspective de l’élection présidentielle 2017.
(Illustrations : Au centre Alain Juppé, à droite Jean-Luc Monteil (président du Medef Paca), à gauche Danièle Prieur (Présidente Altafemina). Crédit photo : Elsa Ozzola)