Les données et leur potentiel urbain ont été l’objet de toutes les attentions lors de tables rondes organisées par l’Agam (Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise) mardi 30 mai au théâtre de la Minoterie. « 2015 est la première année où la valeur des data échangées dans le monde a dépassé celle des marchandises », a souligné Fabrice Coquio, directeur d’Interxion – leader européen des data center. Et la métropole n’échappe pas au phénomène. « La donnée, c’est un sujet très prégnant à Marseille, dans la mesure où on est un noeud d’infrastructures, et qu’une dizaine de câbles arrivent du monde entier, a introduit Laure-Agnès Caradec, présidente de l’Agam (à gauche sur la photo). Il y a donc de grandes ambitions en terme de clusters, d’accompagnement de la croissance de nos entreprises, et surtout, en politique, en terme de smart city ». Pendant près de deux heures, spécialistes de la sphère publique et privée ont pris la parole pour illustrer les possibilités d’utilisation de ces données.
L’enjeu du partage des données
Pour être sources de progrès social, économique et politique, les data doivent d’abord être partagées et ouvertes. Une nécessité intégrée très tôt sur le territoire. « Paca a été la première région à monter une sorte de portail régional dédié aux datas », souligne Gino Bontempelli, chef du service Smart Région. Aujourd’hui, le portail Open Paca rassemble une quarantaine d’acteurs publics partenaires qui publient leurs données. Le second enjeu réside dans la transformation de cette multitude de chiffres obscurs en informations compréhensibles et exploitables. Christian Brunner, directeur de l’Agam, l’a clairement énoncé : « La donnée pour la donnée, ça ne nous intéresse pas ». Mais une fois analysées et recroisées avec d’autres éléments d’information, les data représentent une infinité de possibilités. « Au-delà de la fulgurance de la donnée, ce qu’on cherche à faire c’est la rendre intelligible », résume Christian Brunner. Même préoccupation du côté d’Alexandre Gautier, directeur adjoint de l’Insee Paca qui face au « big bang de la data » se différencie pour la « production d’informations exploitables. » Bittle, une start-up créée à Aix-en-Provence en 2009, est parvenue à rassembler ces deux aspects de l’analyse de données. « Ce qu’on a imaginé, c’est une plateforme qui s’appelle DataRendezVous, explique Christophe Suffys, président de Bittle. C’est un site de rencontre entre des producteurs de données, des consommateurs de données, et ce qu’on appelle des contributeurs ». La mission de ces contributeurs : aider les collectivités ou les entreprises à valoriser leurs données.
Mobilité et smart city
Sur le territoire, le lien entre les opérateurs du numérique est facilité par Euroméditerranée. Rémi Costantino, directeur de la stratégie et de la prospective, résume l’impact de la donnée sur la ville en trois paramètres : « low cost, easy tech, et pour tous ». Maîtrise des prix, accessibilité technologique et création de lien social, les données sont au cœur de l’avenir des cités. Dans le domaine de l’architecture, Renaud Tarrazi, dirigeant de l’agence Map à Marseille, explique comment le « Bim » (maquette numérique) révolutionne le travail dans le bâtiment en intégrant le partage comme une norme. Pour Christophe Guion, directeur des projets innovants à Orange Sud Est, les données sur les concentrations humaines et sur les déplacements peuvent permettre d’adapter les politiques de la ville et de transport. L’application « Ma ville dans ma poche », développée à Nantes, Perpignan et Bordeaux, fournit également des dizaines de micro-services aux utilisateurs. Trafic en temps réel, horaires d’ouverture de la piscine municipale, films disponibles au cinéma, possibilités de parking, menus des enfants à la cantine…
Une infinité d’éléments d’information permettant aux citoyens d’anticiper chacun de leur mouvement, au risque de perdre tout « plaisir de la découverte », comme le soulèvera le spécialiste de l’économie régionale Philippe Langevin lors d’une intervention en fin de séance. Une séance finale de débat où l’on évoqua aussi les problématiques de « safe-city », de modèles économiques ou encore d’évaluation des politiques publiques grâce aux nouvelles données. Des échanges passionnants qui ont soulevé la question majeure de la régulation du domaine. À ce titre, Christian Brunner, souligne le rôle majeur que peut jouer une agence d’urbanisme comme « tiers de confiance », à la croisée des opérateurs publics et privés. Un monde numérique nouveau à construire…
Liens utiles :
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