Depuis sa création en 1985, l’association « Solidarités Nouvelles face au Chômage » (SNC) s’efforce de proposer à des chercheurs d’emploi un soutien humain personnalisé, grâce à un réseau de 2500 accompagnateurs bénévoles à travers toute la France. Elle cherche également à faire taire les préjugés à l’égard des chômeurs, qui se font de plus en plus nombreux. Et c’est ce que les différents intervenants de la SNC se sont efforcés à faire lors du triple événement – anniversaire, débat, conférence – organisé à la Faculté des Sciences d’Aix-en-Provence.
Le trentième anniversaire de l’association était l’occasion de « faire un tour de France de toutes les antennes, qui a débuté depuis le mois de février 2015 et qui compte près d’une centaine d’étapes avec 3 supports : l’exposition photo « Les chercheurs d’or » visible toute la semaine à la Médiathèque de Pont du Las, une pièce de théâtre « un emploi nommé désir » qui circule dans toute la France et enfin une étude de Didier Demazière » comme l’a souligné Vincent Godebout, secrétaire général de l’association.
Une étude pour essayer de comprendre l’expérience du chômage
Didier Demazière, directeur de recherche au CNRS au Centre Sociologique des Organisations (Sciences Po), à l’origine d’une étude sociologique sur l’expérience du chômage, avec quatre autres de ses confrères sociologues a tenu lors de cet événement à présenter ses conclusions. L’objectif principal du travail de Didier Demazière mais aussi de la SNC était « de comprendre l’expérience du chômage et pour atteindre cet objectif la méthode centrale qui a été utilisée est basée sur les entretiens biographiques afin d’inciter les personnes à dire leurs points de vue, leurs témoignages sur les situations “.
Au total une centaine de personnes – 60 à la recherche d’un emploi et 40 venant d’en retrouver un – pour près de 160 heures de tournage ont permis à Didier Demazière de dresser des conclusions de ce fléau de plus en plus présent depuis quelques années. Et sur cette étude le résultat reste sans appel : « le chômage c’est être confronté à une double incertitude : une première face à l’avenir où l’on va se demander quand et comment on s’en sort et la deuxième étant la manière dont il va falloir gérer et supporter cette situation heures après heures et jours après jours. »
Durant cette intervention, le sociologue a insisté sur les doutes, le découragement et l’anxiété constante qu’éprouvent les chercheurs d’emploi face au chômage « toutes les personnes interrogées ont été à un moment donné découragées, » mais également sur les différentes manières qu’ont les chômeurs de parler du travail « certains sont prêts à prendre n’importe quel contrat, d’autres des activités informelles quant à d’autres ils sont à la recherche d’un projet, d’un métier ou encore d’un emploi stabilisateur.»
Une table ronde sur « Changeons le regard sur le chômage »
Pour cet anniversaire, Solidarités Nouvelles face au Chômage est parvenu à réunir l’ensemble des acteurs locaux (Pôle Emploi, UPE13 et CGPME13) afin de prolonger le débat autour d’un thème qui résume la volonté affichée depuis 30 ans par l’association.
Durant ce débat un premier tour d’horizon du marché du travail dans les Bouches-du-Rhône a été réalisé. « Ce n’est pas un scoop, nous sommes dans un contexte économique morose, pour cela il suffit de regarder l’évolution du taux de chômage sur le département. Actuellement nous sommes à 12% soit une augmentation de deux points depuis le début de la crise en 2008 » a tenu à souligner Virginie Baudoin, directrice de l’agence Pôle Emploi d’Aix Vallée de l’Arc. Elle reste néanmoins optimiste: « des signes d’amélioration sont présents si l’on constate l’accroissement de l’emploi salarié, les données sur les déclarations de recrutements et sur les promesses d’embauches sur le territoire aixois. »
Après cette brève contextualisation, le débat s’est ouvert sur le regard porté à l’égard du chômage et des chômeurs. Les intervenants comme Alain Gargani de la CGPME ont soulevé les différents manquements en matière d’emploi dans la région « il y a beaucoup de moyens mis en place le gros problème reste l’adaptation. » De nombreux moyens sont en effet mis en place afin de pallier au chômage, comme les deux dispositifs de la CGPME mis en place par le Pôle Emploi que sont AFPR (Action de Formation Préalable au Recrutement) et la POE (Préparation Opérationnelle à l’Emploi) « qui permettent un accompagnement dans l’entreprise sans qu’elle est de coût de formation. »
Une table ronde constructive grâce à la présence d’acteurs locaux mais aussi grâce à l’intervention de personnes en re-positionnement professionnel soutenus par SNC, comme Catherine Bail, une ancienne journaliste ou Stéphane Ahr, ancien cadre dans la grande distribution et récemment reconvertit dans la boulangerie.
Baisse de 0,7% en septembre
Le chômage a connu en septembre sa plus forte baisse depuis la crise, fin 2007. Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A (sans aucune activité) est en baisse de 0,7 % en France métropolitaine, soit 23 800 de moins en un mois, 0,6 % en incluant l’Outre-Mer. La ministre du Travail, Myriam El Khomri en visite à Marseille et Aubagne au siège de La Varappe (photo de crédit capture Twitter @MyriamElKhomri) s’est réjouie dans un communiqué que, « pour la première fois depuis début 2011, le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a reculé sur quatre mois. » Pôle emploi recense 4 400 demandeurs d’emploi en moins qu’en mai. Selon la ministre, cela « concrétise l’amélioration progressive de la conjoncture économique observée ces derniers mois ».Je l’ai dit le mois dernier seule la tendance compte. Et le chômage est orienté à la baisse sur les 4 derniers mois. C’est encourageant
— Myriam El Khomri (@MyriamElKhomri) 26 Octobre 2015