Samedi 19 mars, environ 300 personnes ont répondu à l’appel à manifester contre les violences de l’extrême droite à Aix-en-Provence. Sur la place de la Rotonde, drapeaux et slogans de divers parti politiques de gauche (PS, PCF, Parti Occitan), de syndicats (CGT, CFDT entre autres) et d’associations avaient rendez-vous « pour la démocratie et pour faire barrage aux violences de l’extrême droite ». « Je suis là pour montrer mon attachement à la liberté d’expression, et montrer à l’extrême droite qu’elle n’a pas encore pris tout le pays » confie fièrement Maxime, étudiant en droit de 24 ans, pour résumer l’esprit de la manifestation.
L’Action Française de plus en plus active à Aix
Depuis quelques mois, les coups d’éclats de l’Action Française se multiplient à Aix-en-Provence, comme la dégradation du local du PCF local. Ou encore l’irruption d’une vingtaine de militants identitaires dans une conférence à Sciences Po sur la montée du FN en Provence le 2 décembre (notre vidéo) et l’action au local des Républicains à Marseille. Suite à cet événement, le député PS d’Aix-en-Provence Jean-David Ciot a réclamé au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve la dissolution de l’Action Française.
Le 25 janvier, la réponse est pour le moins cinglante. Ses vœux à la population sont interrompus par un groupe de militants aux cris de « à bas Ciot, à bas les voleurs, à bas la République ». Jean-David Ciot vient alors d’être relaxé avec l’ancien président du Conseil Général Jean-Noël Guérini, dans une affaire de détournement de fond présumé. Quelques jours plus tard, le 30 janvier, date anniversaire de l’arrivée au pouvoir d’Hitler, des militants royalistes et identitaires manifestent dans les rues d’Aix. « L’agression contre Jean-David Ciot a été la goutte d’eau et a poussé la création d’un collectif » détaille Hervé Guerrera, conseiller municipal d’opposition présent à la manifestation parmi les organisateurs.
Une manifestation dans le calme malgré la crainte
Si la revendication était forte, le rassemblement s’est déroulé dans une ambiance détendue. Drapeaux et pancartes des divers groupes organisateurs se mélangeaient sous le regard parfois curieux des passants, nombreux cet après-midi. Une atmosphère qu’illustre un militant PS lorsqu’il brandit sa pancarte « Rocard reviens! » et lâche tout sourire à qui veut bien l’entendre que « si l’Action Française revient, pourquoi pas Michel Rocard ! ». Au milieu de ce climat, les volontaires du service d’ordre étaient toutefois présents en nombre. « Il y a une potentialité que les identitaires viennent perturber le rassemblement. Des bruits courent mais on est là surtout compte tenu de leur passif » témoigne un des membres du service.
Un premier pas pour le collectif
« Ce sont plusieurs groupes, relativement jeunes qui se sentent boostés par les scores du FN » dit Hervé Guerrera en tentant d’expliquer ce regain d’activité des identitaires depuis quelques mois. Alors la réponse qu’ils entendent proposer ira au-delà de ce rassemblement. « Nous n’excluons pas de mener plusieurs actions de ce type en rappel de la mémoire. Parce que c’est la mémoire qui permet de préparer l’avenir ». Les prochains rassemblements, s’il y en a, devraient alors se tenir dans des lieux de mémoire comme la place des martyrs de la résistance, où celui-ci était initialement prévu.