L’heure de vérité approche pour Nawa Technologies, basée sur le Technopole de l’Arbois avec une ligne de fabrication sur le site de ST Micro à Rousset. La société a franchi jusqu’à présent sans encombres les principales étapes du développement d’une start-up technologique à contenu industriel. Fondée en 2013 par Pascal Boulanger, précédemment adjoint scientifique au directeur de l’Institut rayonnement matière de Saclay, après avoir été pendant dix ans responsable de projets de recherche au sein du CEA et de projets d’innovation au sein de BPIFrance, Nawa Technologies a su rapidement convaincre des partenaires lors d’une premier tour de table d’amorçage réalisé en 2014.
Le CV de Pascal Boulanger et celui de son associé co-fondateur, Ludovic Eveillard, directeur général délégué, qui passé vingt années dans le milieu industriel ainsi que le produit en préparation – une batterie rechargeable- avaient de quoi convaincre. 2,5 millions d’euros levés en 2014 auprès de partenaires référents : Demeter Partners, Davaniere, Paca Investissement, Turenne Capital Opus SAS, Conseil Plus Gestion ou encore Kic Inno Energy SE. Autre partenaire séduit : la BPI qui mobilise son dispositif de soutien à l’innovation et apporte 1,5 million d’euros supplémentaires.
Aujourd’hui, « tout le monde cherche une alternative aux batteries au lithium très polluantes » souligne Véronique Gay-Doudet la responsable des ressources support chez Nawa qui insiste aussi pour défendre la stratégie RSE de la société (mixité, diversité, pas de hiérarchie, sécurité…) Avec 4 millions de fonds propres, la société poursuit ses tests et recrute 25 personnes. Fin 2015, elle est invitée à la Cop21, sélectionnée parmi les solutions d’avenir pour le climat. « Nos batteries sont recyclables et la durée de vie est plus longue que celles actuellement sur le marché. » En 2015, Nawa se permet même de reprendre une dizaine de salariés de la société voisine Nexcis. Désormais, une seconde levée de fonds est en préparation. Le business plan prévoit d’atteindre à l’horizon 2021 quelque 50 millions d’euros contre 0 aujourd’hui… Une centaine de personnes devraient cette année-là être intégrée dans l’effectif. Car d’ici trois ans Pascal Boulanger espère bien avoir lancer la production à grande échelle avec un premier site de production en France, a priori en région Paca mais pas forcément à Rousset. « Nous regardons l’ancien site d’Atmel avec la mairie mais c’est extrêmement compliqué » explique le fondateur.
La localisation pourrait dépendre des partenaires qui sont appelés à rejoindre l’aventure en 2017. 10 millions d’euros sont recherchés pour lancer la production industrielle à partir de 2018. La phase de prototypage et de test s’achève à Rousset (dans les ex-locaux de ST Micro, photo ci-dessous) d’ici l’été explique Pascal Boulanger. Il disposera alors des dernières validations obtenues auprès de grands industriels notamment comme EDF Thales ou Socomec et de démonstrateurs réalisés en situation réelle dans différents environnements et usages réels. « Nous recherchons à la fois un partenaire industriel qui va nous aider sur le plan de la fabrication et de la production, et un partenaire financier sur l’aspect plus commercial et développement économique » observe Pascal Boulanger, accompagné par ailleurs par le réseau Entreprendre Provence.
Le marché de Nawa technologies est gigantesque et mondial même si 80% du gâteau se situe en Asie « où il faudra forcément » aller après l’Europe explique-t-il. Les batteries compactes, très rapidement rechargeables de Nawa peuvent s’imposer sur le marché en fort développement de la mobilité durable. À la fois dans les petites transports type chargeurs, navettes, mais aussi dans les marchés automobiles ou de transports urbains. Autre débouché : les réseaux de « smart greed » en pleine recherche de moyens pour stocker de l’électricité et favoriser l’intégration des énergies renouvelables. Tout le secteur spatial et aéronautique s’intéresse aux solutions de recherche et de stockage de l’énergie. Et enfin, forcément, toute l’électronique grand-public à l’instar des smartphones et autres objets connectés.
Selon Pascal Boulanger, seuls deux concurrents sont connus au niveau mondial : « Une société américaine sortie du MIT et une entreprise japonaise incubée au sein du AIST, deux mastodontes de la RD mondiale. » Il considère que Nawa est en capacité de produire la solution la plus compétitive face à ces deux compétiteurs. De quoi motiver les futurs partenaires dont on espère connaître les noms à l’an prochain.
Une technologie de rupture
Nawa (Na pour nano, Wa pour Global warning) Technologies est une spin-off du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives. La société est en capacité de réaliser des batteries à rechargement ultra-rapides au carbone. Un carbone qui pourrait bientôt être uniquement d’origine recyclable sans énergie fossile selon un programme engagé avec l’Ademe. Le secret de Nawa réside dans une technologie de rupture avec un procédé de fabrication basé sur l’exploitation d’un nanomatériau.
Ainsi le produit Nawa™Cap « est une nouvelle génération de batteries au carbone ultra rapides, basée sur le principe des supercondensateurs qui se distingue par son matériau d’électrode à base de nanostructures de carbone alignées, fonctionnalisées ». « En termes d’usage, ces batteries ultra rapides changent l’idée actuelle du stockage d’électricité, lent, sale et limité » souligne Véronique Gay-Doudet. « L’usager peut ainsi stocker 100 fois plus d’énergie que les batteries lithium ou plomb au cours de toute la durée de vie de nos batteries. » Et d’ajouter : « Les batteries carbone ultra-rapides développées par Nawa Technologies, sont particulièrement adaptées aux bus des centres villes qui se rechargent en quelques secondes aux stations d’arrêt et garantissent un haut niveau de service et sans limitation de rotation », souligne la société.
« Nos batteries carbones ultra rapides ont une autonomie de stockage supérieure, ce qui permet d’espacer les phases de recharge à plusieurs arrêts et répond aux besoins de 90% des villes du monde entier. La solution de “biberonnage” avec les batteries ultra rapide au carbone est la plus économique, avec un coût global d’exploitation inférieur de 20% aux solutions diésel et moitié moins chère que la solution batterie lithium. »