Dubaï a son Dragon Mart, Paris, le centre international de commerce de gros France-Asie (Cifa) à Aubervilliers… , en juillet, Marseille aura son International Fashion Center ou Mif 68 de son nom de code. Ces deux chiffres signifient fortune et prospérité pour les entrepreneurs chinois à l’origine du projet.
Marseille, porte de l’Europe et de l’Afrique pour la Chine
Le président du Mif 68, Dingguo Chen, est président de l’association des commerçants chinois de Marseille. Grossiste rue du Tapis-Vert, il cherchait un moyen pour développer son activité et celle de ses confrères : « Le centre-ville rencontre de gros problèmes d’accessibilité aujourd’hui, il fallait trouver un lieu plus adapté à leurs besoins », avoue le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin lors du lancement officiel du projet vendredi 10 février. Pour cet événement, une dizaine de commerçants chinois du quartier de Belsunce ont fait le déplacement mais aussi le consul général de Chine à Marseille, Liying Zhu : « C’est un bel exemple de réussite de la coopération sino-française. Ce projet s’inscrit pleinement dans la politique de nouvelle route de la soie soutenue par notre gouvernement. Marseille nous ouvre les portes de l’Europe mais aussi de l’Afrique », espère-t-il. En juillet prochain, la mairie de Marseille veut accueillir le maire de Shanghaï pour inaugurer le Mif 68 à l’occasion du 30e anniversaire du jumelage entre les deux villes. L’événement lancera seulement la première tranche du marché avec 95 grossistes qui ouvriront leurs portes. Pour l’heure, 65 commerçants ont déjà signé pour s’installer. Ils viennent pour certains de Belsunce, pour la majorité de Chine mais aussi de Paris, de Gênes et de Barcelone. « Nous aurons une portée mondiale », assure Dingguo Chen.
600 emplois directs pour les Marseillais
La deuxième partie sera livrée pour l’été 2018. Elle accueillera cent nouveaux commerçants portant la capacité totale à près de deux cents boutiques. Situé au cœur de la Zac Saint-André, dans les quartiers nord de Marseille, le Mif 68 devrait créer 600 emplois directs : « Une aubaine pour ce quartier », se félicite Dominique Tian, premier adjoint à la mairie de Marseille en charge de l’emploi. « Nous travaillons avec la mission locale et Pôle Emploi en sourçant les meilleurs profils et je suis sûr que les entreprises trouveront leur bonheur parmi les habitants », ajoute-t-il. Mieux, la Ville compte également sur les retombées économiques induites par la venue de clients du monde entier venus faire leur marché : « Il faudra bien qu’il dorment dans nos hôtels, mangent dans nos restaurants, dépensent dans nos boutiques », assure Didier Parakian, l’adjoint à l’économie. Le Mif 68 ambitionne d’attirer des clients de toute l’Europe mais surtout de l’Afrique. « Le positionnement stratégique de Marseille en Méditerranée avec son grand port maritime est un atout formidable pour le commerce », s’enthousiasme le consul général de Chine.
Des conteneurs pour accueillir les grossistes
Installé sur une zone fragilisée par un glissement de terrain au milieu des années 90, le Mif 68 a dû opter pour des solutions innovantes pour sa construction. Ce ne sont pas des bâtiments en béton qui abriteront les boutiques des grossistes mais des conteneurs aménagés. Ils sont en train d’être acheminés directement depuis la Chine par bateaux à destination du port de Marseille-Fos. Le Mif se situant à quelques kilomètres des bassins Est, leur livraison s’en trouve d’autant plus facilitée. « Lors du montage de l’opération, nous avions deux options : creuser très profondément pour les fondations ou miser sur l’ultra-léger », explique Xavier Giocanti, co-fondateur de la société immobilière Résiliance, propriétaire du terrain. Il est présent depuis le début du projet aux côtés des commerçants chinois et de la mairie de Marseille mais s’il insiste : « Il s’agit d’un projet entièrement privé et les premières recettes fiscales seront des bénéfices pour la Ville ». Le promoteur loue les boutiques à hauteur de 1 500 euros par mois pour une boutique composée de six conteneurs aménagés.
Avec un total de 200 entreprises à terme, il s’assure ainsi une belle rente. Mais pour financer le projet, les partenaires du projet ont dû faire appel à deux banques, la Caisse d’épargne Provence-Alpes-Corse et le CM-CIC, pour un montant total de 30 millions d’euros d’investissement. Côté activités des futurs commerçants, la Ville estime qu’une boutique peut réaliser environ un million d’euros de chiffre d’affaires en vitesse de croisière, multiplié par 200, cela représente un prévisionnel total de 200 millions d’euros. Une belle somme qui promet des recettes pour la mairie qui en profitera en percevant les différentes taxes versées par ces entreprises.