Vous avez déclaré ironiquement sur Facebook le 22 avril “je suis ravi que les finances de la ville aillent mieux” pour dénoncer le coût supposé de la venue de Maître Gims et l’absence de transparence de la mairie sur cette question. Les montants facturés ont été vivement critiqués et, au final, personne ne semble avoir les mêmes. Pouvez-vous nous présenter votre point de vue ?
Michel Tonon : Mon point de vue est simple : je crois que la municipalité actuelle a un problème, une difficulté. Elle n’est pas encore mûre pour assumer ses responsabilités. Michel Roux parle d’une autre façon de faire de la culture, ce que je peux concevoir et que je respecte. Mais cette approche a un coût : je reproche à la mairie actuelle de ne pas donner le coût de cette politique culturelle dans la transparence. A un moment donné, maintenant, il faut se comporter en grands garçons et dire les choses telles qu’elles sont. Faire venir un artiste de l’ampleur de Maître Gims, pourquoi pas. [pullquote] On ne conteste pas à la municipalité de faire des choix mais de ne pas dire précisément ce qu’ils coûtent. [/pullquote] Mais il ne faut pas non plus forcément être dans la rétention d’informations. Pour cette venue, on a écarté les coûts de la sécurité, de l’intendance, des frais annexes qui seront aussi à la charge des organisateurs. On ne conteste pas à la municipalité de faire des choix mais de ne pas dire précisément ce qu’ils coûtent. On conteste aussi qu’elle ne dise pas que l’artiste va venir mais que les trois quarts de son intervention seront en fait diffusés à partir de bande-son, et non chantés comme c’est le cas dans un « vrai » concert.
Michel Roux, interrogé par Gomet’ il y a peu, déclarait que la culture est un investissement et non un coût. Pensez-vous que la venue de Maître Gims aura un effet positif pour la ville ?
M. T : La première idée nouvelle de cette nouvelle municipalité, depuis deux ans, c’est de faire venir Maître Gims. Après tout, pourquoi pas : je peux concevoir que la culture est un élément important de la vie locale pour une ville comme la nôtre, qui a besoin d’exister par rapport à d’autres villes plus affirmées sur la scène locale. La municipalité actuelle essaye de se donner une identité culturelle, ce qui est un choix politique et je respecte ce choix, dont je peux percevoir l’objectif. Mais pourquoi ne pas dire la vérité : cette orientation a un coût, assumé, et doit être financée : par quels biais ? A travers telles ou telles économies ? Personne ne dit rien. C’est cette clarté, ce droit à donner l’information à nos concitoyens que je revendique et qui manque cruellement actuellement.
Il y a une sorte de guerre sur Facebook entre Michel Roux (premier adjoint de Salon, vice-président de la Métropole) et vous ces derniers temps. Pourquoi tant de « haine » ?
[pullquote]Je ne suis pas aigri :j’ai été battu sur mes idées[/pullquote] M. T : Il n’y a pas de guerre particulière ou de haine entre nous. Je pose simplement des questions : Michel Roux n’a pas à se sentir agressé. Je suis sur les réseaux sociaux car c’est important aujourd’hui et que je veux être dans une position de totale transparence vis-à-vis de mes concitoyens. C’est un excellent moyen pour donner une information. Pour moi, la seule vraie réponse à ce débat, c’est l’élection municipale : il y a deux ans en arrière nous avons été battus. La prochaine échéance électorale permettra de dire s’ils avaient raison ou pas. Je ne suis pas aigri : j’ai été battu sur mes idées et je préfère ça à être réélu sur un renoncement. De notre part, toutefois, il n’y a pas d’agressivité. Par contre il y a eu beaucoup de violence lors de la campagne précédente allant jusqu’aux tracts diffamatoires sur ma vie privée et/ou ma famille.
Jean-Claude Fabre (élu d’opposition) a dénoncé publiquement le manque de transparence lors des votes des subventions (les élus, pour lui, voteraient sur des enveloppes globales, sans savoir réellement ce qu’elles comportent précisément). Ainsi certains évoquent le fait que l’enveloppe de 90 000 euros pour l’espace Trénet serve en fait à financer la venue de Maître Gims et non l’organisation de manifestations à l’espace Trénet. Le soutenez-vous dans cette idée ?
M.T. Isnard a été élu comme le « chevalier blanc » de la vie locale. Il faut maintenant qu’il le prouve. On en revient à ce que nous évoquions initialement : le problème principal de cette municipalité est qu’elle ne veut pas assumer ses responsabilités. Je pense que Jen-Claude Fabre connaît suffisamment ses dossiers pour que ce qu’il avance soit suffisament étayé. On sait que faire venir un artiste de renom coûte cher. Pourquoi minimiser le prix de sa venue ? Que la municipalité dise concrètement ce que cette venue va coûter (au final, si on cumule le cachet et l’ensemble des frais liés, on est au dessus du montant initial de la subvention allouée à l’espace Charles Trénet de 90 000 euros.
La piscine des Canourgues (quartier de 10 000 habitants environ) est toujours fermée. Or, la chaleur approche et les habitants se plaignent massivement. Cela a déclenché une levée de boucliers au sein de l’opposition qui juge le maire et sa municipalité trop silencieux sur cette question. Partagez-vous leur avis ?
M. T. On explique qu’il s’agit de la responsabilité de l’ancienne municipalité. S’il y avait malfaçon, il y aurait toujours la possibilité d’invoquer la garantie décennale et le problème aurait été réglé sans coût supplémentaire (y compris si l’entreprise concerné a fait faillite).J’ai l’impression d’avoir affaire à des gamins qui ne s’assument pas. Il faut dire clairement les choses : la municipalité actuelle a décidé volontairement de fermer la piscine des Canourgues pour faire des économies et faire venir Maître Gims. Une nouvelle fois, c’est leur attitude : cacher la réalité en ne répondant pas et chercher ensuite à se justifier en reportant la responsabilité sur d’autres.
La suite de notre entretien avec Michel Tonon à lire demain sur Gomet’
Propos recueillis par Nicolas Madelénat di Florio