« Vous êtes un redoutable homme politique. » Ainsi Samia Ghali, sénatrice des Bouches-du-Rhône et maire PS des 15ème et 16ème arrondissements de Marseille, saluait-elle Jean-Claude Gaudin tout fraîchement réélu à la tête de la Métropole, annonçant par la même occasion que son groupe ne présenterait pas de candidats à l’exécutif métropolitain. Les trois élus PS qui s’étaient malgré tout maintenus candidats à des postes de vice-présidents n’allaient pas tarder à expérimenter à leurs dépens l’habileté du maire de Marseille, acquise en 50 ans de carrière. Même s’il n’est pas certain que le maire de Marseille ait maîtrisé complètement le scénario surprise joué au conseil métropolitain ce jeudi 17 mars. Certains y voyant même un début de contestation de son autorité…
Une liste établie de longue date
Si l’on en croit le nouveau président de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence, la liste des candidats à la vice-présidence de l’institution avait été préparée de longue date. Depuis le 4 novembre 2015, précisément : « Pour ceux qui entretiennent l’idée qu’il y aurait eu des conciliabules secrets un peu partout », a déclaré Jean-Claude Gaudin à l’adresse de Stéphane Ravier (FN), qui avait auparavant soupçonné des « tractations d’arrière-boutique », c’est le 4 novembre qu’à l’initiative de la présidente du Conseil départemental, nous nous sommes réunis, sous l’autorité de la présidente, en présence des six présidents d’EPCI, du président de l’Union des maires des Bouches du Rhône et de moi-même. Nous avons évoqué ce que devaient être une organisation et une gouvernance de la métropole, qui à la fois respectent les territoires proportionnellement à leurs populations et arrivent à un équilibre politique. »
Selon Jean-Claude Gaudin, une répartition équilibrée avait donc été trouvée, pour représenter équitablement les six zones géographiques du territoire pesant 1,8 million d’habitants. « A l’inverse de ceux qui veulent tout politiser, ma conviction personnelle est qu’il faut unir et rassembler. Ce jour-là, nous avions convenu qu’il y aurait cette répartition. Et vous allez la retrouver dans la liste. Il n’y a pas de tractations, il y a discussions. Je pense que dans l’intérêt de notre métropole, le fait d’attirer des entreprises mérite que nous soyons soudés, parmi les républicains, parmi les démocrates et ceux qui ne veulent pas caricaturer les choses ».
En théorie donc, trois postes de vice-présidents avaient été réservés à Frédéric Vigouroux, maire PS de Miramas, Loïc Gachon, maire PS de Vitrolles, et Sophie Degionanni, adjointe PS au maire de Martigues. De même Jean-David Ciot, le maire PS du Puy-Ste-Réparade et député, secrétaire fédéral du PS devait intégrer le bureau.
Des candidats imprévus
Mais c’était sans compter sur des candidatures inopinées, déclarées pendant la séance. Loïc Gachon et Frédéric Vigouroux se sont vu ravir leurs sièges par Martine Césari (LR, maire de Saint Estève Janson) et Michel Roux (LR, premier adjoint de Salon de Provence) ; ces candidats LR pouvaient difficilement ne pas l’emporter dans une assemblée qui venait d’élire Jean-Claude Gaudin à 152 voix sur 223 exprimées… Quant à Sophie Degionanni, sa candidature a été annulée par Jean-David Ciot qui déclinait aussi sa propre candidature. « Je souhaitais que l’on puisse dépasser les clivages politiques. Je crois que nous n’y arrivons pas », a déploré ce dernier, amer. Autre personnalité qui regrettera ce jeudi 17 mars 2016 : Robert Assante (conseiller MPM), battu par Henri Pons, maire d’Eyguières, pourtant candidat de dernière minute (lire par ailleurs).
Gaudin et Joissains réconciliés ?
Autre rebondissement, Georges Cristiani, président sans étiquette de l’Union des maires et maire de Mimet, pour qui un siège était également prévu, a eu lui aussi la surprise de voir se déclarer deux autres élus du Pays d’Aix: Philippe Ardhuin, maire de Simiane-Collongue et Michel Boulan, maire de Châteauneuf-le-Rouge. C’est alors Maryse Joissains elle-même qui est intervenue en soutien à ce qu’avait annoncé Jean-Claude Gaudin : au nom du « respect des accords passés », elle a soutenu la candidature de Georges Cristiani, se déclarant chagrinée que des maires de sa communauté d’agglomération s’affrontent entre eux. Pas question pour autant pour la maire d’Aix-en-Provence de renoncer à se battre contre la métropole : « Je continue à être contre la métropole. Je reste dans la guerre quand même », a-t-elle déclaré à la presse.
Les vice-présidents de la Métropole d’Aix Marseille Provence :
1- Martine Vassal, LR, présidente du Conseil départemental des Bouches du Rhône (186 voix) ;
2- Richard Mallié, LR, maire de Bouc-Bel-Air (152 voix) ;
3- Patrick Boré, LR, maire de La Ciotat (158 voix) ;
4- Georges Rosso, PCF, maire du Rove, doyen des conseillers métropolitains. (146 voix) ;
5- Gérard Bramoullé, LR, premier adjoint d’Aix-en-Provence, (136 voix) ;
6- Danielle Milon, LR, maire de Cassis (156 voix) ;
7- Pascal Montecot, LR, maire de Pélissanne ( 42 voix) ;
8- Roland Giberti, LR, maire de Gémenos, 139 voix ;
9- Gérard Gazay, LR, maire d’Aubagne ( 152 voix) ;
10- Eric Le Disses, LR, maire de Marignane (152 voix) ;
11- Martine Césari, LR, maire de Saint Estève Janson. 105 voix ; élue contre Loïc Gachon, PS, maire de Vitrolles, 79 voix)
12- Jean Montagnac, LR, maire de Carry le Rouet, 150 voix
13- Michel Roux, LR, premier adjoint de Salon de Provence, (95 voix), élu contre Frédéric Vigouroux, PS, maire de Miramas, 87 voix
14- Roland Blum, LR, adjoint aux finances à la Ville de Marseille (152 voix) ;
15- Georges Cristiani, sans étiquette, maire de Mimet et président de l’Union des maires des Bouches-du-Rhône (119 voix)- est élu après avoir retiré puis maintenu sa candidature, contre Philippe Ardhuin, LR, maire de Simiane-Collongue 62 voix. (Michel Boulan se retire finalement.)
16- Daniel Gagnon , LR, maire de Cornillon-Confoux, 111 voix, élu contre Lisette Narducci, 61 voix maire des 2e et 3e arrondissements de Marseille
17- Arlette Fructus, adjointe au maire de Marseille, 122 voix
18- Jean-Pierre Serrus, LR, maire de La Roque d’Anthéron, 143 voix
19- Henri Pons, UDI, maire d’Eyguières, conseiller départemental, 118 voix, élu contre Robert Assante, 70 voix
20- Bernard Jacquier, LR, 125 voix, élu contre Luc Talassinos, adjoint EELV à la commune de Gréasque, 60 voix.Les huit membres du bureau :
1-Danièle Garcia, maire d’Auriol ;
2- Eric Diard, maire de Sausset
3- Alexandre Gallese, adjoint à la mairie d’Aix-en-Provence ;
4- Frédéric Collart, conseiller Marseille.
5- Christophe Amalric, maire de La Barben
6- Roland Mouren, maire de Châteauneuf les Martigues ;
7-Martial Alvarez, maire de Port Saint Louis ;
8- Béatrice Aliphat, maire de Saint Mitre Les Remparts
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