A côté des poids lourds historiques comme Orange ou EDF, qui comme tous les grands groupes se dotent d’accélérateurs internes et de dispositifs d’open innovation et recherchent le contact avec des éco-systèmes innovants, c’est trois accélérateurs numériques qui ont rejoint le conseil :
> Denis Liotta (au centre chemise blanche sur notre photo, à côté d’Axelle Lemaire, la secrétaire d’Etat au numérique et les entrepreneurs de Marseille Innovation) fondateur de l’accélérateur Netgangels avec Olivier Mouillet (premier président historique de Provence Business Angel né au sein de Marseille innovation), dans le top ten des Business Angels en France, qui co-accélère ses entreprises depuis deux au sein de l’hôtel technologique qui est devenu l’accélérateur numérique de Marseille innovation.
> Kevin Polizzi fondateur de Jaguar Network , qui porte l’accélérateur dédié au datacenter de la ville intelligente et va se concrétiser dans un bâtiment de 5000 m2 sur le front de mer.
> Eric Barthélémy, fondateur de Viaxoft, ancien de la pépinière qui porte le projet d’Huppyhub avec une dizaine de ses clients nationaux, accélérateur dédié à la transformation numérique du tourisme en cours de lancement.
Deux autres accélérateurs sont également liés à Marseille Innovation : PFactory issu de l’expérience de Provence Business Angels et celui de Kedge qui capitalise l’expérience de la business nursery.
Au fil des années, Marseille Innovation s‘est en effet transformé en accélérateur de croissance, captant et fertilisant des projets d’entreprise et ouvrant des partenariats variés avec des acteurs multiples du territoire. En cinq ans Marseille Innovation a monté et fait obtenir à ses jeunes-pousses 17 millions d’euros de financement public et privé, haut et bas de bilan confondu. L’ensemble des parties prenantes du financement des jeunes-pousses sont en relation avec Marseille Innovation. Les contacts avec les grands fonds et organismes de financement (BPI, Paca Emergences, fonds de développement ou d’amorçage, etc) sont quasi quotidiens.
Innovation sociale, frugal innovation, entreprenariat féminin…
Outre les partenariats financiers, Marseille Innovation, a aussi multiplié les initiatives pour rester au contact des dernières innovations technologiques. L’implantation à Château-Gombert, aux côtés des sciences de l’ingénieur, facilite déjà les transferts de technologies et la relation recherche-labo-entreprise. Mais le volontarisme de l’accélérateur pour adopter des nouvelles filières en forte croissance a permis d’aller plus loin et de renouveler la promesse d’un développement bien dans son temps.
Des projets d’adossement à des grands groupes pour inventer un accélérateur robotique et un accélérateur sur les objets connectés sont en cours (CMA CGM est actionnaire de la start-up Traxens, présente à Technoptic qui commence à déployer sa solution de tracking de conteneur dans le monde, l’objet connecté le plus symbolique de la ville. L’hôtel Technoptic, siège de l’ambition industrielle du centre, monté en partenariat avec Optitec, abrite ces nouveaux projets d’accélérateurs industriels. Marseille Innovation y explore des associations nouvelles avec une diversité d’acteurs qui permettent de tisser des liens prometteurs pour le développement futur du territoire: innovation sociale avec la Yump Académie, frugal innovation (crawler de brevets), design innovation (partenariat avec le Maad et l’Esdac), entreprenariat au féminin avec Provence Pionnières ou encore finance participative avec Pop Finance.
« Le risque majeur, c’est l’immobilisme »
Trois questions à Christian à Christian Rey, directeur général de Marseille Innovation.
Le territoire a obtenu à l’automne dernier le label French Tech. Comment jugez- vous la dynamique mise en place ?Christian Rey : Remarquable, à tout point de vue, et frugale à souhait car on fait mieux qu’avant, avec pour le moment peu de moyens supplémentaires. Mais la frugalité est certainement l’une des pistes d’innovation qui traverse le monde entier aujourd’hui et qu’une ville comme Marseille peut tout fait revendiquer pour accélérer sa mutation et réduire sa fracture sociale et donc bien sur numérique et vice versa. La frugal innovation et le numérique, sont deux pieds sur lesquels Marseille doit avancer pour profiter de ses différences qui peuvent en faire sa force.
Marseille Innovation se développe dans de nombreuses directions. Est-ce qu’il n’y pas un risque d’éparpillement ?
C. R. : Le risque existe toujours quand on avance sur la ligne de crête de l’innovation, celle des projets, mais aussi des dispositifs d’appui comme les nôtres ; le risque majeur c’est l’immobilisme, c’est croire qu’on avance alors qu’on est arrêté, le risque c’est que le temps court prime sur toutes les décisions, y compris celles que peuvent prendre nos financeurs publics, le risque c’est d’être réduit à une case unique bien propre ; Marseille Innovation n’a pas dévié d’un millimètre de sa mission historique d’aider des entrepreneurs à ne pas mourir « bêtement » (85% de survie à 5 ans), et à grossir vite : le chiffre d’affaire cumulé sur 10 ans des entreprises actuelles et passées c’est en gros un milliard d’euros !
Quelles sont vos grandes priorités pour 2015 ?
[pullquote] « Profiter à fond de cette position hybride entre public et privé, technologie et culture, grands et petits. » [/pullquote] C. R. : Toujours les mêmes : accompagner nos entreprises au mieux, leur donner les fondamentaux pour s’organiser, se structurer, grossir ; les mettre en visibilité, ouvrir des portes, financer la croissance , créer un écosystème d’anciens impliqués et qui jouent le rôle de mentors , accélérer l’adossement grands groupes –start-up, accélérateurs, écoles… Mais aussi coller aux mutations du territoire , anticiper « métropole innovation », accompagner l’envie de centralité de cette ville en mutation que le numérique impose, tout en restant ancré sur le technopole au plus près des écoles et des laboratoires sur les projets technologiques. Trouver des modèles économiques toujours plus privés, adossés au territoire dans lequel l’argent est rare mais qui continue à investir dans l’innovation pour l’emploi et à structurer l’ambition ; en bref profiter à fond de cette position hybride entre public et privé, technologie et culture, grands et petits, local et monde dont la Méditerranée.
Reportage réalisé en partenariat avec Marseille Innovation