En clôture du forum ouvert par le président Hollande, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius reliait les échanges marseillais à ceux qui se déroulent simultanément en Allemagne ; le G7 de Berlin ce week-end (sommet des dirigeants des 7 pays les plus riches) et les négociations que mènent à Bonn les représentants de 196 pays en vue d’un accord universel pour enrayer le dérèglement climatique et son cortège de désastres.
Si, en décembre prochain à Paris, le texte préparé est adopté par les 200 nations invitées , ce sera bien ensuite la mission des villes, régions , entreprises et particuliers… En somme de toute la société civile, de mettre en œuvre les dispositions de réduction de la pollution qui dégrade notre unique planète.
Première et dernière
Aussi Laurent Fabius s’engage-t-il à porter fidèlement vers la capitale les engagements et promesses formulés lors de cette Med Cop 21 ? Il mesure ses responsabilités de président de la 21 ème conférence mondiale sur le climat, en soulignant appartenir à la première génération ayant pris pleinement conscience des responsabilités humaines dans la perturbation de l’environnement … Mais aussi la dernière à pouvoir agir afin de corriger et atténuer les dégâts.
Les participants réunis sous le porte-à-faux de la Villa Méditerranée partagent l’espoir d’une possible prospérité, tout en agissant ensemble contre le changement climatique. Leur résolution finale veut même faire de cette approche « un levier de développement économique et de coopération » mutuellement avantageux pour la vingtaine de pays des deux rives. Regrettable à ce propos la faible, voire inexistante présence, des pays de la côte adriatique, comme d’Israël ou de la Turquie. 27 propositions concrètes ont été retenues et 133 bonnes pratiques valorisées , sous 9 enjeux décisifs.
Propositions et bonnes pratiques : quelques exemples
> Zéro déchet à Casablanca (Maroc) > Habitat auto suffisant pour Alexandrie (Égypte).
> Avec Gênes (Italie), Aqaba (Jordanie), Sousse (Tunisie) et Blat (Liban), Nice coordonne l’action MED 3R… Rallonger la durée de vie des produits, réduire et recycler les déchets.
> Cogestion de la forêt abîmée en banlieue de Tunis, avec eco tourisme responsable ; reboisement aussi en Mauritanie.
> Électriciens sans frontières et la ville de Montreuil installent à Beit Sira (Palestine) 88 panneaux solaires pour réguler l’éclairage du trafic routier.
> Réduire l’usage et mieux employer l’eau pour l’agriculture en Jordanie, comme autour de Constantine , en Algérie. > Permettre aux banques de favoriser entreprises locales et développement durable en Turquie. > La totalité des résolutions sur www.medcop21.com
Et les sous ?
Bien sûr, rétorqueront les sceptiques, tout cela coûtera. Et sur les 2800 milliards de dollars investis en 2014 par l’économie privée sur l’ensemble du globe, combien se soucient des effets écologiques ?
Réplique cinglante d’un ancien président mexicain : « Ça coûtera plus cher de ne rien faire que d’agir ! » En effet, avec l’avalanche des catastrophes, inondations, submersions, érosions et disparitions, si l’Humanité n’agit pas vigoureusement, sa propre sécurité, voire sa survie, peuvent être mises en cause. Au fond, il faut désormais rendre palpable et visible le coût de l’inaction et de l’indifférence. Prendre soin de la planète, c’est aussi définir les moyens d’un développement intelligent qui ne porte plus atteinte aux biens communs que sont l’air, l’eau, le sol et les végétaux. Faute de quoi, température et pollution continueront à croître tout autour du bassin le plus vulnérable de notre univers.
Ultime indice, s’il en fallait, de la gravité du moment : même les agences de notation mondiales, celles qui évaluent la qualité de gestion des institutions, prennent désormais en considération la posture des responsables au regard des risques climatiques ! Et le plus gros fonds d’investissement mondial, (un groupe norvégien brassant chaque année mille milliards de dollars) ne mise plus un sou sur les titres “carbonés” ! Le temps serait venu de carboniser le carbone.