La seconde Guerre Mondiale est finie, les camps de concentration ouvrent leurs portes. Eva, née dans l’un de ces camps est recueillie par son oncle et sa tante, tous trois s’installent à Fuveau. Vite, les rumeurs dans la cour d’école vont bon train, les cheveux blonds d’Eva sont-ils le signe d’un père allemand ? Une recherche sur ses origines s’impose, de rencontres en déceptions, d’espoirs en révélations, Eva finira par savoir la vérité, et quelle vérité… En retraçant l’histoire de ces victimes de guerre oubliées, Martine Pilate nous fait également revivre l’ambiance du Fuveau d’antan. Interview.
Pourquoi avoir choisi un tel sujet ?
Martine Pilate : Je m’attache dans tous mes romans à rappeler un petit passage de notre histoire ou des endroits que l’on a tendance à oublier. Il ne faut pas oublier des passages tragiques ou beaux de notre histoire et dans cette guerre de 40 il y a ce mouvement de la rose blanche dont malheureusement on ne parle plus, dont on a perdu la mémoire en grande partie. Ces centres de natalités organisées, ces enfants qui n’ont pas été reconnus victimes de guerre, qui sont nés dans ces centres et que l’on a vraiment laissés pour compte. Je trouvais ça vraiment dommage.Au travers d’un roman on peut faire passer beaucoup de choses, de messages, c’est la raison de cette écriture
L’histoire se déroule à Fuveau, une raison particulière à votre choix ?
[pullquote]Fuveau, un village d’exception qui a accepté tout le monde.[/pullquote]M.P. : Oui et une bonne raison, il se trouve que Fuveau est l’un des rares villages de France où on n’a pas commis de représailles à l’encontre des femmes qui avaient eu des relations avec l’ennemi. A Fuveau, même si elle ne s’est pas beaucoup fait sentir, il y a eu une occupation italienne et allemande. Je pense que c’était aussi rendre hommage à ce village qui a accepté tout le monde, y compris les enfants qui ont pu naître de cette relation, ça méritait d’être signalé.
Dans tous vos romans on retrouve un village de la métropole Aix-Marseille ou du Var, pour quelle raison ?
M.P. : Je crois que quand on ouvre un livre il faut planter le décor. C’est valable pour le lecteur et l’auteur. Il faut situer là où ça se passe, ça n’est pas spécifiquement du roman de terroir mais je crois qu’il est bon d’introduire de suite le lecteur dans le livre et de le situer. En plus, c’est une région qui m’est très chère, ma grand-mère était de la Belle de Mai, à Marseille, sa famille aussi, ma mère est née à La Ciotat, nous habitons le Var, j’ai toujours été bercée par la Provence et par ce Marseille d’antan. C’est une belle région, nous avons la chance de bénéficier de lieux pleins de légendes, de traditions et ça me fait tout à fait plaisir quand je participe aux grands salons nationaux de me considérer comme ambassadrice de notre région marseillaise et de ses environs.
Vous êtes passée aux Editions de La Différence, une maison d’édition parisienne, cela va-t-il changer vos histoires ? Seront-elles toujours implantées dans des villages locaux ?
M.P. : Oui, le prochain sera en Italie mais celui prévu pour 2017, sera dans notre région, avec l’histoire d’un rosiériste. D’ailleurs j’évoquerai le camp des Milles dans le prochain.
Vous déplacez-vous dans les villages que vous évoquez ?
M.P. : Bien sûr, non seulement je me déplace pour voir les lieux mais j’essaye également d’écouter les anciens. Il y a de véritables historiens dans nos petits villages. Dans mon roman La page arrachée qui se passe à Saint-Zacharie, nous avons pris plaisir, avec mon mari, à aller écouter plein d’histoires un après-midi. J’aurais pu faire un roman de terroir mais je voulais apporter autre chose, mettre en valeur un fait de société, faire passer un message.
Références :
Rumeurs dans la cour d’école, Editions Lucien Souny. 2014
La page arrachée, entre intégration et acceptation de l’autre, une histoire ancrée dans le village de Saint Zacharie – Editions de la Différence – 2015
Le fils volé, les difficultés d’une jeune fille mère à laquelle on a “volé” son enfant, une histoire qui se déroule pour partie dans le Marseille d’après guerre – Editions Lucien Souny – 2011