Au rythme où s’enchaînent les événements culturels en ce moment à Marseille, il devient difficile de tout voir pour tout apprécier. Alors faisons un peu de place cette semaine pour un festival plus modeste mais qui a la capacité d’investir la plupart des scènes principales de la cité phocéenne – les théâtres comme Le Gymnase, les Bernardines, le Merlan, La Criée, La Cité, également Montevideo, le Mucem, Maupetit côté galerie… -, avec pour seule ambition « de montrer le travail des artistes de la nouvelle génération venant d’horizons disciplinaires et géographiques multiples », comme l’explique Lou Colombani, directrice de Komm’n’act et du festival Parallèle.
Attention, créations fraîches !
« Komm’n’act a choisi d’accompagner les artistes, de la conception de leur projet jusqu’à la dernière représentation, poursuit-elle, mais si notre attention se porte plus sur les débuts de parcours, c’est pour préserver un espace de recherche quand les contraintes de tout ordre sont pressantes. Car le travail artistique est, en amont, un domaine de laboratoire, avec des expérimentations et des travaux de recherche, et cette partie n’est jamais financée. C’est un travail au long cours mais nous avons la chance d’être entourés de partenaires attentifs à ce qu’on fait. On n’est pas chacun dans sa bulle, le tout s’emboite et fait une politique culturelle ».
Parmi les artistes accompagnés, la compagnie grecque Vasistas (sur la photo durant une répétition), programmée certainement pour la dernière fois par Kommo’n’act car « c’est un collectif qui se déploie très bien et nous allons passer le relais ». Mission réussie alors avec ce collectif féminin et son Apologies 4&5, une pièce d’Efthimis Filippou créée au festival d’Athènes l’an passé et qui a provoqué une forte émotion dans le public grec. Comment réagira le public marseillais ? À découvrir les mardi 24 et jeudi 26 janvier au théâtre des Bernardines.
Autre piste pour festivalier aguerri, vendredi 27 janvier, c’est au tour de Sandra Iché d’ouvrir son chantier Droite/Gauche, à 19h au théâtre de La Cité. Cette artiste chorégraphique, interprète permanente de la compagnie Maguy Marin et prix du Nouveau Talent Danse 2016 de la SACD, a également étudié l’histoire et les sciences politiques. Pas étonnant qu’elle aime questionner les « modalités de fabrication de l’Histoire » ; il sera question de trajectoires familiales et de jeux de traductions avec des personnes migrantes tout juste arrivées en France et la création finale aura lieu en 2018. À 20h30, rendez-vous au théâtre du Gymnase, avec Marion Siéfert pour nous dire ces Deux ou trois choses que je sais de vous. Cette artiste travaille sur les réseaux sociaux et en étudie les pratiques. Comme une extra-terrestre qui débarque sur terre. Et un spectacle chorégraphique où on apprendra à connaître… le public. « C’est la raison pour laquelle, ce soir-là, nous le souhaitons aussi divers que possible », indique Lou Colombani. Enfin, à 21h45, au théâtre des Bernardines, quelques enjambées plus haut, les Pièces courtes 1-9, première mise en scène de Maxime Kurvers, assistant lui-même de Jérôme Bel, ou comment, entre expérience conceptuelle ludique et implication physique énergique, les acteurs font du théâtre de tout.
Encore ? Entre peinture sociale, polar fantastique et conte philosophique, Tiphaine Raffier nous plonge, avec Dans le nom, au cœur du monde paysan contemporain et de ses paradoxes entre technologie et archaïsme (mercredi 25 janvier à La Criée). Au théâtre du Merlan, il sera également question de l’adaptation de l’œuvre culte de Virginie Despentes, King Kong Théorie, par Émilie Charriot. Si le récit par l’auteure de son viol et de son expérience de la prostitution a partagé l’opinion, la mise en scène de la jeune Suissesse semble faire l’unanimité par sa délicatesse et sa sobriété.
Montévidéo, point de ralliement
À cette tournée des scènes, il fallait bien proposer également un lieu de rassemblement. Rendez-vous chez Montevideo – lieu de résidence d’artistes et de création par excellence aujourd’hui en lutte pour préserver l’adresse -, que le public pourra rencontrer et échanger avec les artistes. L’occasion également de découvrir, mercredi 25 janvier, Rue, un solo “pas si solo” de Volmir Cordeiro puisque le jeune chorégraphe performer brésilien « incarne les multiples corps et visages que peut contenir une rue, plus particulièrement autour des poèmes sur la guerre de Bertlod Brecht ».
On peut s’y rendre également, tout au long du festival, pour contempler Thirst, l’installation vidéo de Voldemars Johansons d’une mer en furie, reflet du goût de l’artiste (et du visiteur) « pour l’intensité des images, sa fascination de la nature et des nouvelles perceptions du monde qui nous entoure ».
Et à Lou Colombani de conclure : « Ça se fera donc avec vous, si vous le vouliez bien : d’où que vous veniez, vous serez les bienvenus ! ». Au public, de relever le défi d’être curieux.
PRATIQUE
> Du mardi 24 au dimanche 29 janvier 2017
> Tarifs : selon les lieux, de 25 à 12 € / Pass Festival : 15 € (donne accès au tarif réduit sur l’ensemble des spectacles)
> Réservations (conseillées) et billetterie auprès des lieux partenaires
> Renseignements : www.festivalparallele.com – Tel : 04 91 11 19 33