Sur les bassins Ouest du port de Marseille, les opérateurs de terminaux profitent dʼun retour des grands transporteurs maritimes. Confiant dans lʼavenir, Eurofos ne cesse dʼinvestir en anticipant une forte croissance du trafic.
Lʼopérateur du terminal de la Méditerranée signe une nouvelle année record. En 2017, Eurofos a traité plus de 770 000 conteneurs, soit une progression de 18,2 %. En six ans, lʼentreprise a plus que doublé son activité et ne cesse de conquérir de nouvelles parts de marché. « Depuis la réforme portuaire de 2011, nous avons retrouvé la confiance des clients, des banquiers et les escales à Marseille sont de plus en plus nombreuses », se réjouit Nicolas Gauthier, le directeur général dʼEurofos. Il explique ce renouveau par les grands changements opérés dans les ports français.
Le top 20 des armateurs mondiaux passe par Fos
Avec le transfert de nombreux agents et équipements aux opérateurs privés, les blocages des terminaux sont moins nombreux et les grands armateurs internationaux semblent apprécier. Marseille accueille aujourdʼhui des bateaux du top 20 des armateurs mondiaux qui multiplient les escales chez Eurofos. La grande majorité de ses clients sont aujourdʼhui réunis au sein de deux grandes alliances : Ocean Alliance (Cosco, CMA CGM, OOCL et Evergreen) et The Alliance (Hapag Lloyd, One et Yang Ming). Lʼopérateur compte parmi ses actionnaires les plus grands noms du maritime avec un capital détenu moitié-moitié par DP , le troisième exploitant portuaire mondial basé à Dubaï, et Terminal Link (51% CMA CGM et 49 % China Merchants). Et si la troisième grande alliance, 2M qui réunit le danois Maersk et lʼitalien MSC, ne passe pas chez Eurofos, elle va chez son concurrent Seayard qui exploite le terminal Nord 2XL juste à côté. « La structuration de ces grands alliances nous a plutôt réussi. Dorénavant, Marseille recommence à prendre des parts de marché sur ses gros concurrents du Nord, Rotterdam et Anvers », affirme Nicolas Gauthier.
Un nouvel atelier de maintenance des cavaliers à 10 millions
Si les manutentionnaires ont réussi à améliorer leurs services, cʼest aussi grâce à la modernisation des équipements entamée depuis plus de cinq ans par Eurofos. Depuis 2011, lʼentreprise a investi 150 millions dʼeuros sur son terminal avec des opérations symboliques comme la livraison lʼété dernier dernier des deux plus grands portiques à conteneurs du monde. Elle a également mis en service en mai dernier quinze cavaliers tout neufs pour remplacer les anciens. Lʼeffort financier va se poursuivre en 2018 car Eurofos a déjà programmé lʼachat de huit cavaliers supplémentaires pour un montant de 6 millions dʼeuros. Aujourdʼhui, 42 cavaliers sont installés sur le terminal de la Méditerranée, chiffre qui devrait approcher la cinquantaine fin 2018.
Un autre grand chantier est également en train de se terminer chez Eurofos. La société va bientôt mettre en service son nouvel atelier de maintenance pour cavaliers. Ce bâtiment géant de plusieurs dizaines de mètres de haut et de 5 300 mètres carrés de superficie va considérablement améliorer le fonctionnement des équipements de lʼopérateur. Cet investissement aura nécessité encore une dépense de 10 millions dʼeuros supplémentaires. Enfin, autre grande échéance, le démarrage des travaux de la rotule, ce trou de 300 m de linéaire de quai entre le terminal dʼEurofos et de Seayard. En tout, les deux opérateurs se sont associés à ce chantier en apportant 70 millions dʼeuros pour lʼaménager. Le GPMM doit lancer les opérations au printemps prochain pour une livraison début 2020. Ces linéaires de quais supplémentaires vont permettre à Eurofos de gagner encore en rapidité. La dernière question qui intéresse le plus les opérateurs de terminaux, cʼest la liaison aux réseaux de transports routiers, ferroviaires et fluviaux.
Des aménagements routiers très attendus
« Chaque jour, on reçoit 2 000 camions de conteneurs et ce sont plus de 4 000 véhicules au total qui circulent sur notre terminal alors nous attendons des infrastructures routières digne dʼun port de premier plan comme Marseille », réclame Nicolas Gauthier. Il fait notamment allusion à la route départementale 13 entre le rond-point de la Fossette et les terminaux en piteux état et dont lʼélargissement se fait attendre. « On veut passer rapidement à 2 X 2 voies pour améliorer la fluidité et la sécurité de la circulation des camions. Malheureusement, avec la loi Notre, on ne sait plus qui a la compétence pour aménager et financer ce chantier. Il faut pourtant régler le problème », insiste le directeur dʼEurofos.
Même chose pour la liaison autoroutière Fos-Salon, un itinéraire à 2X2 voies qui doit relier la zone industrialo-portuaire à lʼA54. Ce projet estimé à plus de 300 millions dʼeuros date de 40 ans avec la première déclaration dʼutilité publique signée en 1976… Aux dernières nouvelles, la concertation continuer de sʼéterniser sur cette route avec une saisine prévu de la commission nationale du débat public dans les mois prochains et certainement pas de décision concrète avant 2020.
Le ferroviaire pourrait lui devenir un moyen complémentaire de desservir lʼhinterland pour les opérateurs. Une étude a été réalisée par le port sur la réalisation dʼun faisceau unique de 1,5 km vers les deux terminaux à conteneurs et le financement du projet pourrait bientôt être voté. Concernant le fluvial, « le trafic nʼest toujours pas très porteur », avoue Nicolas Gauthier. Lʼan dernier, Eurofos nʼa déchargé que 51 000 conteneurs sur des barges qui peinent à convaincre les clients. « Il faudrait peut-être une offre plus lisible avec un cadencement quotidien des liaisons », avance le patron dʼEurofos. Le Port de Marseille-Fos espère réussir à exploiter ce superbe atout quʼest le Rhône qui dispose dʼénormément dʼespaces et nécessite donc très peu dʼinvestissement.
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