C’est en la cathédrale Saint-Saveur à Aix-en-Provence que la cérémonie d’adieu à Frédéric Chevalier a eu lieu ce mercredi 26 juillet, en présence de nombreuses personnalités. Un vibrant hommage rendu à celui que tous qualifient « d’homme exceptionnel ».
Il n’est pas encore 14h30 et, déjà, devant l’imposante cathédrale Saint-Sauveur à Aix-en-Provence, il y a foule. Près des gerbes de fleurs posées sur le sol, la table sur laquelle les deux cahiers de condoléances se remplissent à mesure que les proches, les amis, les connaissances arrivent. Nombreux sont ceux qui ont fait le déplacement pour faire leurs derniers adieux à Frédéric Chevalier, décédé des suites d’un accident de moto, vendredi 21 juillet ; parmi lesquelles de nombreuses personnalités, à l’image de Maryse Joissains, le maire de la ville d’Aix-en-Provence, Martine Vassal, présidente du Conseil départemental, Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire de Marseille, Jean-Luc Chauvin, président de la CCIMP, Marc Pietri, p-dg de Constructa, Rodolphe Saadé, p-dg de la CMA-CGM, Stéphane Soto, directeur général d’Aix-Marseille French Tech… Et tant d’autres ont souhaité rendre un dernier hommage au mari, au père, à l’ami, à l’entrepreneur, à « l’homme exceptionnel » qu’était Frédéric Chevalier.
Un père « grandiose, génial, un peu barjot aussi… »
« Fred » comme tout le monde l’appelle était simple et talentueux. Il avait soif de sens, de bonheur. Poussé par une curiosité insatiable, il a donné à tous ceux qui ont croisé sa route un peu de sa folie contagieuse, et avec elle cette envie d’y croire irrémédiablement. À son épouse, Pascale, il a donné cette force qui va l’aider à continuer sans lui. « Je la prend, elle est immense, elle va me guider ». Elle qui l’aime pour ses défis, ses colères et sa douceur innée, pour ses doutes, ses paradoxes et sa complexité, l’aime « par-dessus tout pour l’homme libre que tu étais. Ton heure est venue, je le redoutais. Tu es mort dans ton intensité ». Un hommage bref, lui aussi, empreint d’intensité, lu dans une grande dignité, tout comme l’attitude de leurs trois enfants.
Pour Manon, Julia et Mathias, Frédéric Chevalier restera à jamais leur « papounet », ce père « grandiose, génial, un peu barjot aussi, cet homme simple, solaire, charismatique », « un père qui se démène pour nous faire découvrir le monde » et « un repère dans la vie ». Ses enfants aspirent à le rendre « fier », en restant « simples, honnêtes, sans se soucier du regard des autres », mais aussi et surtout en « cassant les codes », comme leur père a su si bien le faire. Ils comptent bien marcher dans ses pas, suivant cette célèbre phrase de Saint-Exupéry : « Fais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité ». C’est ce qui qualifie le plus fidèlement la vie de Frédéric Chevalier, et sa fille, en citant le Petit Prince, ne s’y est pas trompée. Avec thecamp, c’est ce rêve un peu fou qui est devenu réel, « un bel héritage » mais au-delà « un double de lui ». Un lieu de vie, de création, un lieu où l’on peut repousser les limites, où l’on peut casser les codes, le leit-motiv de cette cérémonie. Un site à son image.
« Tu voulais réinventer le monde »
Difficile de parler de Frédéric Chevalier au passé, tant il a profondément marqué l’existence de nombreuses personnes, qu’on l’ait croisé une fois ou côtoyé depuis plus de vingt ans. Alors pas question de « sortir les violons, va à l’essentiel », lâche Richard Caillat. « C’est ce qu’il dirait, mais c’est difficile », poursuit-il, des sanglots dans la voix. Douloureux de voir partir brutalement son si cher ami qui l’a tant inspiré toutes ses années. Qui l’a même fasciné. Et c’est à lui directement qu’il s’est adressé : « Tu voulais réinventer le monde, repousser les limites, tu disais, il faut casser les codes, la première fois que je t’ai vu tu as parlé, parlé, parlé… je me suis dit put** il est chaud Chevalier », raconte-t-il, laissant sécher quelques instants les larmes, pour des sourires, même des rires.
Il égrène à sa manière l’épisode de l’entrée en Bourse de HighCo en 1996, dont Frédéric Chevalier était l’ex-président fondateur. « On était sur la colline à Aix, il nous a dit, on va rentrer en Bourse, comme ça ! La première PME française à entrer en Bourse ». Il l’a fait. La première fois qu’il a évoqué thecamp, « on s’est dit, il est fou, c’est reparti ». Et pourtant… , il l’a fait ! et ça « sans jamais se prendre au sérieux. Salut l’artiste ».
« Aujourd’hui, je te pleure comme un frère »
Un artiste de talent à qui il est si difficile de dire au-revoir et qui a très vite compris que les chemins conventionnels et balisés ne seraient pas pour lui. Il disait que le « futur est imprévisible. Fred ne rêvait pas comme les autres, il était le scénariste et l’acteur de son rêve. Il l’a incarné et nous a embarqué avec lui », confient à leur tour François Creton et Lionel Minassian de thecamp. « Il a fait de son rêve une œuvre collective. Il disait sans cesse thecamp sera ce que vous en ferez, mais il aurait ajouté prenez soin les uns des autres ». Impatient de nature, homme pressé, avec thecamp, Frédéric Chevalier a appris la patience et laisse derrière lui « un chef-d’œuvre », a exprimé Jacques Pfister. « Tu ne le verras pas aboutir, c’est trop cruel, mais il nous accompagne tous ».
Vingt ans que les deux hommes se connaissaient, depuis qu’il a tenté de débaucher Frédéric Chevalier pour intégrer le conseil d’administration de Kedge Business School. Ils étaient voisins à l’époque, lui à la tête d’Orangina, Frédéric patron de HighCo. « Il a illuminé ces conseils d’administration », reprend l’ancien président de la CCIMP, plein « d’admiration » pour Frédéric Chevalier. Plus que de l’amitié, il l’aimait comme un frère et « aujourd’hui je te pleure comme un frère ».
La plus belle œuvre de sa vie…
Frédéric Chevalier laissera le souvenir d’un homme d’exception au parcours remarquable. Avec thecamp, il marque sa vie d’une œuvre magistrale qu’il imaginait rayonner à l’international. C’est ce qu’aujourd’hui va s’employer à mener la relève, restant fidèle aux convictions et aux valeurs d’un homme qui a su leur montrer la voie. Visionnaire, sans nul doute, il restait un homme de cœur avant tout. Au centre de ses préoccupations, sa famille. Qu’importe les idées, les projets et les succès, c’est elle qui reste sa plus belle réussite. La véritable œuvre de sa vie. Sa plus grande fierté…
Si tous étaient là pour Frédéric Chevalier, ils n’ont pas non plus oublié la jeune Alexia, victime de l’accident elle-aussi et qui a succombé à ses blessures. Pour elle et sa famille, le prêtre a dit quelques mots, avant les ultimes adieux.
Les hommages à Frédéric Chevalier
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