Son nom ne vous dit peut-être rien. Et pourtant… C’est l’une des plus vieilles bijouteries marseillaises. Fluor Mandine, c’est une histoire de famille qui dure depuis… 1892. C’est au premier étage d’un immeuble cossu du cours Belsunce à Marseille que tout commence. Un fameux 8 juin de cette même année, « F. Clarency et Cie » se lance dans une activité de commissaire en bijouterie, spécialisée dans l’or. Le début d’une très longue et belle aventure qui traverse six générations et marquée par différents changements.
Le premier s’opère en 1935, avec l’arrivée de Raoul Mandine, la troisième génération. Un premier virage car l’activité s’oriente vers la création. Formé aux Beaux-Arts à Paris, l’artiste-peintre vient apporter sa griffe à la confection des bijoux. Le succès est immédiat. Ses collections s’arrachent et les bijoux ornent les cous et les poignées de la France entière. A cette époque-là, les représentants de la marque couvrent tout l’Hexagone avec plus de 1200 clients. Un tournant créatif dans l’histoire de famille qui permet à la société de se développer jusqu’en 1977.
Nouvelle date clé, avec l’arrivée de Daniel Berard, le petit-fils. Son audace fait mouche. Il crée son propre outil de production afin de maîtriser l’ensemble de la chaîne de production, de la création à la distribution. « L’atelier comptait cinq personnes mais s’est très vite étoffé pour atteindre 35 personnes dans les années 1990 avec la commercialisation d’une centrale d’achat », raconte Anthony Berard (photo), actuel gérant de Mandine et sixième génération. Aujourd’hui, les locaux se situent rue Montgrand, et le gérant reste fidèle à la devise familiale « nous regardons devant ».
Chaque création doit raconter une histoire
Dans cette perspective, lui a décidé de jouer la carte de la diversification. En 1998, il crée une nouvelle société de bijoux argent. C’est à Bangkok, en Thaïlande, « réputée pour son savoir-faire et la qualité de sa main-d’œuvre », qu’il décidé d’implanter son usine de fabrication qui compte aujourd’hui 280 collaborateurs. C’est une partie de la chaîne de production, l’autre étant basée à Brignoles. De la conception à la diffusion en passant par le design, créer, fabriquer et vendre, Mandine maîtrise toute la chaîne de valeur, sans sourcing extérieur, si ce n’est des éléments comme les fermoirs pour bracelets ou colliers, par exemple. Mais la marque se distingue surtout pour son savoir-faire unique grâce à la mise en forme de matière naturelle. La base de leurs bijoux précieux, le nacre, le bois et les pierres dures telles que l’agate, le lapis, le quartz, le jade… « Par exemple, nous achetons la matière naturelle brute directement aux pêcheurs locaux pour ce qui concerne les coquillages, pour en extraire les meilleurs strates de nacre, brillantes, irisées… ce qui requiert un savoir faire unique dans la mise en forme, la sculpture des pierres et des matières, et également les techniques les plus pointues pour que le montage et le sertissage soit au service d’un design épuré et moderne ». Un alliage des techniques de productions traditionnelles acquises depuis six générations couplés à des techniques innovantes actuelles.
En plus de cette alliance, chaque création est minutieusement réfléchie car elle doit avant tout raconter une histoire : « Nos orientations stylistiques sont souvent puisées d’élément naturel, de végétaux, de mollusques marins. Les parures coquillages représentent une perle dans son écrin naturel sculpté dans le nacre. La parure Ginkgo, symbolise le « toi et moi » en nacre grise et diamant, représentant la feuille d’une essence d’arbres les plus anciennes, le Ginkgo biloba, répertorié depuis l’apparition des dinosaures ». Puis il y a aussi un précieux « Kdo » à offrir, un poème, une preuve d’amour, une nature enchanteresse en nacre et saphir rose pour une « parure bouquet ».
Les pays asiatiques déjà conquis
Des créations qui séduisent déjà les pays asiatiques : les Chinois, les Coréens et les Taiwainais adorent la marque et se l’approprient. Depuis 2015, Anthony Bérard qui a repris la destinée de la société familiale, perpétue la place, le savoir-faire et les connaissances acquises au fil des 124 dernières années pour faire évoluer l’entreprise à l’international. Dans cette conquête, le public japonais reste une cible privilégiée mais plus difficile à appréhender. « Nous sommes allés au Japon l’année dernière à l’occasion d’un salon international. Là-bas nous avons eu quelques touches et c’est pour prolonger ce travail que nous avons accepté de partir pour la Mission Japon. Nous avons compris qu’il y a une autre façon d’approcher les Japonais, ils ont besoin de plus d’accompagnement, par exemple, donc nous allons prospecter de manière différente avec d’autres arguments ».
L’objectif est de rencontrer des agents commerciaux, des importateurs, des distributeurs ou encore des bureaux d’achats sur la bijouterie. « Nous attendons de cette mission des contacts plus qualitatifs ». D’autant que 2017, en plus des collections dites « no-name » à destination des bijouteries de renom, Mandine se dirige vers le lancement de sa propre marque de bijouterie premium. Un lancement prévu symboliquement, il l’espère, le… 8 juin 2017.
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Reportage réalisé en partenariat avec la Ville de Marseille.