Après bientôt dix ans d’existence, le réseau Envirobat Bâtiments durables méditerranéens (BDM) intéresse de plus en plus de professionnels avec, notamment ,sa démarche de labellisation participative. « Nous recevons des sollicitations de tout le pays pour dupliquer l’initiative sur les autres régions », s’enthousiasme Florence Rosa, la présidente d’Envirobat-BDM. Et les premières à se concrétiser devraient être l’Ile-de-France et l’Occitanie. L’Ademe finance une étude à hauteur de 80 000 euros, soutenue par les conseils régionaux de Paca, d’Île-de-France et d’Occitanie (15 000 euros chacun), pour la création d’un réseau bâtiments durables au niveau national. La région parisienne et Toulouse vont, dès cette année, créer leur association bâtiments durables, en s’inspirant de la démarche née il y a près de dix ans à Marseille.
Les frondeurs méditerranéens ont créé leur propre label
Au début des années 2000, les premières normes environnementales dans le bâtiment émergent en France : Bâtiment Basse Consommation (BBC), Haute Qualité Environnementale (HQE)… « Mais à Marseille, les professionnels n’étaient pas d’accord pour généraliser ces critères. La partie dédiée au confort d’été a été complètement oubliée, les forçant ainsi à se tenir à des contraintes inadaptées au climat méditerranéen », raconte Florence Rosa. Le réseau Envirobat est né de cette fronde des spécialistes locaux qui ont continué à défendre les particularités de la construction au niveau régionale. En 2008, le réseau fait émerger le Prides Bâtiments durables méditerranéens avec une démarche de labellisation adaptée aux réalités locales. « Mais notre label a mis du temps à s’imposer. Au départ, les candidats qui n’étaient pas retenus voyaient ce refus comme une sanction inacceptable. Nous avons réussi à nous imposer en passant d’un rôle de juge à celui de conseiller. Il s’agit moins de sanctionner positivement ou négativement les projets », explique la présidente.
Déjà 70 bâtiment labellisés BDM or
Les commissions BDM se réunissent chaque mois et reçoivent environ huit dossiers par session. Ils sont évalués par un jury interprofessionnel qui leur octroie, ou non, l’une des autres reconnaissance du label : Cap BDM (la plus faible), BDM bronze, BDM argent et enfin la plus haute, BDM or. Et si un projet n’est pas accepté lorsqu’il passe devant le jury pendant sa phase de conception, il est amené à revoir sa copie pour la prochaine fois car il se représente lors de la réalisation des travaux et à la fin du chantier, en fonctionnement avec les usagers. « Pour obtenir l’or, il faut notamment utiliser beaucoup de matériaux biosourcés, ce qui fait travailler les filières courtes », explique Jean-Pascal Schaefer, le directeur d’Envirobat-BDM. Sur près de 250 projets présentés en commissions, seuls 70 ont décroché la médaille d’or, près d’un tiers se trouvant dans les Bouches-du-Rhône. La démarche intéresse de plus en plus de promoteurs privés et de bailleurs sociaux, ainsi que les collectivités territoriales et les opérateurs publics. Depuis 2011, le réseau a obtenu que les 800 millions d’euros prévus pour les lycées de la région soit conditionnés à l’obtention du label. Enfin, l’établissement public Euroméditerranée a signé en septembre dernier pour que l’ensemble de ses bâtiments locatifs suivent la démarche.
Aquitaine et Pays de Loire veulent aussi leur BDM
Les commissions sont ouvertes au public et de plus en plus de curieux viennent y assister : « C’est aussi un lieu de rencontre pour les professionnels qui échangent leurs bonnes pratiques et font du business ensemble », décrit-il. C’est cette émulation économique, associé au côté participatif, qui séduit les régions Ile-de-France et Occitanie. Dans chaque région, le projet de réseau est porté par un cluster local, l’Ademe et le conseil régional. D’autres territoires comme Nouvelle Aquitaine et Pays de la Loire ont également pris contact avec l’équipe provençale d’Envirobat-BDM pour dupliquer la démarche sur leur sol. Le label né à Marseille pourrait bien devenir le prochain standard qui donnera naissance à une spécificité du bâtiment durable à la française.
Après les bâtiments, Envirobat lance les Quartiers durables méditerranéens
Pour aller plus loin que le seul édifice, la démarche BDM lance un nouveau label au niveau urbain : les Quartiers durables méditerranéens (QDM). Cette approche suit la tendance des nouvelles évaluations environnementales existantes sur des quartiers, avec des critères adaptées aux spécificités méditerranéennes. La première commission QDM se réunit le jeudi 26 janvier à Avignon à l’occasion de la Zac Bel-Air sur le quartier de la Courtine. Autre candidat déclaré, le quartier Chalucet, sur le site de l’ancien hôpital du même nom à Toulon, va également participer à la première commission. À Marseille, Envirobat s’est rapproché de Laure-Agnès Caradec, l’adjointe à l’urbanisme de la ville de Marseille, pour intégrer la Zac Saint-Charles et pourquoi pas Euromed 2.