Contrairement aux idées reçues, l’alternance dans les formations post-bac est en plein développement. C’est le message que porte Formasup, un organisme créé il y a 25 ans par les universités de la région et l’Union patronale régionale. Son objectif : créer un centre de formation pour apprentis (CFA) inter-universitaire et développer l’offre de formation universitaire en alternance.
« Formasup gère le CFA Epure Méditerranée, qui porte l’offre de formation en apprentissage des quatre universités : AMU, Nice Sophia-Antipolis, Toulon et Avignon, explique Yvon Grosso, le président de Formasup. L’apprentissage à l’université concerne des diplômes nationaux, du DUT au Master 2 en passant par la licence professionnelle. » Le nombre d’alternants augmente tous les ans d’environ 5% jusqu’à atteindre en 2017 l’effectif de 2500 apprentis. Entre 2007 et 2016, le nombre de formations en apprentissage inscrites à la carte du CFA Epure Méditerranée est également passé de 57 à 81. La rentrée prochaine, sept nouveaux parcours seront au programme du CFA.
Un atout pour l’étudiant, des avantages pour l’entreprise
Le principe pédagogique consiste à combiner des périodes d’enseignement théorique (à l’université) et pratique (en entreprise). « Les périodes d’alternance peuvent être courtes, quelques jours ou longues, quelques mois, précise Yvon Grosso. Cela permet de puiser soit dans un bassin d’emplois local ou régional. » Dans son entreprise d’accueil, l’étudiant est salarié et bénéficie des mêmes droits et obligations que les autres. En parallèle, il étudie, passe ses examens et a accès aux avantages du statut étudiant. Enfin, il bénéficie tout au long de son contrat d’un double accompagnement universitaire et professionnel.
L’alternance bénéficie également aux entreprises partenaires : « Les diplômes sont construits en fonction des besoins des entreprises, indique Alexandre Caminada, directeur de Polytech Sophia-Antipolis. Les étudiants sont opérationnels dès l’obtention de leur diplôme et ont déjà assimilé les codes de la structure. Cela favorise une intégration très rapide. » 64% des apprentis diplômés sont d’ailleurs engagés dans la vie active six mois après l’obtention de leur diplôme. A 18 mois, environ 75 % des apprentis sont insérés et à 30 mois, le chiffre s’élève à plus de 80 %.
Une mission d’ascenseur social
Hedi, 20 ans, ne connaissait pas, avant l’obtention de son baccalauréat, l’existence de telles formations en apprentissage dans un contexte universitaire. « Je viens de terminer ma licence professionnelle en Réseaux et télécommunications et je poursuis en Master, toujours en alternance. Je ne me doutais pas qu’on puisse aller si loin. Cela me permet, sitôt mon M2 en poche, de présenter un CV avec trois ans d’expérience professionnelle. »
L’alternance est également souvent un moyen pour les bacheliers de poursuivre des études universitaires, jusqu’à un Bac+5. « 70% de nos apprentis sont boursiers au dernier échelon, indique Sophie Lengrand-Jacoulet, directrice de l’IUT Aix-Marseille. Nous avons une mission d’ascenseur social. » Formasup, qui gère un budget de 14 millions d’euros, dont 11 provenant de la taxe d’apprentissage et trois du Conseil régional, a pour objectif de doubler, dans les cinq années à venir, le nombre d’apprentis. Epure Méditerranée propose ainsi un plan d’ouverture de 50 formations sur les cinq ans à venir (10 par an), ce qui représente 1000 places d’apprentis supplémentaires.
Le CFA planche sur des propositions pour la réforme de l’apprentissage
La journée du 12 octobre a été également marquée l’ouverture de la concertation nationale sur la réforme de l’éducation et de l’apprentissage, réunissant les partenaires sociaux du secteur. L’occasion pour le CFA de se faire entendre. Parmi les propositions envisagées, la simplification administrative du montage des dossiers, notamment grâce à leur digitalisation, qui permettrait davantage d’interconnexion entre entreprise et université. Formasup suggère également de mettre en place une période de pré-apprentissage, dès le collège. « L’idée est de faire entrer le mot alternance dans le jargon scolaire, pour le banaliser et fluidifier le parcours de l’alternant de l’infra-bac jusqu’à l’université », explique Yvon Grosso.Lien utile :
Le Campus A, le grand plan de relance de l’apprentissage en Provence-Alpes-Côte-d’Azur