Kem One revient de loin… En 2012, la cession des activités vinyliques d’Arkema à Gary Klesch a bien failli signer l’arrêt de mort de l’entreprise. L’Américain, peu scrupuleux et gestionnaire hasardeux, a mené la société au bord de la faillite. Finalement, elle est reprise fin 2013 par l’industriel français, Alain de Krassny, associé au fonds américain Open Gate Capital. Le nouveau propriétaire se retrouve à la tête d’un groupe endetté à hauteur de 188 millions d’euros et affichant 102 millions d’euros de pertes. Un vaste chantier de redressement s’impose.
Un investissement technologique de 150 M€ à Lavéra
Premier constat de la nouvelle équipe dirigeante : « Les installations souffrent d’un gros défaut de maintenance et nécessitent des investissements conséquents ». Pour remettre l’entreprise en ordre de marche, Alain de Krassny engage un plan de 250 millions d’euros d’investissements. Si les sept sites du groupe en profitent, c’est l’usine de Lavéra à Martigues qui aura la part du roi avec 150 millions d’euros qui lui sont consacrés. Kem One a lancé d’important travaux pour remplacer les anciennes salles d’électrolyse mercure et diaphragme par la dernière technologie dite « membrane bipolaire ». Les travaux ont démarré en septembre 2015 et la nouvelle installation sera opérationnelle en janvier prochain. Dans quelques jours, l’usine de Lavéra effectuera son arrêt réglementaire et en profitera pour mettre en place les nouveaux équipements. Une opération qui mobilisera en période de pointe jusqu’à 800 personnes. Grâce à la technologie « membrane », l’usine consommera jusqu’à 25 % d’énergie en moins et fabriquera un produit plus pur. « Depuis l’arrivée d’Alain de Krassny, nous avons changé notre stratégie commerciale en privilégiant la recherche de marges aux volumes », explique Jean-Philippe Gendarme, directeur de l’usine Kem One de Fos-sur-Mer. Ainsi, la direction fait la chasse aux charges variables les plus lourdes comme la consommation d’énergie et des matières premières. La modernisation des installations historiques de Fos et de Lavéra apparaît comme le meilleur moyen de réduire ces coûts.
Près de 100 M€ prévus pour Fos dans les cinq ans
Il y a quelques semaines, Alain de Krassny annonçait qu’il allait poursuivre sa politique de modernisation. D’ici 2025, plus de 200 millions d’euros seront investis sur l’ensemble des sites et après Lavéra, ce sera au tour de Fos-sur-Mer de bénéficier de la fameuse technologie « membrane ». « Nous n’avons pas encore de calendrier précis mais ça devrait se faire dans les cinq années à venir », estime Jean-Philippe Gendarme. Et si le site de Fos est plus modeste que celui de Lavéra, l’opération devrait tout de même coûter entre 80 et 100 millions d’euros. Un projet de terminal éthylénier est également à l’étude pour diversifier les sources d’approvisionnements. Les deux usines du pourtour de l’Étang de Berre concentrent la majeure partie des investissements car elles sont en amont de la chaîne de production du PVC, le principal produit vendu par Kem One. Le groupe extrait de la saumure sur son site de Vauvert, dans le Gard, qui est envoyée par pipeline à Lavéra et à Fos qui produisent du chlorure de vinyle monomère (CVM). Cette matière brute est ensuite acheminée dans les usines de la région Rhône-Alpes qui la transforment en PVC.
Kem One détient également une usine à Berre mais elle est exploitée par Lyondell Basell. En plus du CVM, Fos produit de la soude qu’elle vend aux industries de l’aluminium, du papier et aux autres acteurs de la chimie. Pour le PVC, le groupe adresse essentiellement les marchés du bâtiment et de l’automobile. « Notre marché est mature et relativement stable. Il vaut donc mieux chercher à développer les marges plutôt que la croissance », avance Jean-Philippe Gendarme. Résultat de cette stratégie, Kem One stabilise son chiffre d’affaires à 800 millions d’euros en 2016 et affiche pour la première fois depuis cinq ans un résultat net positif.
Quelques chiffres :
• 80 % du chiffre d’affaires à l’étranger et 20 % hors Europe
• 310 salariés à Lavéra et 290 à Fos sur 1300 au total
• 300 sous-traitants travaillent sur Fos et Lavéra
• 2e producteur européen de PVC
• 900 000 tonnes de PVC/an
• 730 000 tonnes de soude/an
• 660 000 tonnes de chlore par an (à 95% consommé par Kem One pour le CVM)