Écrite en 2012 suite à une rupture mal digérée, puis créée l’année suivante, Temps mort, pièce pour trio masculin, revient pour quelques représentations au Quai du rire. L’occasion pour ceux qui ne connaissent pas la pièce de venir la découvrir, et pour Gomet’ de rencontrer son auteur et interprète Jeff Carias.
Gomet’ : Le pitch de Temps mort pour commencer ?
Jeff Carias : Oui. Eric, Simon et Gilles sont trois amis d’enfance qui se retrouvent le jour des obsèques de François, leur meilleur ami. Ils font alors le bilan de leur vie mais surtout le bilan des autres et cela entraîne quelques règlements de comptes verbaux qui mettent en danger l’amitié qui les unit depuis plus de 30 ans.
Vous dites clairement que vous avez écrit cette pièce suite à une rupture sentimentale. En 2007, vous aviez écrit Les Créateurs interprétés par Fabienne Carat, Bruno Gallisa, Florent Peyre et vous-même. Faut-il comprendre qu’on a droit à Jeff Carias auteur au gré des événements de sa vie ?
J.C : C’est un peu Jean-François qui écrit pour Jeff. J’ai commencé ma vie professionnelle dans la publicité. Je dirigeais l’agence Groupe C2 et j’écrivais des slogans pour mes clients qui me disaient souvent : « Ah, c’est très drôle, mais on ne peut pas le faire ». La frontière entre la publicité et la comédie est très mince alors j’ai franchi le pas avec Les Créateurs qui raconte les aventures de deux crétins qui montent une société. Le succès de cette première pièce m’a donné confiance en moi.
Mais depuis 2007, vous avez bien vécu des choses ?
J.C. : En fait, tout-petit, je fabriquais avec mes Legos des caméras et des micros, je savais que je voulais faire de la télé avant 40 ans. Alors quand j’ai su que la chaîne LCM allait se créer à Marseille, j’ai pu rencontrer Philippe Bes. Je l’ai fait rire et il m’a confié Tranches de vie, une émission qui a fait trois saisons et de multiples rediffusions. J’ai créé la boîte de production Broken Arms Company *, nommée ainsi parce qu’on lisait la notice pour faire marcher la caméra… Ma passion tourne autour de l’image, la télé, la publicité… un peu tout ça mais je préfère écrire.
Vous en retenez quelle leçon car l’écriture d’une comédie n’en cache pas moins de la gravité ?
J.C. : Temps mort s’inspire de mon vécu et du vécu d’amis proches. C’est arrivé comme un exercice cathartique. J’ai souvent eu de la chance dans ma vie et quand les emmerdes arrivent tard, on ne sait pas trop les gérer. C’est bien de tomber de temps en temps. Il faut apprendre à tomber et réapprendre à marcher.
Vous êtes très impliqué dans l’action humanitaire. Pourquoi ?
J.C. : Je suis parti en mission humanitaire pendant trois semaines, en 2009, au Bénin. Dans la foulée de cette rupture mal digérée et, de façon égoïste, je voulais faire genre « Regarde de quoi je suis capable pour toi… ». Je suis tombé amoureux de ce petit pays et peu de temps après, l’association avec laquelle j’étais parti a déposé le bilan et j’ai repris le flambeau en créant Les Enfants de Togbota, qui s’occupe de la scolarisation d’enfants mais a aussi d’une ferme solidaire de trois hectares qui fait vivre cent trente personnes. Cette année, on a produit cinq tonnes de riz et de bananes ! Et grâce au Rotary Club de Marseille, on a réhabilité un dispensaire. C’est vraiment quelque chose qui me tient à cœur et je tiens à signaler que tous les dons vont dans leur totalité là-bas. En effet, je prends en charge personnellement les frais de fonctionnement de l’association.
Vous vous produisez sur la scène du Quai du rire jusqu’au 19 novembre, et après ?
J.C. : Je reviendrai en mars 2017, ici même, avec Mina Merad pour qui j’ai écrit Si Dieu veut. C’est l’histoire d’un homme un peu raciste, un peu con, un peu tout dans le genre, qui a un terrible accident et se retrouve au purgatoire face à Dieu qui est une femme et arabe ! Le personnage de Mina Merad explique que Dieu a 1000 visages et qu’elle a choisi celui-ci pour lui et le provoquer.
Pas de temps mort ?
J.C. : J’anime pas mal de conventions d’affaires auxquelles j’apporte ma fantaisie, tout en étant capable d’interviewer un pdg en anglais. Le bouche à oreille a joué et je n’ai plus droit à l’erreur. Mais j’aimerais bien jouer un jour un rôle de tueur dans une série. (sourires)
> Temps mort de Jeff Carias avec Bruno Gallisa, Carlo Casaccia et Jeff Carias dans une mise en scène de Rémy Dupont
> Le Quai du rire les 10, 11, 12, 17, 18, 19 novembre 2016
> Les Enfants de Togbota
(*La Compagnie des bras cassés)