L’aéroport a battu son record avec 56 132 tonnes de fret traités (express et traditionnel) en 2017, quelle stratégie avez-vous mené pour atteindre ce résultat ?
Jean-Marc Boutigny. Au niveau de l’Aéroport Marseille-Provence, notre stratégie c’est d’être le hub cargo de la Méditerranée occidentale. De capter un maximum d’activité fret, express et traditionnel, pour tout le sud de la France. Ça va de Menton à Perpignan. Les « expressistes » et les opérateurs de fret traditionnel utilisent l’aéroport de Marseille, pour tout ce qui est export et import pour tout le grand sud de la France, la France, la Corse, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc et Malte. Notre position centralisée et le fait d’avoir des entreprises compétentes et motivées (DHL, UPS, Fedex, TNT, Chronospot) sur nos infrastructures pour développer leur activité nous donnent des atouts pour rivaliser avec les aéroports comme Barcelone ou Rome avec lesquels nous sommes en concurrence.
Vous conservez ainsi votre première place des aéroports français et de Méditerranée occidentale avec l’activité fret express.
J.-M.B. Effectivement, pour le fret express, en Méditerranée occidentale, nous sommes en premier position devant Barcelone, deuxième et Rome en troisième position. Nous traitons près de 50 000 tonnes par an. Cette activité est principalement assurée par DHL, Chronopost, UPS, TNT et Fedex.
La croissance de l’activité est également due aux investissements réalisés ces dernières années par DHL pour augmenter la capacité de ses infrastructures ?
J.-M. B. Depuis juillet 2017, DHL est devenu le premier le premier opérateur de fret de l’Aéroport Marseille Provence et devrait continuer sur cette croissance puisqu’ils sont spécialisés dans le fret express international. En 2017, DHL a investi 1,4 million d’euros pour aménager leur nouvelle cellule (surface additionnelle de 1400 m2) et pour faire en sorte que tout soit ergonomique et efficace. En 2018, les investissements vont se poursuivre, pour des petits aménagements. L’entreprise va également créer des emplois. 90 à l’heure actuelle, il devrait dépasser les 100 salariés en 2018. Ces embauches concernent le volet administratif principalement (douane et sécurisation du fret). DHL est suivi de près par Chronopost, également présent sur l’aéroport et qui traite ce qui relève du fret express domestique, France et Corse.
Le fret traditionnel a été particulièrement dynamique en 2017. Quelles compagnies vous ont permis d’augmenter la croissance de 9,4% (6100 tonnes traitées) ?
J.-M.B. Air Algérie arrive en première position avec environ 2000 tonnes, et ça concerne le fret pétrolier à destination de Hassi Messaoud, puis à l’import avec des langoustes en provenance de Annaba, des dattes venant de Biskra et on exporte également beaucoup de vaccins pour les poulets, au départ de Marseille pour l’Algérie. Le deuxième opérateur de fret en soute, c’est Air Corsica. Marseille approvisionne toute la Corse en médicaments envoyés de l’Office central de Marseille aux pharmacies et aux hôpitaux corses ; puis en pièces détachées pour le secteur automobile. Le troisième opérateur, c’est Turkish Airlines, puisque la compagnie a un très bon réseau à Istanbul orienté sur l’extrême Orient et l’Afrique. Elle transporte beaucoup de fret dans les soutes de ses avions : à peu près 230 tonnes à l’import-export ont été transportés avec Turkish Airlines.
Quels autres produits transportés ont boosté l’activité fret traditionnel ?
J.-M.B. Le poisson acheminé par RoyalAir Maroc, en provenance de Mauritanie et de Casablanca destinés aux poissonneries de la région Paca. Dans les soutes des avions d’El Al Airlines, sont également transportés de la menthe, des herbes aromatiques (basilique, ciboulette, coriandre, aneth…) en provenance de Tel Aviv. Depuis fin 2017, cette activité se développe beaucoup d’ailleurs.
Vous dites que depuis fin 2017, cette activité se développe, quelle est la raison ?
J.-M.B. Grâce au transitaire Prolog. Il est spécialisé en transport maritime d’herbes aromatiques, de fruits et légumes… Il travaille d’ailleurs beaucoup avec le port de Fos et avec des producteurs et des importateurs vauclusiens notamment. Prolog approvisionne notamment des clients à Rungis, Marseille, au Min de Nice. En constatant que nos services vétérinaires et phytosanitaires étaient efficaces, le transitaire a créé une agence à l’aéroport pour développer le transport de fruits et légumes en avion. Le transport maritime, c’est bien, mais c’est lent et il y a beaucoup d’épiceries fines et de restaurants exigeants qui veulent des produits frais. L’été en Provence, nous avons ce qu’il faut en herbes aromatiques, mais pas l’hiver et donc on les faits venir principalement d’Israël, du Kenya et de Tanzanie.
Justement, en matière de services sanitaires, comment l’Aéroport Marseille-Provence est organisé ?
J.-M.B. Nous avons une structure très efficace sur l’aéroport, c’est aérofrigo. C’est un poste d’inspection frontalier. Les services vétérinaires agréés par l’Union européenne sont habilités à contrôler les poissons, crustacés, poissons d’ornement et les coraux pour les aquariums, vers de pêche pour la pêche sportive… Tous ces produits qui viennent de pays tiers, donc hors UE doivent passer par ce contrôle, avant d’être mis à la consommation. On a vraiment des services sanitaires efficaces mais aussi phytosanitaire, pour le contrôle de toutes les plantes, pour éviter qu’il y ait des parasites qui viennent manger les oliviers ou la lavande provençale. On met vraiment en valeur ces services, indispensables pour le commerce international et les services de l’Etat nous aident bien, car ils sont aussi motivés pour développer l’activité fret avionné de produits périssables (poissons, crustacés, herbes aromatiques, pied de vigne également).
Quels sont les objectifs pour l’année 2018 ?
J.-M.B. C’est consolider notre position de leader en fret express avec nos principaux opérateurs et mettre les moyens à leur disposition pour qu’ils puissent travailler de façon efficace, tout en respectant les mesures environnementales pour être dans une relation gagnant-gagnant. Et l’une des priorités sera d’optimiser les soutes des compagnies aériennes qui se développent à Marseille. Au mois d’octobre, nous avons AirAustral (qui dessert La Réunion) et en juin, Air Canada, le but est de trouver des partenariats pour développer le fret sur ces deux destinations, dans les deux sens, pour contribuer à leur développement fret sur l’aéroport. Nous avons également un projet avec l’Algérie pour développer les importations de dattes, de fruits et légumes de Biskra ou d’Eloued, qui sont des régions agricoles et qui ont besoin de solutions aériennes pour trouver des solutions au niveau européen. On est également attentif à ce qui se passe en Tunisie pour pouvoir contribuer au soutien de l’économie tunisienne pour que le pays puisse sortir de la crise dans laquelle il est actuellement.