La chambre de commerce et dʼindustrie Marseille Provence et Team Henri Fabre veulent multiplier les collaborations entre les grands groupes et les petites entreprises autour de lʼindustrie du futur. Les premiers sont à la recherche de nouvelles technologies que les seconds semblent en mesure de leur apporter.
Le marché industriel sʼest largement mondialisé avec lʼarrivée des pays émergents qui peuvent rivaliser avec les géants européens en proposant des tarifs très attractifs. Pour rester concurrentiels, les grands groupes français doivent miser sur leur savoir-faire et conserver une avance technologique. « Malheureusement, nous sommes de grosses machines parfois inadaptées à la culture de lʼinnovation qui nécessite une certaine agilité. Cʼest pourquoi on doit se tourner vers les start-up pour trouver les solutions dʼavenir », avoue Michel Castellanet, responsable Big Data chez Thales Alenia Space.
Le constat est partagé par lʼensemble des cadres de grands groupes venus rencontrer les PME aux 3e rencontres Business & industrie organisées par la CCIMP et le pôle Team Henri Fabre, le mardi 7 novembre au palais de la Bourse. EDF, Safran, Thales, Airbus Helicopters, Naval Group, le CEA… : une dizaine des grands donneurs dʼordres industriels de la région est venue présenter les problématiques quʼils doivent résoudre en espérant tomber sur la pépite qui lui apportera la solution.
De la coopération à lʼindustrialisation de l’innovation
Les sujets exposés sont nombreux et concernent aussi bien les acteurs de lʼaéronautique, du naval ou de lʼénergie. Par exemple, la fabrication additive, ou technique dʼimpression 3D, offre de nouvelles possibilités pour la production de pièces mécaniques. Les équipes de Henri Fabre ont dʼailleurs lancé un projet associant deux PME locales, Weir Power & Industrial, spécialisée dans la fabrication de sous-ensembles industriels à Saint-Victoret, et la Société de mécanique et robinetterie industrielle (SMRI) à Port-de-Bouc, avec EDF, SNCF, Airbus, la DGA et la CNIM pour développer lʼindustrialisation de la technologie SLM (Selective Laser Melting), ou frittage laser métal en français, cʼest-à-dire lʼimpression 3D métallique grâce à la sélection de poudre inox par laser.
Une étude financée par les partenaires privés à hauteur de 300 000 euros vient dʼêtre publiée : « Cela doit permettre aux donneurs dʼordres dʼindustrialiser ce procédé dans les mois qui viennent », promet Stéphane Magana, le directeur de la Team Henri Fabre. Au total, le pôle a lancé une dizaine de projets où travaillent grands groupes et PME : une peinture qui permet dʼévacuer lʼélectricité de foudre, le développement de nanofilms anti-corrosion, un nouveau revêtement de protection thermique et feu pour matériau composite… Autant de défis à relever pour les grands industriels et dʼopportunités à saisir pour les PME de la région.
Réalité virtuelle, Big data, drones sous-marins…
Une quarantaine de start-up et moyennes entreprises ont répondu présentes à lʼappel de ces rencontres Business & industries. Tout au long de la journée, elles ont eu lʼopportunité de pitcher leurs projets et convaincre les donneurs dʼordres de leur caractère innovant. Basée à Aix-en-Provence, Takoma a, par exemple, présenté ses solutions de formation immersive grâce à la réalité virtuelle : « Ces solutions de réalité virtuelle ou augmentée nous sont très utiles pour les simulations de gestion de crises », sʼenthousiasme Vincent Gabette, directeur de lʼunité de production Méditerranée dʼEDF et président de lʼassociation Team Henri Fabre.
Lʼélectricien sʼintéresse également de près aux drones subaquatiques développés par le Marseillais Cybernetix qui lui permettrait dʼintervenir sur ces centrales hydrauliques sans mises à sec. Enfin, le Big data semble le troisième domaine de compétence le plus recherché par les industriels. O2 Quant, dont le siège social est à Endoume, a ainsi pu faire valoir son savoir-faire en intelligence artificielle et machine learning pour de la prédiction de pannes pour les moteurs dʼavions et dʼhélicoptères ou encore de consommation énergétique.
Le numérique, encore peu étudié chez Henri Fabre, devrait bientôt y trouver une place de choix. Le technocentre de Marignane devrait accueillir prochainement une quatrième plateforme dédiée au digital aux côtés de celle sur la fabrication additive, le revêtement et la caractérisation. « Nous avons déjà lancé des programmes sur le big data avec le pôle SCS et nous avons obtenu une preuve de concept sur un autre projet autour de lʼinternet des objets », annonce Stéphane Magana.