« Une vitrine technologique et l’élément clé de la ville durable en Méditerranée », la présidente d’Euroméditerranée, Laure-Agnès Caradec, se félicite du raccordement de la centrale d’Engie au nouveau quartier marseillais qui se présente comme un écoquartier. La nouvelle usine Thassalia, entrée en service en juillet dernier, dessinée par l’architecte marseillais Roland Carta, utilise l’énergie calorifique de l’eau de mer pompée dans les bassins du port pour produire de l’eau chaude à 60°C et de l’eau froide à 5°C. « De quoi fournir en chaleur et en climatisation 500 000 m² de bureaux et d’habitations de manière plus écologique », affirme Patrick Berardi, directeur de Thassalia. La centrale produit actuellement 70% d’énergie renouvelable grâce à sa technologie et complète avec 25% d’électricité et 5% de gaz. Engie avance une réduction des émissions de CO2 allant jusqu’à 70% et une réduction de de la consommation de 35%. Thassalia est la première usine de géothermie marine installée sur le littoral français métropolitain.
Une énergie moins chère à terme
Pour l’heure, la centrale s’appuie sur un réseau de 1,5 km mais il devrait s’étendre à plus de 3 km d’ici 2020. Elle profite d’un contrat d’occupation de 35 ans pour le terrain du Port et les sous-sols d’Euroméditerranée. « L’installation mettra du temps à être rentable, c’est un pari sur l’avenir à long terme », avance Patrick Berardi. Engie mise sur une augmentation régulière du prix de l’électricité de 4% à 7% par an alors que ses tarifs ne progresseront que de 1,6%. De plus, les clients de Thassalia profiteront d’une TVA réduite à 5,5% sur la fourniture d’eau chaude. « Un argument de poids pour convaincre les entreprises et les nouveaux habitants de s’installer sur Euroméditerranée », estime Laure-Agnès Caradec.
Une extension vers la Belle-de-Mai
Premier client de Thassalia, le promoteur Constructa a signé avec Engie pour alimenter l’immeuble des Docks et les futurs tours La Marseillaise, H99 et Horizon. La centrale de géothermie marine fournit également le Calypso, l’hôtel Golden Tulip et une partie de l’Euromed Center (l’Hermione). D’autres viendront par la suite : le Floréal (Euromed Center), l’ancien siège de la SNCM “Le Castel” (en pleine restructuration) et le futur parc habité d’Arenc porté par Nexity. Visiblement conquise, Laure-Agnès Caradec, souhaiterait étendre encore le terrain de jeu de Thassalia vers le projet « quartier libre » en cours d’aménagement à la Belle-de-Mai.
REPERES :
Les systèmes traditionnels de production de froid utilisés sont généralement très coûteux en énergie électrique et donc peu intéressant d’un point de vue économique. Le processus utilisé par Thassalia est similaire au fonctionnement d’un frigo où un gaz est compressé jusqu’à son état liquide, puis s’évapore dans une chambre d’expansion où il retourne à son état gazeux. C’est au moment de l’évaporation que le gaz refroidit et absorbe la chaleur environnante.
La centrale de géothermie marine Thassalia exploite la différence de température, “le delta T°”, existant entre eau de surface et eau profonde à seulement 7 mètres de profondeur. Les centrales de géothermie marine exploitent généralement l’eau à une plus grande profondeur (0.3 à 1km) pour avoir une température stable et froide tout au long de l’année. Ce procédé aurait été trop coûteux et laborieux sur la zone car de telles profondeurs sont trop éloignées de la centrale. Le challenge scientifique a donc été la conception de machine ( groupes froids et thermo-frigo pompes ) pouvant exploiter un faible delta T°. En production, la centrale nécessite 8 personnes et peut fournir 19 MW de chaud ou froid.
L’écologie :
> Seulement deux traitements au chlore.
> Respect du milieu marin: l’eau rejetée est au maximum à 5°C de différence avec la température de la mer.Les développements possibles :
> Associer du solaire thermique au chauffage d’appoint pour permettre un meilleur rendement et/ou une production d’eau chaude plus importante.
> Utiliser une alimentation électrique provenant d’une centrale solaire photovoltaïque et alimenter ainsi les pompes, groupes froids et thermo-frigo-pompes.Financement :
> Coût total de l’opération : 35 millions d’euros
> Ademe : 3,4 millions d’euros
> Feder : 1,6 millions d’euros
> Région Paca : 1 million d’euros
> Département : 500 000 euros
> Métropole : 250 000 euros
> Ville de Marseille : 250 000 eurosVictor Salvy