« Lorsqu’on construit la ville, on doit s’interroger et se renouveler », a estimé Laure-Agnès Caradec, présidente de l’Agam : tel était précisément le but de la rencontre organisée conjointement par l’Agam (agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise) et l’Aupa (agence d’urbanisme du Pays d’Aix-Durance) au Fonds régional d’art contemporain Paca, mardi 18 octobre 2016, en présence d’Arlette Fructus, vice-présidente de la Métropole AMP en charge de l’habitat. A cette occasion, élus en charge de l’habitat des territoires de la métropole Aix Marseille-Provence et acteurs du sujet étaient invités à partager leurs constats et réflexions autour de deux tables rondes sur l’habitat, composante de l’attractivité du territoire, et sur la diversité des parcours résidentiels.
L’habitat, au cœur de l’attractivité métropolitaine
Comment agir pour renforcer l’attractivité du territoire ? « La question du logement est peu approchée par les définitions de l’attractivité et pourtant la politique de l’habitat est un levier essentiel », a estimé Arlette Fructus, vice-présidente de la métropole en charge de l’habitat. Or le constat, révélé par diverses études, est sans appel : le départ d’une partie des actifs interroge sur la capacité du territoire à retenir ses propres habitants.
La métropole Aix-Marseille-Provence, qui gagnait 13 500 habitants par an entre 1999 et 2008, ne progresse depuis que de 4 500 habitants annuellement. Par ailleurs, l’aspiration à vivre dans une maison individuelle, le désir de nature et d’espace et le manque d’offre adaptée dans les grands pôles urbains ont conduit de nombreux habitants du territoire à s’installer dans des franges urbaines, en périphérie des grandes villes, malgré des trajets absorbant une part conséquente de leur budget et de leur temps.
« Nous devons trouver des réponses pour que les habitants aient un logement à proximité de leur travail, puissent se déplacer avec fluidité et pour rendre le territoire attractif. Pour cela nous devons proposer des solutions d’accueil des salariés des entreprises que nous souhaitons voir s’installer », a poursuivi Arlette Fructus.
Tout en sachant que pour les différents publics (habitation, entreprises ou investisseurs), quelle que soit la motivation (achat ou location d’un bien immobilier), « nous obtenons la même réponse en matière d’attractivité », a souligné Didier Bertrand, président de la FNAIM.
Le premier critère concerne l’image du territoire : en la matière, Aix et Marseille sont les deux locomotives de la région. Viennent ensuite les critères objectifs : prix, transport et coût d’usage. Or « dans certaines zones le prix de l’immobilier est devenu rédhibitoire pour installer des habitants ou des entreprises », constate Didier Bertrand.
Quant au sujet des transports, il devient lui aussi plus qu’épineux. Au point que la génération 2.0, plus connectée et sensible aux enjeux de développement durable, commence à réinvestir les centres-villes pour échapper à ce problème. Le coût d’usage, impliquant un retard dans la réhabilitation de certains immeubles (toitures à refaire, ravalement, habitat dégradé…) est lui aussi parfois prohibitif.
« Si on veut redonner de la vie à nos centres anciens, il faut faire du logement social en centre ville, mais sans installer les gens dans un piège. Nous devons conjuguer du commerce, du transport et de l’aménagement », a proposé Yves Mesnard, représentant du pays d’Aubagne et de l’Etoile.
Comment faciliter les parcours résidentiels
D’où la nécessité de mieux évaluer et accompagner les parcours résidentiels, contrariés par le manque d’adéquation du parc de logements. Si sur le territoire métropolitain près de 10 000 logements sont commencés chaque année, encore faut-il qu’ils correspondent aux besoins des habitants, notamment en prix. Or une étude de l’Aupa révèle une augmentation exponentielle des prix entre 2000 et 2011, sans commune mesure avec celle des revenus des ménages.
Si bien que les politiques de l’habitat doivent répondre à l’enjeu de faciliter l’accession à la propriété. « Sur notre territoire, nous avons engagé un projet d’accession sociale pour les jeunes ménages », a témoigné Jean-Claude Féraud, élu du Pays d’Aix.
Dans d’autres secteurs métropolitains, comme à Martigues et Port-de-Bouc où les logements sociaux représentent respectivement 32% et 47% du parc immobilier, les élus veillent à préserver la mixité et la cohésion sociales : « un travail de proximité a été mis en place avec des conseils de quartiers pour éviter la relégation de certains quartiers et favoriser le vivre-ensemble. Aucun quartier n’est abandonné », selon Françoise Eynaud, représentante du pays de Martigues.
D’où une autre priorité, qui consiste à accompagner les logements intermédiaires, entre logements sociaux et parc privé. « L’offre est insuffisante là où les loyers atteignent des niveaux très élevés sur le marché libre », a souligné Pierre Fournon, directeur territorial Société Nationale Immobilière – SNI Sud Est (filiale de la Caisse des dépôts). Une opération de 700 logements intermédiaires est en préparation à Marseille, près du boulevard Saint Loup. La SNI est présente aussi sur Euroméditerranée, sur l’îlot Mim et bientôt sur l’îlot Allar.
Le PLH métropolitain sera prêt fin 2017
Devant une telle complexité de sujets, « il faut marcher sur nos deux jambes : répondre aux attentes sociales des habitants et accompagner les projets de nos concitoyens », a souligné Arlette Fructus. Avec un calendrier contraint : le programme local de l’habitat (PLH) métropolitain sera prêt fin 2017. D’ici là, la somme des PLH actuels vaut PLH métropolitain transitoire.
« C’est aujourd’hui que l’on crée cette culture commune, cette transversalité. Nous avons beaucoup de chantiers en cours, avec le PLH et les PLUI, il nous faut intégrer l’échelle temps et l’échelle territoriale », a conclu Laure-Agnès Caradec.
Reportage réalisé en partenariat avec l’Agam
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